L’Inrae (Institut national de la recherche agronomique) a réalisé un travail d’expertise pour fournir à l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) des éléments sur les impacts économiques du déploiement des alternatives au glyphosate en grandes cultures. Le surcoût varie selon le type de travail du sol.
« L’analyse économique des alternatives au glyphosate dans le secteur des grandes culturesmontre que cette question est intimement liée à celle de l’évolution des stratégies de travail du sol », indique l’Inrae, Institut national de la recherche agronomique, en conclusion de son rapport sur l’évaluation économique des alternatives au glyphosate en grandes cultures divulgué le 9 juin 2020.
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Le travail du sol, principal levier
Ce travail s’inscrit dans le cadre du plan de sortie du glyphosate et fait suite à un rapport réalisé en 2017, évaluant les alternatives possibles. Il complète deux rapports, remis en 2019, consacrés à l’évaluation économique, l’un pour la viticulture et l’autre pour l’arboriculture.
Ainsi, il ressort que le travail du sol est le principal levier pour se passer de glyphosate et que les conséquences sont donc très différentes pour les exploitations qui labourent déjà leur sol et les autres. Et l’impact en termes de coût économique est donc d’autant plus faible que les exploitations labourent déjà fréquemment, voire systématiquement leurs parcelles.
« Les surcoûts obtenus varient de près de 80 €/ha pour les situations en semis direct à 6,5 €/ha pour les situations en labour fréquent, ajoute l’institut. Pour les 18,1 % de surfaces en techniques culturales simplifiées, le surcoût total moyen estimé est de 25,63 €/ha par an. La répartition de ce surcoût est de l’ordre de la moitié pour les charges de mécanisation, l’autre moitié étant partagée entre les charges de main-d’œuvre et de carburant. »
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Un surcoût au regard de l’EBE
Les surcoûts annuels estimés ont été mis en perspective au regard de l’EBE (excédent brut d’exploitation) par hectare des exploitations spécialisées dans la production de céréales et d’oléoprotéagineux.
« Les surcoûts moyens estimés sont relativement faibles en comparaison du revenu pour les agriculteurs qui labourent leurs parcelles, fait savoir le rapport. En effet, la part de ces surcoûts dans les EBE par hectare ne dépasse pas 3 %. Cette part est de l’ordre de 1 % pour les surfaces actuellement en labour systématique, de 1,5 % pour celles en labour fréquent et de 2 % pour celles en labour occasionnel. »
En revanche, les surcoûts estimés des effets du retrait du glyphosate représentent une part significative du revenu des agriculteurs qui ne labourent pas leurs parcelles. « La part des surcoûts moyens estimés dans les EBE par hectare varie, selon les régions, entre 13,7 et 23,4 %pour les surfaces actuellement en semis direct, et entre 4,4 et 7,5 % pour celles en techniques culturales simplifiées », complète l’Inrae.
Deux recommandations
Au terme de ce travail, l’institut estime que deux recommandations peuvent être émises.
La première concerne les bases de données. « Il faut d’une part s’assurer de la capacité des enquêtes culturales à bien capturer les pratiques mises en œuvre au long de l’interculture, appuie l’Inrae. Il faut d’autre part s’assurer de la cohérence globale des différentes bases de données et en particulier, pour les utilisations de produits phytosanitaires. »
La seconde recommandation concerne le besoin de poursuivre les études en ce qui concerne l’agriculture de conservation, en l’absence à ce jour de définition unique. « Il faudrait s’attacher à identifier tous les leviers permettant d’atteindre les services écosystémiques permis par la diversité de cultures, la couverture permanente, la perturbation minimale du sol, sans pour autant recourir à l’usage d’un pesticide systémique », estime en effet l’Inrae.
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