jeudi 5 mars 2020

LA GAZETTE DES AMOUJREUX DES MONTS DE LACAUNE


Restez connectés avec notre territoire, découvrez nos ressources, les astuces et les recettes de nos anciens, l'interview de la personnalité du mois et ses événements.
Ceux qui préparent cette Gazette seraient heureux de connaître vos réactions et vos suggestions en envoyant un message à robertpistre@orange.fr

LA FIERTÉ DU VILLAGE DE LA BÓRIA DES VIDALS AU PIED DE LA MONTAGNE SACRÉE DU MONTALET  

Cette Gazette est le seconde consacrée à ce secteur. Nous y parlerons d'activités économiques, de la station hertzienne, de la mémoire de l'acapte (ou masade) des Vidals, de la grande ferme d'autrefois des Vidals et de personnages ou histoires légendaires de ces lieux.
Enfin, un jeune ami  du territoire nous parle de sa découverte de l'École Normale Suoprérieure de la rue d'Ulm, où il est élève, en section lettres.

LA CHARCUTERIE RASCOL

Philippe Rascol, pouvez-vous nous rappeler quand a été créée la charcuterie qui porte votre nom, et quelles sont les activités actuelles ?
Elle a été créée en 1936 par mon grand-père,  Emile Rascol. Huit personnes y travaillent actuellement. Nous produisons des produits secs, des conserves et des produits frais.
Notre production est écoulée dans des petits commerces dans l'Hérault et dans le Tarn.
Du 1er juillet au 31 août, nous sommes ouverts à la visite le jeudi à 16h et le vendredi à 10h.

Quels sont vos objectifs à moyen terme ?
Je suis heureux de la perspective de reprise de l'entreprise par les enfants où ils travaillent déjà.

Quelles sont les qualités précieuses de nos montagnards pour cette activité ?
Ils sont travailleurs et aiment leur territoire.

Avec quels trois mots définiriez-vous les atouts de notre territoire ?
Le goût du travail, l'attachement à la famille ainsi qu'un climat exceptionnel pour notre activité.

LA STATION HERTZIENNE DE L'ARMÉE DE L'AIR

En haut du Puech de Rascas, voisin du Montalet, mais légèrement plus haut, l’armée de l’air a installé une puissante station hertzienne. C'est l'une des quatre stations hertziennes de l'axe Nord-Sud, communiquant en permanence avec les trois autres : Pierre-sur-Haute, Henrichemont et la base aérienne de Brétigny.
Dirigées par un major, une vingtaine de personnes se relaient sur le site pour son fonctionnement ainsi que pour sa défense : électriciens, mécaniciens, cuisiniers et militaires techniciens.

L'HISTOIRE DE L'ACAPTE LA SEULE MASADE POUR LAQUELLE NOUS AVONS L'ACTE FONDATEUR

À L'ORIGINE : LA CHARTE DE 1251

Nous sommes en 1251. Blanche de Castille, régente, au nom du jeune Louis IX, roi de France, a imposé au comte Raymond VII de Toulouse le traité de Meaux de 1229, qui anticipe le rattachement de son comté à la couronne de France. Celui-ci ne sera définitif qu’à la mort en 1271 du frère deSaint-Louis et de sa femme, Jeanne de Toulouse, fille de Raymond VII.
La charte de 1251, ci-après résumée, était écrite en occitan ou partiellement en latin. C’est sa traduction française, transcrite le 27 juillet 1657, qui est parvenue jusqu’à nous. Le traducteur, probablement Raimond Ducros, a maintenu en les francisant à peine quelques mots occitans (lauzer, mases, borderie, orts, paisson, aglans, aigues,rieu, moulinals, font, gua).

Grâce à Jean Delmas, nous avons pu résumer pour le lecteur d'aujourd'hui  le contenu de ce document : Par cette charte, les seigneurs baillent à fief ou acapte (bail à cens) à perpétuité un mas et une métairie à deux habitants de La Caune avec droit de les lauzer, impignorer et aliéner (c’est-à-dire de louer, mettre en gage ou vendre). "Et c'est pour y faire tout ce que vous y voudrez faire, maisons, sy vous les y voulez faire, avec les preds, orts (jardins), herbes et bois et forêts, et la paisson des aglans (glandée des porcs) et avec les aigues (eaux), avec leurs entrées et sorties et avec toutes meilheurance (amélioration) et accroissement que vous y voudrez faire ».
La charte fixe les limites de l’ensemble des mas et métairie, qui leur sont baillés : c’est la masade d’aujourd’hui. Celle-ci est alors entièrement située dans la paroisse de l'église de Saint-Martin et de Saint-Victor de Nages. Il est indiqué que le rieu de la Beyssière faisait limite entre les paroisses de Nages et de Lacaune.
La contrepartie est le versement de 20 sous de Melgueil (Mauguio), à titre de droit d’entrée. Les seigneurs de Lacaune et ceux de Nages se réservent pour moitié sur lesdits mas le cens annuel et perpétuel d'une livre de poivre.
 Chemin des morts vers Nages, trace du rattachement historique des Vidals à la paroisse de Nages jusqu'à Napoléon

