Les surfaces de céréales cultivées en agriculture biologique en France ont poursuivi leur progression en 2019 pour atteindre 423 000 ha, soit une multiplication par trois depuis la récolte de 2011. « La France fait partie du top 4 des pays européens en termes de surfaces de céréales bio, avec l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne », souligne Marion Duval, adjointe au chef de l’unité des grains et du sucre chez FranceAgriMer, le 17 novembre 2020 à l’issue du conseil spécialisé des grandes cultures. Toutefois, si on ramène à la surface totale de céréales dans les pays, la France est plutôt dans le bas du classement et c’est l’Autriche qui domine. »

La collecte de céréales biologiques en France a été multipliée par trois en cinq ans. © FranceAgriMer

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Forte hausse des surfaces en conversion

Parmi ces 423 000 ha, il faut distinguer 256 000 ha qui sont déjà certifiés en bio (2,7 fois plus qu’en 2011) et 167 000 ha qui sont en conversion (3,6 fois plus qu’en 2011). La progression des surfaces en conversion est surtout importante depuis la réforme de la Pac qui est à l’initiative d’une relance de l’agriculture biologique puisque la sole en conversion en 2019 a été multipliée par 6 par rapport à 2014.

La collecte de céréales biologiques a ainsi atteint le record de 647 517 tonnes en 2019-2020, un chiffre multiplié par trois depuis la campagne de 2014-2015 (216 333 tonnes), malgré un effet de rendement qui rend cette progression un peu chaotique selon les années. Le blé prédomine avec 251 000 tonnes collectées en 2019-2020, puis vient le maïs avec 161 000 tonnes, le triticale avec 95 000 tonnes, l’orge avec 65 000 tonnes, et les autres céréales avec 74 000 tonnes (seigleriz…).

Part des différentes céréales dans la collecte biologique en France en 2019-2020. © FranceAgriMer

Le Sud en tête

Le sud de la France domine toujours dans la collecte de céréales biologiques, mais en 2019-2020, elle a augmenté sur tout le territoire par rapport à 2014-2015. L’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine sont les régions où la collecte est la plus importante, avec respectivement 108 000 tonnes et 106 000 tonnes. Par ailleurs, « la Région Paca est la grande gagnante de l’effort bio en France qui est la part de la collecte biologique sur la collecte totale », souligne Marion Duval. Cet « effort bio » atteint 135 pour 1 000 en dans la Région Paca (47 en 2014-2015) et 32 pour 1 000 en Occitanie (6 pour 1000).

Évolution de « l’effort bio ». « L’effort bio » est le rapport entre la collecte biologique et la collecte totale française. © FranceAgriMer

Même si la récolte de céréales biologiques progresse, elle reste encore minoritaire dans la collecte française totale de céréales. Pour les céréales « majoritaires », elle reste ainsi sous la barre des 1 % pour chacune (blé tendre, blé dur, orge) sauf pour le maïs où ce cap est passé depuis la campagne de 2018-2019, à 1,5 % de la collecte. Pour les céréales dites minoritaires en conventionnel, la part de bio est plus importante avec, par exemple, le triticale qui est à plus de 10 %, tout comme le seigle.

Collecte en baisse en 2020-2021 mais disponibilités stables

Pour la campagne de 2020-2021, la collecte est attendue en baisse, faisant « suite à une campagne culturale de tous les extrêmes », selon FranceAgriMer. La récolte régresserait de 14 % pour le blé, à 215 000 tonnes, de 15 % pour l’orge (55 000 tonnes) et de 35 % pour le triticale (62 000 tonnes), les données n’étant pas connues pour les autres cultures pour l’instant.

« Mais les disponibilités seront stables en 2020-2021 pour les céréales biologiques (blé tendre, orge, triticale) à 519 000 tonnes, contre 521 000 tonnes la campagne précédente, calcule Marion Duval. Cela grâce à un stock de report de la campagne de 2019-2020, évalué à 138 148 tonnes, dont 25 % en conversion. » Et d’ajouter : « Les disponibilités en céréales biologiques progressent depuis 2013 où elles étaient à moins de 200 000 tonnes. »

Cette forte progression est à mettre en regard des secteurs de l’aval qui consomment ces céréales biologiques, notamment la meunerie et l’alimentation animale. L’utilisation par les meuniers de blé tendre a été multipliée par deux depuis 2013-2014. Elle devrait atteindre 205 000 tonnes en 2020-2021. Chez les fabricants d’aliments du bétail, la mise en œuvre de grains biologiques a été multipliée par deux entre 2013-2014 et 2019-2020, pour atteindre près de 300 000 tonnes. Elle devrait régresser en 2020-2021, à 180 000 tonnes.

Isabelle Escoffier