| par BTPL | Terre-net Média
La balance oscille entre 1 200 et 1 800 €, l'écart est conséquent. Mais cette valeur est-elle juste et pertinente ? Combien me coûte réellement une génisse dans mon cheptel ? La bonne question est de savoir combien je peux gagner, dans deux ans, en gardant un lot de petites femelles nées ces derniers jours, soit en les introduisant dans mon troupeau, soit en les vendant.
Les coûts liés à l’élevage des génisses ne sont pas simples à mesurer. Il s’agit le plus souvent d’estimation, plus ou moins précises. En empilant ces briques, on obtient une approche du coût global.
L’autre solution est de considérer le poids UGB des génisses au regard du troupeau laitier. Puis d’affecter les charges en proportion des UGB, vaches laitières ou génisses. Ces affectations vaches/génisses sont-elles plus précises ? Pas toujours.
Aucune des solutions n’est complètement satisfaisante, mais elles donnent un ordre d’idée des coûts. Pour les affiner, il faut reprendre en détail les rations distribuées et les charges génisses sur une année complète. Les chiffres présentés ci-après sont ceux du réseau Ecolait.
D'après les résultats Écolait, découvrez aussi > Les grands troupeaux laitiers tout aussi performants que les autres
85 À 90 €/GÉNISSE POUR LA PHASE LACTÉE
Au-delà de la première semaine, le lait distribué aux génisses représente 85-90 €/génisse. En poudre de lait, le calcul est plus facile. En 2019, la moyenne est de 43 kg de poudre par veau. Mais les écarts vont du simple au double, de 27 à 57 kg par veau entre les ¼ maxi/mini.
Il existe la même diversité de plans d’allaitement pour le lait entier : 448 l par veau en moyenne, de 200 l à 625 l. par veau. En limitant les quantités distribuées, le coût est réduit mais les croissances aussi. Il n’y a pas de différence de coût significatif entre l’allaitement à la poudre ou au lait entier.
D'après un sondage, 1/3 des éleveurs élèvent leurs veaux à la poudre de lait
L’ALIMENTATION EST LE PRINCIPAL POSTE DE CHARGE : 2/3 POUR LES FOURRAGES ET 1/3 POUR LES CONCENTRÉS
Le choix retenu pour l’alimentation des génisses a évidemment un rôle important sur le coût des concentrés par génisse. La moyenne se situe à 220 € par génisse. Nous retrouvons ici aussi des écarts de 128 à 288 € par génisse pour les ¼ maxi/mini.
Pour les fourrages, le coût moyen est de 468 € par génisse. Cette partie fourrage est le principal poste de frais pour l‘élevage d’une génisse. Les écarts sont plus resserrés, de 384 à 542 € par génisse pour les ¼ maxi/mini. Ce coût intègre les charges engrais, semences et traitements liées à la culture et les charges de structure – en particulier mécanisation liées à la mise en place et aux récoltes des fourrages.
Les frais d’élevage sont de 113 € par génisse. Ils englobent les frais d’identification, de paillage, de santé et de reproduction. Les autres charges de structure s’élèvent à 385 € par génisse (groupes Écolait Bretagne). Les charges bâtiment génisses sont souvent réduites, voire quasi nulles. Les bâtiments, où sont logées les génisses, sont souvent amortis et nécessitent peu d’entretien. Le temps de travail, salarié et associé, est compris dans ce chiffre.
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Répartition des charges liées à l'élevage des génisses laitières. (©BTPL)
1 379 € PAR GÉNISSE
Le prix calculé d’une génisse s’élève à 1 379 €, tout compris. Nous avons retenu 100 € pour une femelle à 15 jours. Sans considérer les charges fixes, le coût est de 889 € par génisse. Attention avec les moyennes, les écarts entre élevages sont conséquents. La première étape est d’affiner le calcul avec les données réelles de son exploitation. Ici les calculs sont réalisés avec le logiciel Ecolait Pilot’, mais il existe de nombreux outils ou tableurs.
À partir de 24 mois, compter 1 €/j de retard avant le premier vêlageLe coût de la phase lactée s’alourdit si elle dépasse trois mois. En faisant le choix de la ration sèche, le coût de production d’une génisse risque d’augmenter. Mais la principale variable du coût d’élevage reste l’âge au premier vêlage et l’impact sur la consommation de fourrages en plus. À 24 mois d’âge, le coût de la ration est de l’ordre d’1 €/jour. Une génisse qui vêle à 27 mois coûtera 100 € de plus qu’une génisse qui vêle à 24 mois (100 jours de plus, c’est 100 €).
FAUT-IL ÉLEVER SES PROPRES GÉNISSES OU ACHETER DES AMOUILLANTES ?
Si l’on considère uniquement le coût de revient, la réponse est plutôt non au regard du marché des dernières années. Mais au-delà du calcul, il faut ajouter d’autres dimensions :
- Génétique : quel est le vrai potentiel des génisses que j’achète ? Est-ce qu’elles sont adaptées à mon système de production ?
- Sanitaire : comment apprécier le risque santé, avec l’introduction d’’animaux dans mon troupeau ?
- Sans oublier le temps de travail : est-ce que j’ai le temps pour suivre l’élevage des génisses ? La délégation complète des génisses est possible dans de nombreuses régions. Il faut surtout trouver l’éleveur de génisses qui partagent vos attentes et vos exigences en termes de croissance, pour ne pas être déçu.
Témoignage d'éleveurs > Le Gaec Plaisir des champs (35) a fait le choix de déléguer l'élevage des génisses pour remplacer un associé et limiter les charges
Il faut néanmoins considérer l’élevage des génisses plus comme un investissement qu’un coût. En réduisant trop fortement les concentrés, la qualité des fourrages ou celle de la phase lactée, les croissances sont rarement au rendez-vous. Ce qui est gagné sur l’élevage de la génisse peut très vite être perdu en lait sur les premiers mois de lactation.
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