IL Y A DEUX CENTS ANS LA COUR DE CASSATION FAIT JURISPRUDENCE AVEC  L'ACAPTE DES VIDALS

Le siège de la Cour de Cassation à Paris de 1790 à 1837
L’affaire part d’un procès-verbal, dressé le 29 août 1806, par les gardes forestiers de Lacaune, contre des membres de la mazade, Borio, ou hameau des Vidals : Antoine Bétirac, Pierre Cadenat, Jean Barthés et plusieurs autres. Le délit qui leur était reproché, était pour les uns de défricher diverses parties de bois et pour les autres de brûler les bruyères pour les défricher. Le tout sur le territoire de la masade des Vidals.
En première instance, à Castres, le 29 octobre 1806, les trois personnes visées sont condamnées chacune à une amende de 50 francs pour 50 ares défrichés.
Deux des condamnés font appel et par arrêt du 8 janvier 1807, la cour de justice criminelle du Tarn annule la décision précédente pour des questions liées à la propriété sur la mazade.
Le procureur général impérial fait appel devant la Cour de cassation qui, le 9 juillet 1807, casse le jugement du 8 janvier 1807, au motif que même si cela se passait sur la masade, ils n’avaient pas le droit de défricher.
Voilà donc la Cour de cassation amenée à se prononcer sur la masade des Vidals. Même sur cette propriété collective, on n’avait pas le droit de défricher.
C’est Alain Robert qui a déniché que cette affaire est entrée dans le recueil national de la jurisprudence de Merlin de 1826 (article paru dans le cahier de Rieumontagné de janvier 2012).

LA MÉMOIRE DE LA GRANDE FERME LA BORIA DES VIDALS

LA PROPRIÉTÉ D'UN GARDE
DU CORPS DE LOUIS XVI  : JACQUES CABANES

À la veille de la Révolution, la grande ferme est possédée par Jacques Cabanes (1754-1790), garde du corps de Louis XVI. Il avait acheté, en 1784, la grande ferme de Rieuviel. Sa famille est une très riche famille protestante qui a fait fortune à Cadix, en Espagne, dans le commerce avec l’Amérique latine espagnole. L’oncle célibataire de Jacques Cabanes résidait à Paris. Le métier de garde du corps du roi était prestigieux, car on cotoyait le roi, mais n’était pas très rémunérateur, ni d’un grand intérêt intellectuel.  C’est la fortune amassée en Espagne qui a permis à cette famille d’acheter de prestigieuses propriétés et de construire, en limite du Lacaune de l’époque, ce qui a été plus tard le pavillon des Tilleuls de l’Hôtel Fusiès, avec un beau parc, aujourd'hui parking.
Nous avons récupéré, dans une vente à Paris, un document très intéressant. C’est un issac ou inventaire d’un bail de 1788. Le métayer était Pierre Niel des Vidals, dont descendent les Bacou de Laucate.
Cet issac indique qu’il y avait deux cabanes roulantes et 20 claies pour parquer les brebis la nuit. Ainsi les bergers partaient au loin sur le plateau du Montalet, ou l'est de l'acapte vers La Barraque. Ils couchaient dans une cabane roulante, après avoir parqué les brebis avec les claies. Cette découverte nous a conduits à acheter une cabane roulante pour Payrac.
Cabane roulante acquise en 2019 et transportée à Payrac grâce à
Bernard Rouanet et Michel Soulet

LE PASSAGE DANS LA FAMILLE MARC ET L'ÉPISODE DES LOUPS À MONTALET  

La propriété était possédée, au lendemain de la Révolution, par Pierre Jean Rascol, natif de Cabannes-et-Barre qui sera percepteur à Murat au début des années 1820.  Après l’achat en 1824  du domaine de Lacourt aux héritiers de Lavit, Pierre Jean Racol vend les Vidals à Prosper Marc qui le transmet à sa fille Elisabeth, sœur de la charité de St Vincent de Paul à Lacaune. C'est pendant que cette religieuse possédait La Boria qu'est intervenu cet incident.

