Les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne ont débuté lundi 19 octobre 2020 à Luxembourg une réunion d’au moins deux jours pour s’entendre sur la réforme de la Politique agricole commune (Pac) et sur les quotas de pêche en mer Baltique, promettant de « longues heures de négociations ».

Une semaine marathon de négociations

Cette réunion du Conseil des ministres européens inaugure une semaine déterminante pour l’avenir de la Pac puisqu’elle va déterminer les positions de départ des deux codécideurs de la Pac post-2023, à savoir le Conseil et le Parlement européens.

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  1. Définir la ligne de départ

    Réunis au Luxembourg, les ministres de l’agriculture des Vingt-Sept vont tenter de trouver une majorité qualifiée sur trois textes cruciaux qui détermineront la prochaine Pac, avant que le Parlement européen n’examine le dossier à partir de mercredi 21 octobre 2020. États et eurodéputés devront trancher d’ici au début de 2021 sur les règles qui s’appliqueront à partir du 1er janvier 2023.

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  2. Définir l’obligation, ou non, des « écorégimes »

    Au centre des pourparlers figurera le système des « écorégimes » (ou ecoscheme, en anglais) proposé par la Commission européenne pour verdir l’agriculture en rémunérant les services rendus à l’environnement par les agriculteurs. Les États doivent trouver une majorité qualifiée autour de leur montant, leur définition et leur objectif.

    L’Allemagne, qui occupe la présidence tournante de l’Union européenne, propose que les primes versées aux agriculteurs dans ce cadre deviennent obligatoires en prévoyant un budget minimal à cette fin. Jusqu’à présent, ces « écorégimes » sont volontaires.

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    « De longues heures de négociations nous attendent, jusqu’à tard dans la nuit », a prévenu lundi la ministre allemande de l’Agriculture Julia Klöckner en arrivant au Luxembourg. La réunion devrait se terminer mercredi matin après une ultime nuit d’âpres discussions.

    Si la France, à l’unisson d’autres pays (Suède, Danemark, Belgique, Espagne) souhaite également des écorégimes « obligatoires » pour tous les pays de l’Union, afin « de ne pas créer de distorsion de concurrence d’un pays à l’autre », certains gouvernements, notamment en Europe de l’Est, restent hostiles : ils redoutent de perdre des fonds européens si un nombre insuffisant d’agriculteurs participent aux programmes environnementaux.

  3. Définir le contenu des « écorégimes »

    Le contenu des écorégimes fait aussi débat : certains imaginent des rémunérations pour encourager l’agriculture biologique, d’autres pour financer la couverture végétale des sols toute l’année ou d’autres encore pour financer l’augmentation de la production de protéines végétales.

    « Nos agriculteurs ont besoin d’une bonne Pac aussi rapidement que possible, le problème clé est de trouver l’équilibre entre soutien aux revenus et écorégimes », insiste le ministre espagnol Luis Planas, assurant soutenir la proposition allemande.

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Éric Young avec l’AFP