Après un premier échec du vote en juillet dernier, le Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale de l’Union européenne (Scopaff) est de nouveau consulté ces 22 et 23 octobre 2020, sur le possible renouvellement de l’autorisation du mancozèbe.

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La cinquième matière active la plus vendue en France

La molécule en question est utilisée pour lutter contre les maladies fongiques sur de nombreuses cultures en aérien ou en traitement de semences et plants. Principalement utilisée sur pomme de terre et vigne contre le mildiou, elle est autorisée sur 11 cultures selon Ronan Vigouroux, le responsable environnement de l’union des industries de la protection des plantes.

Cette molécule était la troisième la plus vendue en France en en raison de l’anticipation des achats de fin 2018 lié à l’augmentation de la redevance sur pollutions diffuses (RDP). Si ce classement de la BNVD (1) est utilisé par les partisans de l’interdiction du mancozèbe, une vision pluriannuelle classe le mancozèbe en cinquième position, toujours selon le BNVD. Avec une consommation autour de 2000 t/an, la molécule se situe loin derrière le soufre (>10 000 t/an).

La moitié des solutions fongicides en moins

Selon Loïc Le Meur, responsable des affaires techniques et économiques à l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), cette molécule est utilisée dans environ une cinquantaine de produits sur la centaine de fongicides homologués sur les pommes de terre.

Si la molécule n’était pas réhomologuée, « on perdrait donc en diversité de solutions, ce qui augmente le risque d’apparition de souches résistantes de mildiou », prévoit-il. Ce risque plane aussi sur l’alternaria, un autre champignon phytopathogène présent sur pommes de terre.

Cependant, « on n’est pas dans la situation de la betterave et des néonicotinoïdes », précise Loïc Le Meur. Grâce, entre autres, aux outils d’aide à la décision et aux produits ne contenant pas de mancozèbe, « on sait gérer la pression mildiou ».

Loïc Le Meur appelle cependant à la vigilance afin que les interdictions soient les mêmes pour tous les États membres au sein de l’Union européenne et qu’il n’y ait pas de surtransposition législative française.

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Les agences de santé

Dans son avis de mars 2019, le Comité d’évaluation des risques (RAC) de l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) avait considéré le mancozèbe comme toxique pour la reproduction de catégorie 1B.

Cette classification constitue « un critère d’exclusion », selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Cette dernière avait recommandé le 14 avril 2020 « que la Commission européenne statue dans les plus brefs délais sur le non-renouvellement » de la substance active.

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Dans une note de pharmacovigilance publiée en décembre 2018, l’Anses souligne que « l’expertise collective de l’Inserm (2) concernant le mancozèbe est qu’il existe une présomption moyenne d’un lien entre l’exposition professionnelle au mancozèbe et le risque de leucémie ainsi qu’avec le risque de mélanome cutané. Il est également mentionné une présomption faible d’un lien entre l’exposition professionnelle au mancozèbe (en mélange avec le paraquat) et le risque de maladie de Parkinson. »

Renaud d’Hardivilliers et Hélène Parisot