UN LOUP SUR LE MONTALET (Journal de Toulouse du 3 août 1857 Médiathèque Rosalis Toulouse)
            Dans la soirée du 27  juilletle troupeau de la métairie Saint-Pierre de Vidals, située au pied du Montalet, s'étend rendu à son étable comme à l'ordinaire, le berger s'aperçut que le nombre de bêtes n'était point au complet. Il fut tenté d'abord d'aller à leur recherche, mais, la nuit étant survenue, on remit au lendemain à faire des fouilles dans la forêt. 

            Au point du jour après avoir pénétré dans les taillis, on trouva 14 brebis mortes, 6 grièvement blessées et 4 à peine entamées ; c'était 24 victimes du loup. Cette perte est d'autant plus regrettable que  la métairie Saint-Pierre de Vidals appartient à la sœur Marc, les revenus en sont donnés par cette digne religieuse aux pauvres de Lacaune. Ce sera autant en moins pour cette œuvre de bienfaisance. 

            Les habitants qui ont parcouru les lieux en temps de neige, prétendent qu'il n'y a qu'un loup dans la forêt ou du moins ils n'ont aperçu les traces que d'un seul de ces animaux.

      Nota : À la veille de la Révolution, un voyageur se rendant aux Vidals était tombé nuitamment dans un piège à loup où se trouvait déjà un représentant de cette espèce, mais il a réussi à le tuer.
(Extrait d’un article d’Alain Robert et de Robert Pistre paru dans le cahier de Rieumontagné de janvier 2016)
Par la suite, en 1918, les héritières de Soeur Marc ont vendu la plus grosse partie de la propriété à Félix Bertrand des Vidals : une vingtaine d’hectares, la maison d’habitation, d’exploitation, deux arcades de la grange à foin en touchant ladite maison et divers autres bâtiments. Six autres acquéreurs ont acheté des parties de la fameuse Boria.

LA CARTE POSTALE D'IL Y A UN SIÈCLE : AQUO ERA LEON

André Suc a écrit pour  un article sur cette carte postale prise il y a cent ans à Montalet. Le berger photographié est Léon Gayraud, né en1912et mort en 2001), de Doucet, à 970 mètres d’altitude. Ou, comme on disait à l’époque Léon dé Doucet. C’est donc un enfant de moins de dix ans qui garde les brebis !
Plus tard, il s’est marié à Clémentine Sèbe de Caudelle. Ils ont eu une seule fille qui est décédée jeune. La ferme de Doucet de quatre hectares, avec 3 vaches, 25 brebis au plus fort et un âne, ne suffisait pas à faire vivre la famille et Léon a travaillé aux ardoisières puis à la Salaisonnerie Rascol des Vidals. Il est mort chez son neveu Gayraud à Lestiès.

EN 1785, UNE MONTGOLFIÈRE PARTIE D'ALBI ATTERRIT
DANS L'ACAPTE DES VIDALS

Dans l’Histoire de Lacaune, on rapporte un épisode amusant. Une montgolfière partie d’Albi le 18 mai 1785 avait atterri dans les bois de l’acapte des Vidals, ce qui avait soulevé beaucoup de curiosité, comme on peut s’en douter. Ainsi, le 22 mai 1785, Joseph Terral, premier consul (maire) de Lacaune adressa une lettre à la mairie d’Albi : « Messieurs, j’ai cru devoir témoigner par votre entremise, la reconnaissance publique de mes concitoyens aux dignes disciples de M. de Montgolfier, qui ont profité du vent de bise pour nous donner le spectacle, nouveau dans nos climats, d’un globe de l’invention de ce célèbre aérostatisticien… » Si la montgolfière était, à son arrivée, en assez bon état avec seulement un petit trou par où passait l’air chaud, la foule l’a démantelée, chacun voulant en emporter un morceau.
L'INVITÉ-AMI DU TERRITOIRE : VICTOR MALZAC
Victor Malzac, vous êtes actuellement élève à l'École Normale Supérieure de la rue d'Ulm, quel a été votre parcours ?
Depuis tout jeune j’habite les campagnes de Montpellier ; j’y ai passé quinze ans de ma vie. Après mon baccalauréat scientifique en 2015, au lycée Notre-Dame de la Merci, je me suis rendu compte soudain de ma passion viscérale pour la poésie et de la nécessité de faire de la philosophie pour comprendre les mouvements du monde. J’ai tout à coup décidé d’arrêter les sciences et les mathématiques pour me consacrer entièrement aux lettres. J’ai passé trois ans en khâgne au lycée Joffre de Montpellier, à l’issue des quels j’ai été admis dixième au concours de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm (section Lettres classiques). Ce furent trois années heureuses, stimulantes qui ne m’ont jamais semblé épuisantes ; au contraire je m’y suis ressourcé. Désormais, Paris m’accueille à bras ouverts, et je vis actuellement dans les locaux de l’École, au 45, rue d’Ulm où je m’épanouis complètement et où j’écris jour après jour des poèmes et des romans. Mon premier recueil de poèmes s’appelle respire, et sa publication est prévue pour le mois de mai 2020 aux éditions de la Crypte.

