mercredi 5 août 2020

Chez Yannick Przeszlo à Beugnies (59) De déficitaire en fourrage, il devient excédentaire grâce au pâturage tournant

Yannick Przeszlo, éleveur laitier en agriculture bio et pâturage tournant dynamique dans le NordYannick Przeszlo, éleveur laitier bio du Nord (59) mise sur l'herbe. Après avoir conduit son troupeau en pâturage au fil durant plusieurs années, il pratique aujourd'hui le pâturage tournant dynamique. (©Parc de l'Avesnois)
 | par  Pâturesens |  Terre-net Média
Yannick Przeszlo, éleveur laitier du Nord, a modifié son système, déjà basé sur l'herbe, pour le rendre encore plus performant. Il est passé d'une gestion au fil au pâturage tournant dynamique. Moins de refus et d'astreinte, mais également une meilleure marge et productivité de l'herbe : la stratégie est gagnante.

À l’occasion d’une porte ouverte coorganisée par Bio Haut-de-France et Pâturesens fin juin, Yannick Przeszlo a témoigné de la mise en place et de la conduite du pâturage tournant dynamique et des résultats générés sur sa ferme située à Beugnies (Nord).
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DU PÂTURAGE AU FIL AU PÂTURAGE TOURNANT DYNAMIQUE

En 2015, Yannick, qui exploite en agriculture biologique 56 ha dont 33 accessibles, souhaite vivre de son métier avec un minimum d’astreintes. Il fait partie des exploitations herbagèresrégulièrement rencontrées dans l’Avesnois. Depuis son installation, il pratique le pâturage au filpour ses 35 vaches laitières, au sein des 5 paddocks présents sur la ferme.
Pâturage au fil : plus d'astreinte et de refus qu'en tournant dynamique.Mais face à l’astreinte que génère le déplacement du fil et l’accumulation systématique de refus en fin de printemps, il décide en 2016 de participer à une formation sur le pâturage tournant dynamique.
Tout juste sorti de la formation avec son nouveau plan de pâturage, Yannick décide de le mettre en place en modifiant ses clôtures. Il scinde alors ses 33 ha en 33 paddocks qui permettront d’alimenter ses vaches en 2 x 24 h et 100 % pâturage. En plus, il se dote d’un chemin grâce auquel il pourra démarrer le pâturage dès début février 2016.
Plan de pâturage au fil VS pâturage tournant dynamiqueLes 5 parcelles conduites au fil ont été entièrement redécoupées pour faire 33 paddocks d'1 ha. (©Parc de l'Avesnois)

EN 1 ANS, IL PASSE D'ACHETEUR NET DE FOURRAGE À VENDEUR

Au cours la première année, Yannick a réalisé les modifications suivantes : une sortie précoce des animaux, qui représente un gain de 60 balles d’enrubannage sur la période février-mars, et un pâturage plus jeune et plus ras qui augmente la croissance de l’herbe, évite les refus et lui permet de faire plus de stocks.
Il augmente sa marge brute de 400 €/ha et devient beaucoup plus autonome en fourrage.Sur un an, cela représente un gain de productivité de 2 t MS d’herbe/ha de prairies. En 2019, celles-ci ont produit de 7 à 10 t MS/ha. Il est ainsi au même niveau que les systèmes dits "intensifs" qui réalisent des rotations coûteuses de prairie temporaire-maïs. Autre point important : il est passé d'acheteur de fourrage à vendeur. Une sacrée révolution !
Après trois ans de pratique, les chiffres parlent d'eux-mêmes : l'éleveur accroît sa marge brutede 400 €/ha, est devenu beaucoup plus autonome en fourrage et peut donc envisager de produire plus de lait.

LE DÉFI DE PRODUIRE 70 % DE SON LAIT AU PÂTURAGE

Maîtrisant bien le pâturage, Yannick décide de saisonnaliser la production et d’intégrer des animaux plus efficaces pour valoriser le pâturage. Il choisit d’acheter 13 Jersiaises pour remplacer ses Montbéliardes et les fait vêler à la mi-février.
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De cette manière, il peut réaliser la reproduction 100 % au pâturage et cela lui réussit. En huit semaines, 80 % des vaches sont gestantes. Ces bonnes performances de reproduction lui permettent d’arrêter la traite pendant deux mois puisque toutes les vaches sont taries.

ET SI C’ÉTAIT À REFAIRE ?

Yannick répond qu’il « ferait tout pareil » mais plus tôt dans sa carrière. Parmi les choses à améliorer, il :
- investirait dans un parcellaire performant avec des chemins encaissés et plus de bacs d’abreuvement ;
- se procurerait des Jersiaises qui proviennent d’un élevage pratiquant le pâturage tournant dynamique ;
- agrandirait saisonnaliserait son cheptel pour valoriser toute l’herbe de printemps au pâturage.
En mettant en œuvre ces changements, Yannick (qui peut déjà tirer un revenu important de sa ferme de 53 ha) pourra conforter ses résultats et dégager encore plus de temps pour sa famille.
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