À La Poitevinière dans le Maine-et-Loire, Jérémie Bioteau vient d'investir dans un nouveau bâtiment pour ses 35 vaches allaitantes de race Parthenaise. Principale originalité : la table d'alimentation se trouve face au mur et l'aire paillée est orientée sud-est. Coût total : 120 000 €.
Quand il a repris la ferme de son père au printemps 2019, Jérémie Bioteau n'avait d'autre choix que de construire un nouveau bâtiment, les deux existants étant trop vétustes et trop petits. Et puis il n'y avait pas d'accès direct aux parcelles. Sur cette exploitation bio de La Poitevinière (Beaupréau-en-Mauges, Maine-et-Loire), il élève 35 mères en système naisseur-engraisseur avec vente directe.
Ce qu'il voulait, c'est un bâtiment adapté au bien-être de ses animaux et à son confort, c'est-à-dire fonctionnel, tout en étant évolutif. Et le tout dans une enveloppe raisonnable. Les premières vaches y sont entrées juste avant Noël.
DE LA CLARTÉ POUR STIMULER LES CHALEURS
L'originalité la plus éclatante de cette stabulation en aire paillée accumulée est l'orientation de la table d'alimentation. Les animaux, aux cornadis, ne sont pas face au paysage mais face au mur. Derrière eux, au fond, l'aire paillée est orientée sud-est. Les animaux peuvent donc s'y coucher en profitant du soleil hivernal. Et il ne s'agit pas seulement de bien-être animal. La lumière (vitamine D) stimule les chaleurs, alors le jeune éleveur compte bien gagner en fertilité.
L'accès direct au pâturage, c'est également la possibilité de développer le pâturage d'hiver en lots. « L'alimentation et l'accès au pâturage étaient au centre de ses priorités, on a donc travaillé sur cette notion de circuit », témoignage Stéphane Coutant, technicien de la chambre d'agriculture qui l'a accompagné.
L'ouverture du bâtiment est au sud-est, côté aire paillée, et la table d'alimentation est à l'opposé, face au mur. (©Terre-net Média)
Cette inversion permet aussi d'avoir une table d'alimentation couverte. Devant les cornadis, le vaste couloir s'étend sur 6,50 m de large, ce qui permet un passage de tracteur, mais également de déposer des balles de fourrage. Là aussi, il y a une question de performance. « L'idée, c'est de pouvoir faire ce que je veux, distribuer du fourrage spécifique par lots de vaches, en fonction de leurs besoins », explique l'éleveur. Il place ainsi ses roundballers de foin de luzerne, enrubannage, foin tendre de trèfle ou foin de première coupe le long du mur et ne perd pas de temps ensuite pour la distribution.
UN BÂTIMENT MODULABLE ET ÉVOLUTIF
La distribution du fourrage se fait ici d'un seul côté y compris pour les veaux. Ils sont logés avec les mères, mais peuvent aller dans leur case par le passage à veau. Le système se veut fonctionnel : circulation simple, peu de manutention. « Le matin, quand il y a du ciel bleu, ils vont se coucher au soleil pendant que les vaches sont en train de manger aux cornadis, et quand il y a du vent ou de la pluie, ils se mettent à l'abri », a observé l'éleveur.
En déplaçant simplement quelques barrières et tubulaires, il peut potentiellement avoir trois cases à veaux. « Si je décide un jour de ne faire que du veau sous la mère avec vêlages groupés, il y aura quand-même la place de tout faire vêler », anticipe-t-il.
Le jeune éleveur a fait le choix de laisser de l'espace tout autour de sa stabulation pour pouvoir faire le tour en tracteur ou semi-remorque, « parce que je ne sais pas comment l'exploitation évoluera ». Pour l'instant, cela lui permet de gagner du temps dans la distribution d'aliment grâce à ses accès de chaque côté. « Je descends en marche avant sur le chemin, je rentre par le portail du bas, je distribue en remontant, je n'ai pas besoin de faire des manœuvres. »
Un couloir de circulation, perpendiculaire à la table d'alimentation, traverse le bâtiment. Au bout, un cornadis et une barrière mobile permettent d'isoler les animaux pour les interventions. (©Terre-net Média)
Construire un bâtiment c'est faire des choix, ce sont donc aussi des renoncements. « J'aurais bien aimé avoir plus de surface de stockage, garder au moins deux travées complètes, soupire-t-il. Si j'avais pu, j'aurais fait un bâtiment un peu plus grand et plus profond. »
120 000 € D'INVESTISSEMENT
Au total, l'investissement s'est élevé à environ 120 000 € hors taxes, dont la moitié pour la charpente et environ 20 000 € de terrassement, un montant un peu élevé à cause de la pente.
Pour rester dans une enveloppe raisonnable, il a eu pas mal recours à l'auto construction : une partie des bardages, de la maçonnerie, de la plomberie et de l'électricité, et pose des tubulaires. « J'ai pu le faire parce que mon père était là, sinon, ce n'est pas forcément un bon calcul, si c'est pour délaisser les travaux de la ferme. »
Restent encore quelques finitions : des cloisons pour le petit local technique et des graviers tout autour. « Tout sera terminé fin 2021 », affirme Jérémie Bioteau.
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