Conçue pour faciliter les échanges de gros volumes de données en temps réel et autoriser la prise de contrôle à distance, la 5G va accélérer l’adoption de l’agriculture de précision et des solutions high-tech dans les exploitations.
Entre polémiques sur le déploiement de ses antennes et déferlement de publicités de la part des opérateurs, la 5G est l’un des sujets du moment. Contrairement aux versions précédentes orientées vers les particuliers utilisateurs de smartphones, cette cinquième génération de téléphonie mobile a été pensée pour répondre aux besoins des différents secteurs économiques, dont l’agriculture.
Un débit 20 fois supérieur à la 4G
Sur le papier, les promesses de cette technologie, qui offre un débit 20 fois supérieur à celui de la 4G, semblent illimitées, mais qu’en est-il concrètement pour l’agriculture ? C’est ce qu’ont voulu savoir les membres de la chaire AgroTIC au travers d’une étude d’opportunité menée sur le sujet (1). Pour appréhender les applications agricoles de la 5G, il est important d’en comprendre les apports technologiques.
Trois axes de progrès
L’amélioration du haut débit
Ce premier avantage est le plus attendu du grand public. Le progrès attendu est la fin de la saturation du réseau dans les grands rassemblements comme les salons agricoles ou les festivals ainsi que la possibilité de télécharger rapidement des vidéos et de gros volumes de données.
Le public visé est prioritairement urbain puisque c’est celui qui aura accès au réseau le plus performant, notamment pour la vidéo en ultra-haute définition. Les agriculteurs pourront y trouver un intérêt dans l’amélioration de la réalité augmentée, par exemple pour l’utilisation de lunettes connectées dans le cadre d’une assistance au dépannage ou à la reconnaissance d’adventices.
La latence et la haute disponibilité
Avec la 5G, le temps dit « de chargement » sera de l’ordre de la milliseconde, ce qui fait qu’il sera possible d’obtenir les informations et surtout d’envoyer des instructions en temps réel. Cette avancée technologique est très attendue par l’industrie médicale, qui prévoit de réaliser ainsi des opérations à distance par téléchirurgie.
Mais elle présente également un intérêt dans le machinismecar elle permet la communication directe entre machines. La moissonneuse-batteuse serait par exemple en mesure de prendre le contrôle du transbordeur pendant le chantier afin d’assurer son bon positionnement et sa disponibilité.
La capacité à connecter une masse importante d’objet
Le dernier point est celui qui sera applicable le plus vite puisque c’est la capacité de la 5G à connecter une masse importante d’objets comme les capteurs, et surtout à leur permettre d’échanger des données lourdes comme des photos.
Le rapport d’AgroTIC note toutefois que ce type d’usage n’est pas encore normalisé, ce qui pourrait entraîner des problèmes d’intégration si chaque industriel utilise son propre standard.
Un grand booster pour l’agriculture de précision
La 5G ne va pas révolutionner le fonctionnement des exploitations, mais elle pourrait faciliter l’adoption de certaines technologies encore balbutiantes. Si certains capteurs, comme les stations météo connectéesou les tensiomètres pour l’irrigation, fonctionnent parfaitement avec les réseaux bas débit, de type LoRa ou SigFox, ou avec du débit moyen (Edge et 2G), d’autres outils connectés qui nécessitent la transmission d’une information plus lourde vont bénéficier de la 5G.
C’est le cas, par exemple, des pièges connectés. À l’heure actuelle, la seule information transmise est la présence ou non d’insectes, voire leur nombre. La 5G permettra de transmettre les photos des insectes afin de les identifier depuis le smartphone de l’agriculteur et de préparer le traitement nécessaire.
En élevage aussi, la 5G va trouver toute sa place avec le monitoring des animaux, qui pourra s’effectuer en temps réel. Alors que les données collectées par les objets connectés portés par l’animal ou installés dans son environnement nécessitent un temps de collecte et de traitement, la 5G offrira la possibilité de transférer en temps réel de gros volumes de données et de les traiter rapidement avec des logiciels d’intelligence artificielle. L’éleveur pourra détecter plus rapidement les anomalies et repérer les signes de maladie.
Pilotage à distance
La gestion du parc de matériel sera aussi concernée par ce temps réel puisque davantage d’informations pourront être transmises par télémétrie, y compris une visualisation des caméras, par exemple sur le circuit de nettoyage d’une arracheuse de pommes de terre.
Mais les techniques encore balbutiantes qui pourraient prendre leur envol avec le déploiement de la 5G sont le pilotage à distance ainsi que la prise de contrôle d’une machine par une autre.
Pour Colin Chaballier, d’Exxact Robotics, les constructeurs croient à ces solutions et y travaillent, mais il faudra attendre une évolution de la réglementation car le lien télécom actuel n’est pas assez fiable pour se passer d’un chauffeur à proximité. Valtra teste néanmoins la technique en partenariat avec Elisa, le spécialiste scandinave de la 5G. Leur prototype permet de prendre le contrôle du tracteur et de le piloter en toute sécurité en étant basé à plusieurs centaines de kilomètres. Ce dispositif de télécommande intègre une connexion 5G et une caméra 360°.
En attendant de découvrir la version agricole du télétravail, il faudra patienter jusqu’au déploiement réel de la 5G, prévu pour 2023, et croiser les doigts pour que sa performance en zone rurale soit à la hauteur des technologies de pointe qui n’attendent qu’elle pour s’imposer dans les exploitations.
(1) L’étude « 5G et agriculture » est disponible sur le site www.agrotic.org
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