« J’ai failli annuler tous mes abattages, en attendant que ça reparte, résume Lise Monteillet, éleveuse au Vibal, une commune de haute montagne située dans l’Aveyron. Mais parce que tous les maillons se maintenaient, je me suis dit : “On y va !” J’ai alors lancé un appel sur Facebook à destination des particuliers, afin d’abattre ma bête comme prévu. »
Pour la jeune agricultrice, installée depuis deux ans, l’annonce du confinement a été celle de la suspension d’activité de son principal client. Car outre un atelier de gavage de canards vendus sous IGP à la coopérative et une production de myrtilles (1 ha) non commercialisée pour le moment, elle vend la moitié, voire les trois quarts, de chacune de ses carcasses d’aubrac à l’entreprise Lecointre. Acteur de la restauration collective de haut de gamme, cette entreprise sert quatre mille repas à Paris pour les cantines des sociétés Dior, Channel, etc.
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« Tous les maillons de la chaîne se sont maintenus »

« Notre contrat court sur un an, mais aujourd’hui, mon client ne sait pas quand il rouvrira ses portes. » Ses autres partenaires sont de petits supermarchés et des pôles de vente du type Locavor qui ont pu maintenir leur activité. Ses livraisons continuent à être assurées également par le service Chronofresh de la poste affecté aux produits frais. « Tous les autres maillons de la chaîne — de l’abattage à la livraison, en passant par l’atelier de découpe — continuaient. Je ne pouvais pas les laisser tomber. »
Le supermarché du canton a notamment toujours soutenu Lise Monteillet depuis son installation. « Il me prend des viandes à chaque fois, il me met en valeur au niveau de la communication, je ne pouvais pas l’abandonner. » Mais il ne peut pas non plus absorber une carcasse entière. « J’ai donc fait le choix de maintenir mes abattages pour ceux qui continuaient. Mais pour ça, il faut que je parvienne à absorber tout le reste. » Ainsi, l’idée lui est venue de « tout basculer en livraisons à domicile ».

L’Aveyron dans son assiette

« Beaucoup de gens m’ont appelée après l’annonce du confinement, notamment des amis très inquiets de faire la queue pendant une heure devant leur boucherie. Ça m’a convaincu. » Depuis son appel, le 21 mars, sur Facebook, Lise Monteiller a reçu plusieurs commandes. Elle propose des colis de 3, 5 ou 10 kg de viande, livrés à domicile dans toute la France. Les réservations se font uniquement par mail.
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