« Les prix des céréales retrouvent à ce jour leurs plus hauts niveaux depuis six ans : la demande soutenue de la Chine est totalement inédite et nous assistons probablement à un changement de paradigme sur le marché des grains », annonce Sébastien Poncelet, directeur du développement au sein d’Agritel, dans un communiqué de presse le 22 octobre 2020. La situation pourrait partiellement s’expliquer par une baisse de l’offre en blé, et une production de maïs inférieure aux prévisions. Mais Agritel estime qu’elle repose essentiellement sur « une explosion de la demande, imprévisible il y a encore quelques mois ».
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Hausse des achats spectaculaire
« La Chine est présente aux achats sur tous les grains dans des proportions jamais constatées auparavant ! » explique Sébastien Poncelet. Agritel estime que le total des achats de maïs par la Chine en provenance des États-Unis, et dans une moindre mesure d’Ukraine, pourrait dépasser les 20 millions de tonnes. C’est cinq fois plus que la moyenne annuelle des volumes importés depuis 5 ans.
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« Ce contexte va favoriser le blé français avec près d’un tiers des volumes exporté vers la Chine cette année, prévoit Agritel. La hausse des achats est également spectaculaire pour le soja : le Brésil, premier exportateur mondial, est déjà à court de marchandise seulement six mois après les récoltes. Quant aux quantités américaines déjà vendues, elles atteignent des records. »
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Une conjonction de facteurs
Selon le cabinet, plusieurs éléments expliquent l’engouement de l’Empire du milieu. Il cite :
- Le développement économique du pays en tendance de fond, avec un renforcement du yuan face au dollar, favorisant le pouvoir d’achat de la Chine ;
- La reconstitution de son cheptel porcin, décimé par la peste porcine africaine, qui dynamise les besoins pour l’alimentation animale ;
- Une année 2020 compliquée pour les céréaliers chinois, impactés par le confinement, des inondations et des typhons.
Des interrogations sur les stocks chinois de maïs
Par ailleurs, « la crise du Covid-19 a probablement encouragé la Chine, à redoubler de vigilance sur la sécurisation de ses stocks alimentaires en multipliant les achats, estime Agritel. Une question cruciale persiste : que sont devenus les stocks records de maïs évoqués par le gouvernement chinois depuis des années ? » Le cabinet de conseil estime que « certains éléments laissent deviner une situation extrêmement tendue pour le maïs ».
Le cabinet indique que, de juin à août dernier, 56 millions de tonnes issues des stocks d’État ont été vendues aux enchères, soit quatre fois plus que l’année précédente. « Les stocks pourraient donc être insuffisants puisque les cours du maïs sur le marché de Dalian continuent d’atteindre de nouveaux records en dépit de l’arrivée de la nouvelle récolte ».
Vers une tension chez les principaux exportateurs ?
« La situation reste très opaque, nous travaillons sur le scénario d’un déclin des surfaces de maïs en Chine depuis l’arrêt des prix d’intervention dans le pays en 2015. Face à la croissance de la demande domestique, le déficit se serait creusé d’année en année, et la Chine semble être aujourd’hui dos au mur, détaille Sébastien Poncelet. Cela expliquerait l’empressement avec lequel la Chine a signé le dernier accord commercial avec les États-Unis, avec l’engagement d’acheter des quantités considérables de produits agricoles américains. »
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Agritel considère que « les conséquences de l’appétit chinois pourraient précipiter les marchés vers une situation plus inquiétante », avec la tension rapide des stocks « trop sollicités » des pays exportateurs de maïs, de soja et même de blé.
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