« Depuis plusieurs semaines, les prix de vente des broutards ne cessent de baisser, et ce, de façon totalement décorrélée des réalités du marché, avance Christian Bajard, éleveur dans la Saône-et-Loire et coordinateur du Berceau des races à viande du Massif central (1). Rappelons que pour 2020, les exportations vers l’Italie sont stables par rapport à 2019, et même en hausse sur la semaine précédente. »

« La demande du marché européen est là, poursuit-il. Pourtant, depuis des semaines, les éleveurs perdent 150 € par animal vendu. Face à cette évolution incompréhensible et inacceptable des prix, les éleveurs de races à viande du Grand Massif central sont dans l’obligation de réagir. Nous appelons les éleveurs du Massif central, ceux qui le peuvent et le temps qu’ils pourront, à la rétention des broutards en ferme. Il n’est plus question de vendre à ces niveaux de prix. »

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Actions sur le terrain

Depuis la fin de septembre, la FDSEA et JA du Cantal se sont mobilisés pour manifester leur mécontentement aux quatre principaux opérateurs commerciaux du marché franco-italien (83 % des volumes) : Parma France via le centre d’allotement Parma Lacombe à Ally, Eurofeder au centre Foyen à Aurillac, Deltagro auprès de Celvia-Les Éleveurs du Pays vert à Aurillac et Bevimac via la coopérative Unicor à Maurs.

Des banderoles ont également été affichées au marché au cadran de Mauriac. « Le dialogue reste difficile car nous n’avons pas la même vision du marché que les opérateurs. Mais il y a une nécessité urgente à remettre à plat un modèle économique qui ne permet plus aux éleveurs de valoriser leur production », souligne Joël Piganiol, le président de la FDSEA du Cantal.

Des visions discordantes

Pour le Berceau des races allaitantes du Massif central, « il faut alerter les pouvoirs publics sur ce hold-up ! Il y a urgence à ce que l’État et le ministre de l’Agriculture réunissent l’ensemble de la filière. Les éleveurs ont besoin d’une réponse cohérente des acheteurs et des pouvoirs publics face à des signaux positifs des marchés. Il en va de l’avenir des éleveurs de bovins de race à viande dans le Massif central. »

Et de rappeler que le prix d’un broutard est à ce jour à 2,38 €/kg alors qu’il devrait être de 3,25 €/kg sur la base de l’indicateur du coût de production national (issu de la méthode validée par les membres de l’interprofession). Les opérateurs commerciaux évoquent, quant à eux, « les difficultés actuelles d’un marché basé sur l’offre et la demande, une demande italienne en broutards français morose du fait que les engraisseurs italiens peinent à vider leurs ateliers en subissant des baisses de prix sur leurs jeunes bovins. En cause, un afflux de jeunes bovins importés sur le marché italien depuis la Pologne, l’Espagne et la France. » 

Monique Roque Marmeys