Faisant suite à la publication du dernier rapport de la Fondation Nicolas Hulot (FNH), Julien Denormandie, ministre chargé de l’Agriculture, a déclaré sur Twitter le 9 février 2021 : « Arrêtons de faire croire que la transition n’est pas en cours ou que l’agriculture s’y opposerait ! C’est dégradant et c’est faux. » Il a fait un renvoi aux données de ventes de 2019 publiées par le ministère le 1er février 2021. « La transition agroécologique est un chemin de progrès, pas une incantation ni une mise en accusation », complète-t-il, avant d’appeler à la reconnaissance et au soutien des agriculteurs qui la font.

Arrêtons de faire croire que la transition n’est pas en cours ou que l’agriculture s’y opposerait ! C’est dégradant et c’est faux. 

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— Julien Denormandie (@J_Denormandie) February 9, 2021

Pour la FNSEA, qui a réagi via communiqué le 9 février 2021, les données avancées par la FNH « caricaturent une réalité bien plus complexe » et « stigmatisent à nouveau la profession agricole ». Le syndicat propose de « renforcer les accompagnements publics à la transition agroécologique de tous les agriculteurs » pour aller plus loin, ainsi qu’une « meilleure valorisation par les prix des bonnes pratiques mises en place par les agriculteurs français, et une priorisation des produits d’origine France par les consommateurs et par la commande publique ».

Chiffre contre chiffre

La Fondation Nicolas Hulot commence son rapport sur ce chiffre : l’usage des pesticides a « augmenté de 25 % en dix ans ». Elle fait ici référence au Nodu (nombre de doses unités) hors biocontrôle à risque faible et traitements de semences, qui a augmenté de 25 % entre 2009-2011 et 2016-2018 (en moyenne triennale), selon les chiffres publiés par le gouvernement en janvier 2020.

Dans leurs réponses, le ministre et la FNSEA insistent quant à eux sur ce chiffre : les ventes de produits phytosanitaires ont « baissé de 36 % en dix ans ». Référence est faite à l’évolution calculée sur les quantités de substance active vendues (hors biocontrôle et/ou utilisables en bio) entre 2009 (55 527 tonnes) et 2019 (35 314 tonnes), également publiés par le gouvernement, en février 2021.

Il est à souligner que la baisse constatée en 2019 est partiellement due au fait que certains agriculteurs ont anticipé leurs achats en 2018, avant la hausse de la redevance pour pollution diffuse (RPD) au 1er janvier 2019.

Montée du biocontrôle

Par communiqué, l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) a, quant à elle, tenu « à rappeler que la France a déjà réalisé des progrès importants ». Elle a notamment mis en avant l’augmentation des achats de produits de biocontrôle, qui « représentent désormais 36 % du total des substances actives achetées par les agriculteurs », et des ventes de produits conventionnels qui « ne cessent de diminuer depuis vingt ans » en France.

Pas assez de moyens pour la bio, selon la Fnab

Faisant suite à la publication du rapport de la FNH, Guillaume Riou, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), plaide quant à lui pour une revalorisation des aides attribuées à la bio pour atteindre les objectifs fixés par le gouvernement, tels que ceux du plan Ambition bio 2022. « Sur le volet financier, c’est trop juste sur le long terme. On nous demande, avec 2 % des 10 milliards d’euros du budget de la Pac, d’aller conquérir 15 % à 20 % des surfaces cultivées en bio dans les années qui viennent ». Il plaide pour des ambitions fortes dans la nouvelle Pac.

> À lire aussi : Bio 2022, un plan ambitieux aux financements mystérieux (25/06/2018)

Hélène Parisot