jeudi 12 décembre 2019

Les produits agricoles européens de nouveau dans le viseur des Etats-Unis

La France, déjà sous le coup de taxes punitives visant de nombreux vins exportés vers les États-Unis, se voit désormais menacée de nouvelles représailles douanières par Washington, ciblant cette fois les fromages, le beurre ou encore le Champagne. 
L'administration Trump a menacé le 2 décembre de surtaxer "jusqu'à 100%" l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français en réponse à l'instauration en France d'une taxe sur les géants américains du numérique. La mesure n'interviendra pas avant mi-janvier, à l'issue d'une période de consultations pour examiner les éventuelles demandes d'exemptions, selon le représentant américain au Commerce (USTR). Ce serait le cas échéant le deuxième train de sanctions douanières touchant la France : dans la longue bataille juridique autour des subventions accordées à Airbus, les États-Unis ont commencé mi-octobre à appliquer des taxes punitives s'élevant à 10% sur les avions européens et à 25% sur divers produits alimentaires de l'Union européenne dont une partie des vins français.
Cette taxe de 25% pénalise pour l’instant les vins "tranquilles" (non effervescents) français ayant un degré d'alcool inférieur ou égal à 14%, et en contenants de moins de deux litres - soit des exportations représentant un milliard d'euros en 2018. Initialement épargnés, les vins pétillants et mousseux - catégorie incluant les champagnes - sont désormais également menacés de surtaxes par Washington, selon la liste dévoilée par l'USTR. Les ventes des vins mousseux concernés aux États-Unis représentent près de 700 millions d'euros par an, soit près de 40% en valeur des exportations totales de vins français outre-Atlantique, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). "Nous déplorons bien évidemment cette annonce qui, après le litige sur Airbus, cible une nouvelle fois les vins français et toujours dans le cadre d'un différend (...) qui ne concerne en rien notre secteur", a déploré Antoine Leccia, président de la FEVS, cité dans un communiqué.

Fromages, yaourts et beurre

Les fromages français n'étaient jusque-là concernés que de façon très marginale par les surtaxes américaines entrées en vigueur mi-octobre, qui ciblaient d'autres fromages européens comme le cheddar, le stilton ou le parmesan. Cette fois, des fromages français - dont l'emblématique roquefort - sont épinglés, tout comme des yaourts et beurres hexagonaux. Les produits laitiers visés représentaient en 2018 des exportations de 177 millions d'euros vers les États-Unis, dont 155 millions pour les fromages et 13 millions pour le beurre, selon le Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (Cniel). Au total, 87% des ventes de fromages français outre-Atlantique (en valeur) seraient soumises aux surtaxes, et la quasi-totalité (99%) des exportations de beurre. "L'impact est considérable (...) Le sentiment d'inquiétude plane sur la filière" et "il sera un peu compliqué de trouver"d'autres débouchés, alors même que le secteur est également confronté aux turbulences du Brexit, explique Benoît Rouyer, économiste du Cniel.  
"L'agriculture ne peut pas être prise en otage dans le commerce sur les sanctions des Etats-Unis sur des sujets qui ne nous concernent pas. Nous avons demandé au Premier ministre, en lien avec l'Union européenne, de privilégier la voie de la négociation", a réagi Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, à l'issue d'un entretien le 3 décembre avec le Premier ministre Edouard Philippe.
Publié par PLEINCHAMP AVEC L'AFP

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