Vous avez raison de souligner que le référendum n’est pas le bon outil pour dialoguer. Mais tel n’est pas le cas de la procédure de référendum d’initiative partagée (RIP). Dans cette procédure, je le rappelle, le référendum n’intervient qu’en dernier recours, si le Parlement n’examine pas la proposition qui lui est soumise. Le RIP est une procédure longue et complexe mais utile.

D’ailleurs, à ce stade, elle n’a même pas franchi la première étape puisque la proposition n’a pas réuni les 185 signatures de parlementaires nécessaires pour permettre de débuter la phase de recueil de soutien des citoyens. Il est donc prématuré à mon avis de parler de référendum. Nous sommes encore dans le temps du dialogue et du débat. C’est bien ce que j’ai voulu initier.

Cette initiative remet-elle en cause l’élevage en France ?

Je ne le pense pas. Et en tout cas, je n’ai pas interprété cette initiative comme une volonté de stigmatiser l’élevage. Il y a un sujet sur l’élevage intensif et certaines pratiques cruelles que nos concitoyens ne supportent plus. Mais nous aurons toujours besoin d’élevage. Les hommes se nourrissent d’animaux depuis des millénaires et l’élevage fait partie de notre mode de vie. Il a façonné nos paysages et constitue une part vitale de l’économie pour les territoires ruraux et de montagne.

Je n’ai pas interprété cette initiative comme une volonté de stigmatiser l’élevage.Joël Giraud, secrétaire d’État à la Ruralité, au sujet du projet de référendum d’initiative partagée pour les animaux.

Alors que vous avez été nommé secrétaire d’État à la Ruralité, maintenez-vous votre soutien à cette initiative à laquelle vous aviez adhéré en tant que député ?

Un membre de gouvernement ne peut pas s’associer à l’initiative d’un RIP pour une raison institutionnelle évidente : l’initiative de cette procédure relève des seuls parlementaires. Ma signature ne figurera donc pas sur la proposition de loi référendaire si elle est déposée.

En quelque sorte, ma nomination au gouvernement a eu pour effet de retirer une signature à la proposition. Sur le fond, je n’ai pas changé d’avis en devenant secrétaire d’État. Mais ces sujets ne relèvent pas de mes attributions ministérielles. Je n’aurai donc pas à prendre position en tant que membre du gouvernement.

Jugez-vous les revendications claires, notamment la sortie de l’élevage intensif d’ici à 2040 ? De quel type d’élevage s’agit-il, selon vous ?

Les revendications de cette proposition me sont apparues assez claires. Il est vrai que leur mise en œuvre nécessiterait des précisions. Mais cela n’est pas anormal. Une loi est toujours complétée par des dispositions réglementaires qui font elles-mêmes l’objet de discussions avec les acteurs concernés. De plus, je le répète, la procédure du RIP est aussi un droit d’alerte et ne débouche pas nécessairement sur un référendum si le sujet est traité entre-temps.

En tant que secrétaire d’État à la ruralité, vous êtes également attendu sur le sujet de la mobilité : que comptez-vous initier ou développer pour mieux desservir les zones rurales ?

Le président de la République et le Premier ministre m’ont confié la coordination interministérielle pour la politique d’accessibilité des territoires ruraux. Il nous faut porter une attention toute particulière au maintien des petites lignes ferroviaires mais aussi aériennes, sans oublier la desserte routière. C’est un combat qui a toujours été le mien. J’ai milité longuement pour le maintien des trains de nuit que le Gouvernement vient de relancer.

Mais il y a encore beaucoup à faire pour les lignes dépendant de l’État (Paris-Clermont-Ferrand, Lyon-Nantes par exemple) soient efficaces au service des territoires et que l’on instaure avec les autorités locales une vraie politique coordonnée du « dernier kilomètre » à l’image des politiques de transports des pays germaniques.

Quelles sont vos priorités et à quelles échéances concernant la couverture mobile et le déploiement de l’internet à haut débit sur tout le territoire ? Autrement dit : quand pensez-vous venir à bout des zones blanches ?

La couverture numérique du territoire est un enjeu d’égalité territoriale. La 4G est en cours de généralisation sur l’ensemble du réseau existant. Elle sera déployée à 99 % d’ici à la fin de l’année 2020 et à 100 % avant la fin du quinquennat. Par ailleurs, nous nous sommes aussi engagés sur la généralisation de la fibre optique jusqu’à l’abonné sur l’ensemble du territoire à l’horizon de 2025.

Quant à la question des zones blanches, c’est-à-dire les zones dans lesquelles il n’est pas encore possible de passer un appel dans de bonnes conditions, elle est traitée à travers le dispositif de couverture ciblée (DCC). Ce sont les territoires qui décident des zones à couvrir. 5 000 sites vont être mis en service par les opérateurs pour apporter une couverture mobile de qualité dans les zones en souffrance, dont 2 000 avant la fin du quinquennat.

Ces engagements résultent directement du « New deal mobile » conclu en 2018 entre l’État, les opérateurs et l’Arcep (NDLR, Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes). Je veillerai particulièrement à ce qu’ils soient tenus.

Propos recueillis par Rosanne Aries