L’Union européenne perd la première place des exportateurs de blé tendre après une récolte en 2020 en berne, indique FranceAgriMer.
La campagne de 2020 enregistre des productions mondiales records en blé et maïs, « et une seconde meilleure récolte d’orge », a indiqué Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer le 16 septembre 2020 à l’issue du conseil spécialisé des céréales.
Elle est aussi marquée par des conditions de culture difficiles sur une grande partie du territoire européen et dans la zone de la mer Noire (Roumanie, Bulgarie Ukraine), avec une forte sécheresse qui touche aussi le sud du Brésil et l’Argentine. L’Australie connaît en revanche des conditions correctes, et fait, en blé, « un retour important sur le marché avec, comme au Canada, des niveaux de productions élevées », complète-t-il.
La Russie détrône l’Union européenne
La Russie, avec une production record de blé attendue à 81 Mt et un niveau d’exportation à 37,7 Mt, devrait « retrouver sur cette campagne sa place de premier exportateur mondialde blé tendre, rang qui avait été ravi par l’Union européenne (UE) lors de la précédente campagne. »
Les exportations de blé de l’UE, largement touchée par la sécheresse, sont en effet attendus en net retrait à 24 Mt, quand ils étaient records l’année dernière à plus de 36 Mt. « La compétitivité des céréales européennes est aussi desservie par la parité euro/dollar », ajoute le spécialiste.
Il est à noter que les exportations européennes d’orges sont plutôt dynamiques en ce début de campagne, avec 1,5 Mt exportées, dont plus de 50 % d’orges françaises. Cela s’explique par une bonne demande de l’Arabie Saoudite, du Maghreb et la Chine, toujours en conflit avec l’Australie.
La Chine, moteur des achats
La Chine est le moteur de la demande mondiale, aussi bien en alimentation animale qu’en utilisation humaine. « Les utilisations fourragères reviennent au niveau d’avant la crise de la fièvre porcine africaine, sous l’effet d’une reconstitution du cheptel porcin, et un fort développement de la demande des élevages avicoles », explique Marc Zribi. La forte demande chinoise se traduit aussi par des achats importants de blé tendre aux États-Unis.
« Les grands acheteurs restent l’Égypte, l’Indonésie et l’Algérie en blé, l’UE, le Japon et la Corée en maïs, et la Chine, l’Arabie Saoudite et l’Iran en orge », précise-t-il.
Productions françaises en large retrait
Les productions de céréales européennes ont été revues à la baisse au cours de l’été. La France, l’Allemagne, la Roumanie et la Bulgarie sont les plus en retrait, tandis que l’Espagne et les pays baltes s’en sortent bien.
En France, la collecte de blé tendre est en forte baisse (–25 %), à 27,2 Mt, notamment en raison d’une baisse des surfaces, mais la qualité est « bonne, voire très bonne », indique Marion Duval, adjointe au chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer. Elle constate un retrait de l’utilisation de la céréale en Fab, au profit du maïs. La production française de maïs « est à un niveau confortable », à 13,3 Mt, en raison d’une hausse des surfaces, liée aux reports des cultures d’hiver vers celles d’été.
En orge et en blé dur, l’effet Covid s’estompe
« L’orge a bénéficié d’un report des semis d’hiver vers les semis de printemps, ce qui atténue la forte baisse des rendements (–14,1 % sur moyenne quinquennale). » La collecte est revue en baisse de 20 %, à 9,3 Mt. « On s’attend par ailleurs à un retour à la normale en 2020-2021 des utilisations en malterie, secteur très impacté par la crise du Covid », affirme-t-elle.
Le blé dur affiche un bilan tendu, avec une collecte estimée à 1,2 Mt. L’utilisation domestique devrait retrouver un niveau identique à 2018-2019, avant l’impact du Covid. « Les semouliers avaient en effet mis en œuvre beaucoup de blé dur pour répondre aux achats importants des ménages de pâtes en France et dans l’UE », termine Marion Duval.
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