« On n’a pas trop d’éleveuses et d’éleveurs de volailles, on a trop de volailles dans certains élevages », assure Sylvie Colas, porte-parole de la Confédération paysanne du Gers, dans une interview publiée sur le site internet du syndicat le 28 janvier 2021.

Pour la responsable syndicale, « on doit aller vers la généralisation de l’élevage à l’échelle humaine, sur la base des 3 200 animaux au maximum présents simultanément sur une ferme. […] En ce sens, il faut bien indemniser toutes les éleveuses et tous les éleveurs touchés : aucun ne doit disparaître. »

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« Ça circule de partout »

Alors que le virus H5N8 de l’influenza aviaire hautement pathogène frappe les producteurs de foie gras, Sylvie Colas estime que les élevages « avec des bâtiments de plus de 20 000 canards, plusieurs bâtiments sur la même exploitation et plusieurs exploitations de ce type concentrées sur des territoires restreints » sont de véritables « bombes microbiologiques. »

Elle dépeint une filière « très segmentée », induisant une circulation des animaux « permanente en tous sens : de l’élevage naisseur avec ses couvoirs à ceux qui élèvent les canards jusqu’au stade “prêt à gaver”, puis aux sites de gavage, puis aux abattoirs, sachant que les “prêts-à-gaver” d’une exploitation peuvent être envoyés et répartis vers plusieurs gaveurs, parfois dans d’autres départements. »

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« La résistance s’organise »

Face aux opérations d’abattages préventifs pour lutter contre le virus H5N8, « la résistance s’organise. Des éleveurs et éleveuses dont les élevages sont dans des zones concernées réfutent l’obligation d’abattage de leurs animaux », indique Sylvie Colas. La responsable syndicale demande d’« arrêter d’abattre des milliers d’animaux sains » considérant que « ces poulets et canards pourraient être consommés au lieu d’être gaspillés par milliers ».

Elle craint par ailleurs des aides de l’État insuffisantes pour les structures en vente directe. « Si l’on se réfère à la précédente épizootie de grippe aviaire, en 2017, on constate que les éleveurs en circuits courts ont été mal indemnisés, l’estimation des pertes étant calculée sur les coûts de production du modèle industriel. » Sylvie Colas souligne par ailleurs que « les petits élevages en plein air, plébiscités en 2020, n’ont plus de stocks [de foie gras] pour répondre à la demande ».

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Vincent Guyot