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Avant de reprendre les sols en vue des semis de printemps, il est indispensable de s’assurer que le sol est ressuyé a minima sur toute l’épaisseur de la couche arable. Même si les 10 ou 20 premiers centimètres sont bien ressuyés, les horizons profonds, plus humides, restent sensibles au tassement.
Après les forts cumuls de pluie de ces dernières semaines, la prudence est de mise pour reprendre les sols dans de bonnes conditions avant l’implantation des cultures de printemps. Commencer les reprises de sol trop tôt, alors que celui-ci n’est pas suffisamment ressuyé, peut s’avérer contre-productif à plusieurs niveaux.
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Premier risque : ne pas réussir à créer un lit de semence adapté
Lorsque le sol est encore trop humide, le travail du sol crée des mottes et des lissages. Si le temps devient séchant, ces mottes vont durcir et perturber les levées. De la même manière, une reprise trop profonde ramènera des mottes plus humides à la surface. Enfin, plusieurs passages du même outil à la même profondeur (deux reprises à la herse rotative par exemple) peuvent aussi lisser le fond du lit de semence et créer une rupture de porosité défavorable à l’enracinement des cultures sensibles comme le maïs.
Deuxième risque : générer du tassement en profondeur
Même si les 10 ou 20 premiers centimètres sont bien ressuyés, les horizons profonds, plus humides, restent sensibles au tassement. Il est donc indispensable de s’assurer que le sol est ressuyé a minima sur toute l’épaisseur de la couche arable. Le modèle Terranimo permet de prévoir les risques de tassement en fonction du poids des machines et de l’état du sol. Les calculs réalisés avec ce modèle (tableau ci-dessous) montrent que lorsque le sol est bien ressuyé sur les 20 premiers centimètres (humidité inférieure à la capacité au champ) et lorsqu’il est à la capacité au champ sur les horizons inférieurs, un risque de tassement existe entre 20 et 40 cm de profondeur. Par contre, si le sol est bien ressuyé sur 40 cm d'épaisseur, on réduit ou supprime ce risque.
Ces précautions sont d’autant plus importantes que le matériel utilisé est lourd et/ou que le sol est sensible au tassement. Par exemple, dans un sol limoneux, travailler avec un tracteur de 110 chevaux pour un poids total (tracteur + outil) de 7 tonnes permet de réduire de 10 à 20 cm la profondeur maximale atteinte par le tassement par rapport à un ensemble de 130 cv et 11 t.
Risque de tassement en fonction du type de sol, de l’épaisseur de sol ressuyée et du type de tracteur utilisé, calculé avec l’outil Terranimo (©Arvalis-Institut du végétal)
(*) 110 cv = tracteur de 110 chevaux + vibroculteur pour un poids total de 7 t
(**) 130 cv = tracteur de 130 cv + herse rotative pour un poids total de 11 t
(**) 130 cv = tracteur de 130 cv + herse rotative pour un poids total de 11 t
Le maïs, particulièrement sensible à la compaction
De manière générale, les cultures de printemps sont très sensibles à la compaction des sols. Des comparaisons de rendement entre sols tassés et non tassés ont montré que le maïs est l’une des cultures les plus sensibles à la compaction. Les pertes ont atteint 20 % du rendement en maïs grain en sol argileux en région Midi-Pyrénées et 35 % en maïs fourrage en sol limoneux dans les pays de la Loire. Les grosses racines du maïs peuvent avoir plus de mal à traverser les zones compactes que les racines des céréales à pailles, plus fines. Le cycle tardif du maïs est aussi davantage impacté par la disponibilité en eau que d’autres cultures, et il implique que la plante soit bien enracinée pour limiter les stress hydriques. L’irrigation et la fertilisation peuvent atténuer les conséquences du tassement mais pas les annuler intégralement.
Impact du tassement sur le rendement de plusieurs cultures. Essais réalisés à Boigneville (91) en limon argileux, la Jaillière (44) en limon drainé et Baziège (31) en sol argileux (©Arvalis-Institut du végétal)
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Quelques astuces pour vérifier le ressuyage des premiers horizons
Pour vérifier que le sol est suffisamment portant et ressuyé pour être travaillé, des tests simples existent. En prenant une motte dans la main et en exerçant une pression entre les doigts :
- Si elle s’émiette sans coller, le sol est au bon état d’humidité pour être travaillé ;
- Si elle s’émiette en collant et forme des boulettes, il y a des risques de faire des mottes et de tasser le sol ;
- Si elle est modelable et colle aux mains, il est beaucoup trop tôt pour intervenir.
Attention, l’observation de l’état de surface n’est pas suffisante : il faut s’assurer que le sol est ressuyé sur une quarantaine de centimètres (épaisseur potentiellement sensible au tassement).
Évaluer si le sol est au bon état d’humidité pour être travaillé (©Arvalis-Institut du végétal)
À retenir ! En résumé, pour s’assurer un maximum de chance de créer une structure favorable à la levée puis à l’enracinement des cultures, les bons réflexes sont d’attendre que le sol soit ressuyé sur toute l’épaisseur de la couche arable, ne pas travailler trop profond et utiliser le matériel le plus léger possible.
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Comment gérer les adventices ou les couverts encore vivants ?
Dans le contexte de l’année, il faut aussi prendre en compte le salissement assez exceptionnel des parcelles. L’automne très humide a favorisé la levée de nombreuses adventices. Dans les parcelles labourées en entrée d’hiver, la douceur hivernale a aussi provoqué des relevées d’adventices sur les labours dans de nombreux cas. Par ailleurs, les couverts sont encore en place dans certaines parcelles puisqu’il n’a pas gelé et que les interventions mécaniques n’étaient pas possibles pour leur destruction.
Il convient de détruire dès que possible ces adventices et couverts, sauf cas particuliers comme la destruction de légumineuses pures avant maïs. Les préparations de sol visant l’implantation des cultures peuvent aussi servir à détruire certaines plantes. Il existe cependant de grandes différences de sensibilité selon l’espèce à détruire et le type de destruction. Les dicotylédones sont globalement plus faciles à détruire que les graminées.
Une préparation de sol, éventuellement précédée d’un broyage, peut détruire assez facilement des couverts de type moutarde, phacélie… Quant aux graminées tallées (couverts, repousses ou adventices), leur destruction mécanique nécessite des conditions séchantes et souvent deux passages espacés de quelques jours « secs » (la seconde intervention peut éventuellement être une préparation superficielle combinée au semis), afin d’atteindre une efficacité plus ou moins totale. Une destruction chimique présente en comparaison une efficacité beaucoup moins aléatoire et permet de semer plus rapidement.
Sensibilité de différents types de couverts à différents moyens de destruction (©Arvalis-Institut du végétal)
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