l'essentielEntre l’agriculture bio ou conventionnelle, il existe une troisième voie que tente de porter Sarah Singla, une jeune agricultrice aveyronnaise : l’"agriculture de conservation des sols".
Alors que la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs lancent une nouvelle action de protestation aujourd’hui, le message porté par Sarah Singla se veut différent. Cofondatrice et présidente de l’association Clé de Sol, cette jeune agricultrice aveyronnaise, milite pour une agriculture paysanne durable.
"En France on a toujours un avis très radical. Soit tout est blanc, soit tout est noir. Nous, nous avançons entre les deux avec des nuances de gris", explique-t-elle pour situer sa démarche et celle d’une cinquantaine d’agriculteurs aveyronnais au sein de Clé de Sol. Entre l’agriculture conventionnelle d’un côté et le bio, de l’autre, elle tente de déplacer le débat vers une autre agriculture : celle de la conservation des sols. "Le principe, c’est de remplacer le métal de la charrue par le végétal", expliquait-elle, la semaine dernière, devant les salariés et le directeur adjoint de Nutrition & Santé, Laurent Hourquet, ainsi que le sénateur Alain Chatillon, lors de la projection privée du documentaire "Bienvenue les vers de terre", au Ciné Get.
"On ne retourne jamais la terre, on l’aère avec des plantes racinaires. On ne la laisse jamais à nu et on établit une rotation des cultures", décrit cette agricultrice passionnée qui a aussi du répondant avec une formation d’ingénieur agronome. Pour elle, "ce procédé évite aussi l’érosion des sols et la pollution des eaux, car moins gourmand en engrais et donc moins coûteux. Avec ces changements climatiques, les plantations sous couvert végétal résistent mieux aux fortes pluies ou à la canicule". Le plus difficile, ce n’est pas de comprendre les idées nouvelles mais d’échapper aux idées anciennes et là aussi l’agricultrice doit faire face à une certaine réticence. "C’est sûr qu’il faudra du changement déjà au niveau de l’enseignement mais on a aussi à convaincre des agriculteurs qui n’ont connu que le labour et quand on leur explique qu’on va cultiver des plantes qu’on ne va pas récolter, ils ont du mal à le concevoir. Pourtant, en moyenne en France des terrains restent nus quatre mois par an. Moi je plante des semences dactyles, de la luzerne, de la prairie, des couverts végétaux, du sarrasin… C’est bon aussi pour la biodiversité et pour fixer le carbone. On maintient la rentabilité économique, tout en préservant l’environnement". Elle est consciente qu’aujourd’hui, l’agriculture coûte cher car le travail du sol et les intrants coûtent cher. "Le semis direct sous couvert végétal" permet de produire plus en faisant des économies et en protégeant l’environnement", explique-t-elle.
"Le labour est à bannir"
Pour Sarah Singla, le labour est à bannir car il détruit les sols et les vers qui l’habitent. "Je ne sais pas labourer", avoue celle qui est aussi allée à bonne école puisque son père, Philippe, fut un des premiers en France à pratiquer, il y a 40 ans, cette agriculture raisonnée et durable conciliant rendements et écologie.
La question du glyphosate
Dans cette agriculture durable, Sarah Singla a un avis sur l’utilisation du Glyphosate qui peut surprendre et ne lui attire pas que des soutiens. "Pour le moment, on n’a pas encore trouvé de véritable moyen de substitution. Si je faisais un petit jardin en permaculture, bien sûr que je désherberais à la main mais sur de grandes surfaces, on a besoin de désherbants chimiques". Pour elle, le tout est de bien s’en servir. "Je suis totalement contre les produits qu’on importe avec le CETA ou le Mercosur car eux utilisent le glyphosate directement sur la plante. Nous, on l’utilise en surface pour désherber avant de planter et les plantes mortes servent de couvert". Une position qui apparemment n’a pas convaincu les députés, le 15 octobre dernier, lors de la présentation du documentaire à l’Assemblée nationale. "Ils m’ont fait comprendre qu’en cette période d’élection, il ne valait mieux ne pas prononcer ce mot de Glyphosate".
AUCHAN
AUCHANLe soutien de Nutrition et Santé à l’ACS
Engagé depuis plusieurs décennies pour des pratiques d’agriculture durable, via ses par
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