Lorsque son oncle est parti à la retraite à la fin de 2016, Pierre Dulac a troqué son statut de salarié pour celui de chef d’exploitation. Alors à la tête d’un troupeau de 70 mères limousines, l’arrivée de sa compagne Alyse Levasseur en janvier 2017 s’accompagne d’un nouveau projet. Le Gaec nouvellement créé se lance dans l’engraissement de taurillons, grâce à l’achat d’une stabulation à 5 kilomètres de la ferme. L’objectif est simple : avoir un atelier qui s’autofinance. « Dans la phase de réflexion, nous avons tout calculé pour que la vente des jeunes bovins rembourse l’achat du bâtiment et permette la rémunération d’un deuxième associé », développe Alyse.
Tous les 3 mois, une bande de 45 broutards blonds d’Aquitaine âgés de 4 à 8 mois arrive sur l’exploitation, où ils resteront 9 mois environ. Au total, 170 jeunes bovins sont commercialisés par an. C’est avec la coopérative Euralis qu’Alyse et Pierre travaillent pour faire tourner l’atelier. « Nous vendons des broutards déparasités et vaccinés aux exploitants aux alentours de 1 200 € par tête. Ensuite, nous les commercialisons pour eux », explique Damien Morot-Monomy, technicien en charge du suivi du Gaec chez Euralis.
Garder l’œil sur le GMQ
Quels leviers activer pour assurer la rentabilité de l’atelier ? « Les enjeux sont forts car il faut rembourser l’achat de la stabulation », reconnaît Alyse. « Le GMQ est au cœur de la bataille, affirme Damien Morot-Monomy. Le but est d’engraisser le plus possible et le plus rapidement possible. » Le technicien n’hésite d’ailleurs pas à envoyer des bêtes non finies à l’abattoir. « Passé 270 jours dans l’élevage, ce n’est plus rentable. Le coût de l’aliment, mobilisé en grande quantité à ce stade de croissance ne sera pas couvert pas les quelques kilos gagnés par le jeune bovin. »
Damien Morot-Monomy joue un rôle clé dans le succès de l’atelier, en décidant quand les jeunes bovins partent à l’abattoir en fonction du poids et des besoins de la coopérative. « Nos visites ne doivent pas être trop fréquentes, car ce sont des frais de déplacement pour nous, ni trop espacées, pour faire partir les taurillons au bonmoment, explique-t-il. Laisser un bovin trop longtemps peut coûter cher à l’éleveur. »
Maïs, concentré et paille au menu
Alyse et Pierre misent sur une ration composée de farine de maïs, d’un correcteur azoté, d’un aliment complet et de paille. « Actuellement, notre GMQ est de 1,5 kg par jour. Il y a encore une marge de progrès car la qualité du maïsn’est pas suffisante. De fait, l’aliment complet et le correcteur azotés sont essentiels pour équilibrer la ration. » L’efficience de la ration s’est aussi améliorée avec l’arrivée d’une mélangeuse.
« Avant, nous remplissions le godet au seau, se rappelle Alyse. Les animaux triaient la ration car les calibres des aliments étaient trop différents. Avec de la paille insuffisamment ingérée, les problèmes d’acidose étaient fréquents. La mélangeusebroie la paille. » Le mélange est humidifié pour éviter le tri. « C’est un achat que l’on ne regrette pas. Et en termes de confort de travail, ça change la vie ! »
Ne pas négliger le bâtiment
Autre investissement utile, le réaménagement de l’ancienne stabulation laitière rachetée pour l’atelier. « Nous avons ajouté un couloir de circulation derrière la stabulation et créé des box de 15 places, explique Alyse. Une ouverture à l’arrière du bâtiment permet de faire entrer facilement la caisse de contention. On peut peser et soigner en sécurité. » Pour Damien Morot-Monomy, le réaménagement est une opération à ne pas négliger. « Il est judicieux de la faire au moment de monter l’atelier, car par la suite, il est plus difficile de mettre en œuvre le projet ! »
Le bâtiment joue un rôle clé dans la santé des taurillons. « La stabulation d’Alyse et Pierre est bien ventilée et bien orientée. Il s’agit d’éviter les fluctuations brusques de température, car les bovins y sont très sensibles. Les problèmes respiratoires arrivent vite », souligne Damien Morot-Monomy. Pour le technicien, plusieurs points cruciaux : une hauteur suffisante du bâtiment pour que les grands volumes d’air limitent les variations de températures, une faîtière ouverte, des murs perforés pour limiter les courants d’air. « Avec tout ça, la litière sèche mieux, les taurillons sont en bonne santé et ça impacte positivement le GMQ. »
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