Quel est votre lien avec Nages ? Quels sont les éléments de cet attachement ?
Ma grand-mère, Jacqueline Théron, fille de Jacques et Marie Théron, a vécu son enfance et sa jeunesse à Nages. C’est aussi la nièce de Gustave Théron, maire du village de 1955 à 1974.
Elle y a connu la chaleur, la langue d’oc et la passion pour les livres qu’elle a su me transmettre. J’ai eu la chance de pouvoir y passer des vacances lorsque j’étais tout jeune, avant qu’elle ne vende la demeure familiale en 2007 à M. Robert Pistre, son ami proche et véritable. Depuis, j’attends ardemment l’occasion de pouvoir y séjourner de nouveau.
J’écris en ce moment un roman qui se situe partiellement à Nages, le reste se situant dans les campagnes ariégeoises ; à cette occasion, il me faut retourner à Nages, de préférence dans les temps chauds qui raviveront plus fidèlement le souvenir de mes premiers étés et me laisseront la chance de me baigner dans le lac du Laouzas. Je garde un souvenir intense de la région, j’ai notamment le souvenir de longues promenades avec ma petite sœur sous une chaleur douce, et mon premier contact avec la poésie du monde.
Dans la prestigieuse lignée de vos prédécesseurs, de Jaurès à Pompidou, de Sartre à Aron, comment situez-vous votre carrière ?
Je suis encore trop jeune pour situer avec précision ma carrière, mais, puisqu’il me faut me rapprocher de mes prestigieux prédécesseurs, je désirerais ardemment emprunter un chemin similaire à celui qu’a mené Jean-Paul Sartre. Je ne cache pas mon admiration pour cet homme qu’aimait tant ma grand-mère, de même mon attachement à la philosophie existentialiste ; mais c’est surtout, je l’admets, l’influence familiale et affective qui motive mon choix. J’ai lu pour la première fois Sartre grâce à ma chère grand-mère. Cela fait des années qu’elle est malade et que la communication entre elle et moi est rendue impossible ; mais nous nous sommes parlés, nous nous parlons sans dire un mot, au travers de la bibliothèque, la sienne, la mienne ; nous nous comprenons dans une connivence littéraire et philosophique, car nous lisons et avons lu les mêmes livres ; et le principal médiateur de cette bibliothèque commune porte le nom de Jean-Paul Sartre.
Je suis davantage philosophe que politicien, mais les deux domaines partagent à mon sens beaucoup de questionnements. Je fais l’éloge du multiple et de l’ouverture. Je crois en la force de la philosophie pour aider les autres, même si beaucoup n’y voient généralement rien que du verbiage inutile. Je cherche en ce moment comment concevoir une éducation plus intelligente, plus démocratique et davantage centrée sur l’altruisme efficace, le partage des idées entre élèves, plutôt que sur la performance égoïste et l’angoisse typique de l’échec qui hante depuis trop longtemps les jeunes élèves français. D’ici quelques années, au moment de mon agrégation et de ma future thèse, je pense qu’un premier essai verra le jour à ce propos.
Marie Calmette et Jacques Théron, parents de Gustave Théron (maire de Nages 1955-1974) et arrière arrière-grands-parents de Victor Malzac
Marie Calmette est originaire de Révaliès, c'est la soeur du père de Thérèse Pistre-Caumette.Pour marquer l'an 1900,  Jacques Théron a planté au bord de la route qui traverse Nages, des allées d'arbres dont il reste quelques-uns qui ont échappé à la tronçonneuse.
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Robert Pistre
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