Le label bio ne suffit plus aux consommateurs, selon Stéphanie Pageot, éleveuse bio et secrétaire nationale de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) en charge des relations avec les acteurs économiques, lors d’un webinaire sur le thème de la construction et du développement des filières bio en France, organisé le jeudi 26 novembre 2020 par la Fnab et l’agence de conseil Utopies.

Ce label est le socle sur lequel viennent s’ajouter différents autres labels privés destinés à mieux répondre aux attentes du consommateur : « La réglementation bio n’évoluera pas dans les dix ans qui viennent mais nous pensons qu’il y a des demandes très fortes des consommateurs vers lesquelles la bio doit évoluer dans une démarche de progrès permanente. Elle doit aussi aller plus loin sur des critères d’impact climatique, de biodiversité et de bien-être animal. » Cette démarche a pour elle l’objectif de « tirer la bio vers le haut ».

Même constat du côté de Philippe Henri, président de l’Agence bio, « on voit que les gens veulent de la bio mais pas que ça ». Santé, qualité des produits, climat, rémunération des producteurs, dynamique de territoire… Les exigences des consommateurs bio sont de plus en plus nombreuses. Comment la bio va pouvoir s’emparer de ces initiatives et de ces labels ? Telle est la question que se pose le président de l’Agence bio.

Le local en plus

Parmi les participants de ce webinaire, Pierre-Antoine Morel, responsable du développement des filières agricoles chez Blédina, et Gérald Townsend, responsable du développement durable chez Picard surgelés, ont partagé leur expérience de création d’une gamme bio.

Dès le début de leur réflexion respective autour de la bio, les deux hommes se sont rendu compte du décalage entre l’origine des produits et de leur dimension biologique, décalage pris en compte par les consommateurs. En effet, comme l’explique Philippe Henri, si les plus gros consommateurs bio européens sont la France et l’Allemagne alors que l’Espagne et l’Italie sont dans le trio de tête des producteurs.

Les consommations de produits bio en Europe. © Agence bio

© Agence bio

Le constat est particulièrement vrai dans les filières des fruits et légumes, filières très largement représentées dans les gammes de Picard et de Blédina, selon leurs représentants. Produits français ou produits régionaux : chacune à leur manière, les deux enseignes ont donc choisi d’apporter un aspect local à leur gamme bio.

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Le commerce équitable

Autre dimension : la rémunération du producteur. En coconstruction avec la Fnab, Picard a choisi d’ajouter la dimension commerce équitable à sa gamme bio. Comme le rappelle Stéphanie Pageot, le label « équitable » repose sur cinq piliers : l’engagement des acteurs sur le long terme (au minimum trois ans), la prise en compte d’un prix rémunérateur pour les producteurs, la présence d’organisation économique collective, le reversement d’une prime à cette organisation pour structurer les filières et la sensibilisation des consommateurs au commerce équitable.

Pierre-Antoine Morel a pour sa part mis en place des contrats sur le long terme avec ses producteurs et les a accompagnés pendant la période de conversion à l’agriculture biologique.

« Le nerf de la guerre est d’arriver à une bonne appréciation des prix et des coûts de revient », rappelle Sophie Labbé, directrice associée d’Utopies et animatrice de la table ronde.

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Renaud d’Hardivilliers