Faisant suite au lancement par le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, du plan de relance en faveur des protéines végétales le mardi 1er décembre 2020, les réactions, plus ou moins enthousiastes, n’ont pas manqué.

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Prêts à relever le challenge

La Fop (Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux) comme Terres Univia, interprofession des huiles et protéines végétales, a qui le ministère a donné la parole lors de la conférence, ont déclaré y « souscrire pleinement ».

« C’est un travail de fond qui se concrétise. Nous sommes prêts à relever avec ce plan le challenge de la production, de la diversité des assolements, de la création de valeur, du développement des filières, de l’accompagnement des exploitations sans opposer ni les secteurs ni les débouchés. Nous serons des partenaires exigeants mais aussi allants », a notamment déclaré à cette occasion Arnaud Rousseau, président de la Fop.

« Favoriser le développement [des protéines végétales (oléagineux, légumineuses à graines et fourragères)] implique d’avoir accès aux facteurs de production, ont complété Terres Univia et la Fop. Les valoriser nécessite de conserver les débouchés existants dont les biocarburants, coproducteurs de protéines, et d’en développer de nouveaux avec une reconnaissance par les citoyens-consommateurs de cette création de valeur. »

Déjà inscrit dans les « 30 mesures d’avenir » de la Coopération

La Coopération Agricole accueille également très favorablement la stratégie nationale en faveur des protéines végétales présentée par le gouvernement. Elle rappelle d’ailleurs que ce plan est une initiative qu‘elle « appelle de ses vœux depuis longtemps, en l’ayant même inscrit dans sa plateforme de “30 Mesures d’avenir” comme un des dispositifs essentiels à la restauration de la souveraineté alimentaire. »

Elle note, dans un communiqué de presse du 2 décembre 2020, deux avancées majeures et structurantes que sont l’inscription de la stratégie dans un temps long et l’accompagnement financier de 100 millions d’euros (M€). Les coopératives soulignent toutefois dans la perspective du déploiement de ce plan deux points de vigilance absolus : s’inscrire dans une logique de flux tiré, en s’assurant de répondre aux demandes des différents marchés et pousser cette stratégie au niveau européen.

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Elles ont indiqué que ce plan va être un levier indispensable pour la mise en œuvre de projets. Elles ont ainsi rappelé être déjà investies dans le développement de la production de protéines végétales au travers de 33 projets portés par 28 opérateurs pour un montant d’investissement de 140 M€ et un besoin d‘accompagnement estimé en août dernier à 65 M€.

Une rampe de lancement pour le Snia

De son côté, le Snia (Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale) accueille aussi positivement cette stratégie en faveur des protéines végétales. Mais le secteur de la nutrition animale signale qu’il s’agit d’une « véritable rampe de lancement créatrice d’emplois, qui ne reste pas encore suffisante sur le long terme ».

« Cette stratégie est ambitieuse mais il faudra du temps pour la déployer car elle nécessite d’investir dans la R & D, de développer des moyens de stockage et de transformation pour construire des filières viables économiquement », ajoute François Cholat, son président.

Ce dernier prévient : « Les engagements de l’État en faveur des protéines végétales sont satisfaisants mais ils ne permettront pas de remplacer la totalité des importations nécessaires pour nourrir l’élevage français La nutrition animale est très investie dans la durabilité de ses approvisionnements et le développement des protéines végétales en France y contribuera sans aucun doute. »

Insuffisant pour la CR et la Confédération paysanne

« Ça doit être le septième plan mais pour nous le résultat est toujours le même, et ce plan aboutira également à un échec ! juge de son côté Nicolas Jaquet, président de France Grandes Cultures (Coordination rurale). Nos marchés sont européens depuis presque 60 ans. Donc si on veut améliorer notre souveraineté en matière de protéines, ce n’est pas au niveau français qu’il faut le faire. On ne pourra réussir quelque chose que si on agit sur les prix. Une taxe aux frontières aurait été une réponse plus immédiate. »

Pour la Confédération paysanne, les précédents programmes n’ont pas permis de résoudre l’enjeu de l’autonomie protéique. « Et si celui-ci est plus juste dans les enjeux de recherche d’autonomie alimentaire, notamment des élevages, il est pour nous inabouti et impossible à concrétiser estime Nicolas Girod, porte-parole du syndicat. Et il ne sera pas si vertueux que ça si on ne remet pas en cause le niveau d’intensification de l’élevage. »

Céline Fricotté