C'est un appel à l'aide que lance Charles Alletru, éleveur laitier vendéen démuni face à la baisse de production incompréhensible de son troupeau. « On est passé de 30 à 21 l de lait par jour et par vache sans rien modifier à la ration ou aux conditions de logement. On a fait venir tout le monde : nutritionnistes, techniciens, conseillers, géobiologues... Rien n'y fait ! Pourtant depuis deux ans, les vaches ne boivent plus assez et ne produisent plus. On n'y arrive plus ! »
Travaillant depuis 2016 sur la ferme familiale, Charles Alletru est en cours d'installation à une quarantaine de kilomètres de La-Roche-sur-Yon. Il élève avec ses parents 90 vaches laitières prim'holsteins. Mais depuis deux ans, rien ne va plus dans l'élevage. En effet, tandis que la production dépassait les 30 kg/vache/j, elle avoisine aujourd'hui les 21 kg.
« Nous n'avons rien changé, ni la ration, ni la façon de conduire le troupeau, ni le bâtiment... Rien ! Pourtant, la production a commencé à baisser progressivement en 2018 pour atteindre les 21 litres en juin 2018. Et aujourd'hui, plus moyen de remonter le niveau », désespère l'éleveur.
5 UMO : 3 associés (Charles et ses parents), une aide familiale et une salariée dédiée à la transformation
90 vaches laitières en logettes
220 ha de SAU dont 80 ha de SFP
Atelier de transformation fromagère
Référence laitière : 816 000 l (pas remplie depuis 2 ans)
Production/vache : 21 l/vache/jour contre 30 l il y a 2 ans
47 de TB et 34 de TP
Cellules : en moyenne 300 000 sur l'année
« DE 30 KG DE LAIT, ON EST AUJOURD'HUI À 21 KG/VACHE/J »
Comme l'explique Charles, rien n'a bougé côté logement ou conduite du troupeau. Les derniers travaux remontent à 2015 avec la création d'un bâtiment de stockage. « On a fait venir des conseillers d'élevage, des techniciens, des nutritionnistes. Tous y sont allés de leur pronostic. On a changé plusieurs fois la ration, on a acheté des compléments, on a testé pas mal de choses. Rien n'y fait. »
42 kg ensilage de maïs
8 kg ensilage de méteil
3,7 kg tourteau de soja
1,5 kg de foin
0,7 kg de paille de colza
500 g de minéraux
« De notre côté par contre, on continue à payer des factures, à rembourser des prêts. Les vaches mangent toujours autant qu'avant. Et avec une telle production, difficile de joindre les deux bouts. Depuis deux ans, on retourne le problème dans tous les sens. Et si on ne trouve pas de solution d'ici la fin de l'année, on se penchera sur le fait de continuer ou non les vaches. »
En témoignant de sa situation, Charles espère recueillir de nouveaux avis et peut-être d'autres témoignages d'éleveurs ayant connu un cas similaire. Alors n'hésitez pas à réagir en commentaires pour l'aider.
ÉLECTROBIOLOGUE ET GÉOBIOLOGUES SE SONT SUCCÉDÉ
Après s'être surtout concentrés sur l'alimentation durant presque une année, les éleveurs ont élargi leur champ de recherches en faisant appel à un électrologue en mars 2019 pour étudier le système électrique de l'exploitation et identifier les failles potentielles. « Il nous a fait isoler les circuits d'eau, mettre à la terre les cornadis, la salle de traite et le compteur électrique. Nous avons aussi installé une pompe à saumur. Après son passage, la production est remontée progressivement pour atteindre 26 kg l'été et même les 30 kg l'hiver ; nous étions contents. Mais depuis mars de cette année, retour à la case départ. »
Un géobiologue est intervenu à son tour. « Pour lui, ce qui avait été fait avant n'avait servi à rien. Il nous a fait tout remettre à la terre, différemment, et nous a installé un boîtier pour capter les courants parasites », explique Charles. Mais c'est un nouvel échec. Le dernier contrôle laitier affiche toujours 21,7 kg/vache.
« On cherche encore des pistes du côté électrique. On vient par exemple de débrancher notre amplificateur de réseau téléphonique. Et on retente une dernière fois de faire intervenir quelqu'un : un nouveau géobiologue, recommandé par la chambre d'agriculture, devrait prochainement passer. On attend. »
À l'arrière du bâtiment, la mise à la terre du système électrique et des éléments conducteurs. (©Gaec Alletru)
LA QUALITÉ DE L'EAU MISE EN CAUSE
Si dans ce même temps ils ont installé des compteurs d'eau, les éleveurs se sont rendus compte que les vaches ne buvaient pas assez. « Ça oscille beaucoup d'un jour à l'autre mais on est entre 5 et 7 m3 d'eau par jour pour 90 vaches, ce qui fait une moyenne de 60 l/vache/j, ce n'est pas beaucoup. »
Pourtant, le troupeau a bien accès à l'eau : « Nous avons trois abreuvoirs à niveau constant en PVC répartis dans la stabulation. Nous avions entendu dire qu'avec le temps, ils pouvaient se rayer et laisser s'installer des micro-algues, alors nous les nettoyons régulièrement. » Néanmoins, l'éleveur remarque : « Il y a toujours une sorte de particule visqueuse dans l'eau. Ça revient toujours deux ou trois jours après avoir nettoyé les abreuvoirs. » Pour le vérifier, les éleveurs viennent d'investir dans un nouvel abreuvoir, en inox cette fois-ci. « La consommation d'eau a légèrement augmenté depuis bien que le film visqueux se soit là aussi formé. Quelque chose est peut-être en train de se faire, mais c'est encore trop tôt pour tirer des conclusions. »
À gauche les abreuvoirs d'origine en PVC, et à droite le nouvel abreuvoir en inox pour éviter les fissures et la présence de micro-algues. (©Gaec Alletru)
Alors problème de qualité de l'eau ? Peu probable, l'élevage est relié au réseau d'eau potable. « Quand on a demandé à faire analyser l'eau, on nous a ri au nez en disant que le problème ne pouvait pas venir de là et on n'y croit que moyennement aussi. Pour autant, nous avons une analyse en cours à l'heure actuelle et attendons encore les résultats. À suivre donc... »
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