Le conseil stratégique aux agriculteurs, différent du conseil technique, est développé par de nombreuses organisations, sans toutefois être réellement déployé sur le terrain, selon une étude commanditée par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
« De nombreux travaux suggèrent [que la transition agroécologique] demande un accompagnement sur mesure, bien différent du conseil technique standardisé de court terme », expliquent Charles-Antoine Gagneur et Olivier Thiery, coauteurs d’une étude réalisée en 2018 et diffusée en juin 2020 par Agreste, le service de la statistique du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Ce conseil stratégique reste cependant peu employé par les agriculteurs, ont observé M. Gagneur et M. Thiery. Principal frein à son développement, « la difficulté de recruter ou former [des conseillers] maîtrisant l’ensemble de ces champs de compétences », ont souligné la plupart des interlocuteurs rencontrés pendant l’étude.
« Juger la pertinence de l’agroécologie »
Le conseil stratégique aide l’entreprise à élaborer ses orientations à moyen et long termes(trois à dix ans), et les moyens pour y parvenir, précise Charles-Antoine Gagneur, interrogé par La France Agricole. Il est donc différent du conseil spécialisé, technique et de court terme. « Il ne recouvre pas, par exemple, le choix d’un semis, ou encore la stratégie de lutte contre la pathologie d’une culture en particulier, sur un temps court », cite l’auteur.
Mais quand il s’agit de rapprocher transition agroécologique et conseil stratégique, Charles-Antoine Gagneur reste prudent : « Ce qui est important, ce n’est pas que la méthode de conseil ou sa démarche soit agroécologique, c’est qu’elle permette à un agriculteur de juger si l’agroécologie est une option pertinente pour son projet et son exploitation. Et elle l’est bien souvent », argumente-il.
Des démarches stratégiques « qui restent minoritaires »
« Les démarches stratégiques restent minoritaires dans le paysage du conseil. » Elles sont peu sollicitées par les agriculteurs malgré les bénéfices qu’elles pourraient leur apporter, détaillent les auteurs.
Les obstacles que rencontrent les agriculteurs sont ainsi souvent traités « de façon cloisonnée et disciplinaire » : Les problématiques agronomiques, économiques, juridiques ou encore fiscales sont souvent « séparées et réparties entre des experts, des organisations et des dispositifs différents », relève l’étude.
La formation pour développer le conseil stratégique
Pour Charles-Antoine Gagneur, le nombre de personnes capables de fournir un conseil global, et de permettre à l’agriculteur d’effectuer un choix éclairé sur l’avenir de son exploitation est « largement inférieur » au nombre qu’il faudrait. En cause, la formation et la fidélisation des conseillers, et par conséquent leur rémunération.
« Le conseil stratégique, c’est une fonction exigeante » qui nécessite des compétences transversales, et un travail d’équipe, explique l’auteur, soulignant que deux ou trois ans sont souvent nécessaires pour former un conseiller. « Mais bien souvent, les conseillers [en agriculture] s’en vont quand ils sont devenus bons, faute de rémunération attractive », conclut-il.
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