Alors que de manière récurrente des prairies ne produisent plus en été, des solutions se mettent en place pour tenter de réduire l’impact du manque de fourrages.
L’affouragement au champ devient un rituel en été à cause du changement climatique. Selon la note d’infos rapides, publiée le 31 juillet par le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, les retards de pousse de l’herbe étaient particulièrement marqués dans les Hauts-de-France, le Grand-Est, la Bourgogne, la Franche- Comté, une partie de la Normandie et des Pays de la Loire.
« Certains secteurs de l’est du pays sont touchés pour la troisième année consécutive », s’inquiète Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA. La situation est d’autant plus délicate que les rendements en céréales et en paille sont catastrophiques (voir ci-dessous). « Les emblavements en orge et en blé ont été réduits à cause des pluies diluviennes de l’automne 2019, explique-t-il. Sans compter que de nombreuses parcelles ont dû être ressemées avec des cultures de printemps (maïs). »
Sevrage précoce
Depuis la fin juin, la pluviométrie s’est inversée par rapport à l’automne 2019. « Il est tombé moins de 5 mm depuis le 1er juillet à la ferme expérimentale Arvalis de Saint-Hilaire-en-Woëvre (Meuse), observe Didier Deleau, ingénieur régional « fourrages ». C’est la troisième année consécutive que nous sevrons les broutards à sept mois et demi, à la fin du mois de juillet, un mois plus tôt que d’habitude. Les mâles sont entrés directement en engraissement, mais les femelles sont ressorties. Elles sont nourries avec de la paille, un aliment liquide et un peu d’orge. L’ensemble du troupeau est soumis au même régime. Début juillet, après la récolte des céréales, du sorgho fourrager multicoupe a été semé, mais la culture n’a pas levé, faute d’humidité suffisante. « Il aurait fallu le semer plus tôt, derrière un méteil ensilé immature, ajoute Didier Deleau. C’est peut-être la stratégie que nous mettrons en place lors des prochaines années. »
Pour l’instant, le thermomètre est monté un peu moins haut qu’en 2019. La température maxi, enregistrée à la ferme de Saint-Hilaire-en-Woëvre s’affiche tout de même à 38 °C, un niveau qui met déjà beaucoup en souffrance les plantes. « Quand les prairies sont desséchées et qu’il n’y a plus d’herbe, mieux vaut sacrifier une parcelle pour y affourager les animaux », insiste Pascale Pelletier, consultante formatrice à Prairie conseil. Sinon, les animaux endommagent le couvert déjà sec. Des vides de plus en plus grands se forment, de sorte que lorsque la pluie revient, renouée ou capselle colonisent ces espaces, réduisant la productivité des prairies.
Localement, les températures dans les prairies ont pu dépasser 60 °C cet été. C’est le cas dans le Lot où la chambre d’agriculture a effectué des relevés dans une prairie naturelle des Causses de Limogne. « Nous avons enterré des thermomètres à 2 cm sous la prairie pour évaluer l’impact de la hauteur de fauche sur la résistance des prairies à la sécheresse, explique Fabien Bouchet-Lannat, chargé de mission développement et innovation. Il est trop tôt pour tirer des enseignements, mais les températures maxi constatées dans la prairie coupée rase affichent des écarts importants avec celles de la prairie coupée à 8 cm. »
Récolter tôt au printemps
Les rendements des récoltes de printemps constituent toutefois un des points positifs de l’année fourragère. « Les deuxièmes coupes ont même été parfois meilleures que les premières, observe Pascal Kardacz, responsable technique à la coopérative Lorca. D’où l’intérêt de réaliser la première le plus tôt possible. »
Les ensilages de maïs semés tôt devraient bien s’en sortir. « Le 13 août dans les terres profondes de Moselle, les plantes affichaient 24 à 25 % de matière sèche, explique Pascal Kardacz. Les taux d’amidon vont encore grimper. » Les récoltes devraient débuter autour du 20 août. Le constat est le même en Haute-Saône où les exploitants n’ont jamais ensilé aussi précocement leur maïs.
La réussite de la culture reste très liée à la pluviométrie au moment des stades sensibles de la plante. « En Moselle, nous avons mis en place des parcelles d’essais avec du sorgho, plus résistant à la sécheresse que le maïs », explique Pascal Kardacz. Le but est d’évaluer dans quelle mesure il peut remplacer le maïs dans les rations d’engraissement.
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