vendredi 5 juin 2020

EARL du bois des saules (76) Après plus de 30 ans de traite au pipeline, bientôt le grand changement !

 | par   |  Terre-net Média
« Mes grands-parents se sont installés en 1986 en produisant 56 000 litres de lait. Aujourd'hui, on en produit huit fois plus et toujours dans la même salle de traite, au pipeline. Il est temps que ça change ! » En Seine-Maritime, près de Saint-Valery-en-Caux, Julien Comont et son père Patrice ont hâte que les travaux se terminent puisqu'une nouvelle stabulation avec traite robotisée devrait prochainement voir le jour pour leur troupeau de Normandes.


C'est à Drosay en Seine-Maritime (76) que Patrice Comont cultive 72 ha et élève 55 vaches laitières normandes et leur suite. Il est épaulé par son apprenti et son fils Julien qui espère prochainement s'installer.
L'EARL du bois des saules (76) en quelques chiffres :
2 UMO (Patrice Comont, son fils Julien à mi-temps et un apprenti)
72 ha de SAU dont 24 ha de blé, 16 ha de maïs fourrage (dont 12 ha en dérobées ray-grass/trèfle avant maïs), 12 ha de lin, 8 ha de betteraves et 12 ha de prairies
55 vaches laitières normandes à la traite
600 000 l de référence (Eurial), 450 000 l livrés actuellement
8 500 l/VL
Taux moyens : 36 de TP, 43,5 de TB
Cellules en moyenne sur l'année : 150 000
2,5 lactations en moyenne par vache
Engraissement de quelques taurillons et des vaches de réforme
Passionnés par l'élevage et la race normande, père et fils portent une attention particulière à la génétique et la conduite de leur troupeau, si bien qu'ils sont récemment parvenus à se classer 4e de la top liste des meilleurs élevages sur le lait à 305 jours de l'OS Normande, avec 8 390 l/VL de moyenne à 305 j.
Objectif : simplifier le travail et gagner du temps, notamment le week-end !Pourtant, dans ce secteur de la Normandie, la concurrence est rude entre l'élevage et les cultures, notamment le lin. Avec une surface plutôt restreinte, ils ont, depuis peu, fait le choix de passer les génisses en ration sèche et ainsi libérer des surfaces en maïs pour faire davantage de cultures de vente. « Cela nous fait aussi gagner du temps au quotidien. On n'a que des seaux à préparer à l'avance, explique Julien. Autres avantages : les animaux sont plus propres, ont un meilleur poil et surtout, ils poussent bien. Cela nous permet d'intensifier l'élevage des génisses pour les faire vêler plus tôt (objectif : 24 mois). »
Génisse laitière NormandeDepuis un an, les génisses normandes de l'exploitation sont en ration sèche. Un vrai gain de temps pour les éleveurs et une libération de surfaces en maïs pour faire plus de cultures de vente. (©Terre-net Média)
Ration hivernale des vaches laitières (brut) :
25 kg de maïs
15 kg d'ensilage d'herbe
12 kg de pulpe
1,2 kg de correcteur protégé
750 g de drêches de blé
3,2 kg VL 400
400 g minéraux
400 g paille broyée
(L'été, le pâturage remplace l'ensilage d'herbe, le VL 400 est diminué à 2,5 kg et la paille broyée passe à 1 kg).
Ration génisses :
Paille à volonté
4 kg d'un mélange à 50 % de VL 400 et 50 % de drêches de blé

UN AGRANDISSEMENT PROGRESSIF DE L'ÉLEVAGE...

Outre le changement pour un passage en ration sèche des génisses, c'est une toute autre chose qui anime les éleveurs depuis quelques temps : la construction d'une nouvelle stabulation.
« On aimerait grimper à 60-65 vaches et produire ce qui nous est accordé par la laiterie. En revanche, le poste de traite est très limité puisque nous sommes en pipeline. » Le bâtiment actuel est lui aussi déjà saturé. « Il est conçu pour 50 vaches, pas plus, et l'agrandir n'est pas envisageable car il se situe entre la mare et l'entrée de la ferme. De plus, c'est un bâtiment 100 % paillé avec une marche en béton à l'auge de 2 m de large, ce qui n'est pas l'idéal. Du lisier s'accumule au bout du trottoir, ce qui nous oblige à vider toutes les semaines. On consomme alors beaucoup de paille (environ 400 t/an, la plupart en échange paille/fumier). »
Stabulation vaches laitières aire pailléeLa stabulation actuelle des vaches laitières : une aire paillée avec un trottoir en béton. (©Terre-net Média)
Après avoir longuement réfléchi (plus de trois ans), Patrice et Julien se sont lancés dans ce grand projet. Un cap de plus pour cet élevage familial dont les bâtiments d'élevage sont sortis de terre au fur et à mesure des années.
Vue aérienne d'une ferme d'élevageÀ leur arrivée en 1986, les parents de Patrice ne disposaient que d'un seul bâtiment (n°1 sur la photo), Patrice l'a agrandi en 1992 lors de son installation (n°2). Est ensuite arrivé le 3e bâtiment en 1995 (n°3), puis il a fallu faire la mise aux normes du bâtiment VL en 2009 (n°4). En 2015, un bâtiment de stockage a fait son apparition (n°5) et bientôt, c'est une toute nouvelle stabulation qui verra le jour (n°6). (©EARL du bois des saules)

... ET PROCHAINEMENT UN NOUVEAU BÂTIMENT D'ÉLEVAGE FONCTIONNEL

Le chantier a démarré début janvier. Les éleveurs ont choisi de rester en aire paillée mais avec caillebotis au niveau de l'aire d'alimentation. « L'aire paillée reste le top niveau confort et nous souhaitions garder une part de fumier pour les cultures. Nous n'avions pas la place pour faire une fosse à côté du bâtiment et selon plusieurs études, les caillebotis raclés sont ce qui se fait de mieux pour les pattes. » Ils ont également opté pour un robot de traite Lely A5.
Côté dimensions, si l'ancienne stabulation faisait 36 m de long par 21 m de large, le nouveau bâtiment fera 66 m de long sur 21 m, soit plus de 650 m2 d'aire paillée. « On devrait consommer moins de paille pour les vaches laitières (environ 40 % de moins) mais on compte remettre en place notre atelier de taurillons (arrêté par manque de place). On devrait donc rester à 400 t de paille/an. »
Construction stabulation vaches laitièresLe chantier avance mais il a pris beaucoup de retard à cause du mauvais temps cet hiver et du covid-19 au printemps. La maçonnerie qui devait être terminée fin janvier (signé sur le devis) ne sera finie qu'en juin. (©Terre-net Média)
Le couloir d'alimentation sera fermé par un bardage bois car exposé aux vents dominants de pluie (sud-ouest). À l'est, le long de l'aire paillée, le bâtiment restera ouvert et le paillage se fera par l'extérieur. Les éleveurs ont accepté de partager leur plan du bâtiment réalisé par Lely :
Plan de la stabulation vaches laitières de l'EARL du bois des saules (76)Plan du futur bâtiment vaches laitières de l'EARL du bois des Saules (76) réalisé par Lely. On distingue bien l'aire paillée, avec en plus une case de tri, l'aire d'exercice sur caillebotis, le local robot, la laiterie et le bureau. (©EARL du bois des saules/Lely)
Combien ça coûte tout ça ? Les éleveurs confient : « Nous investissons environ 500 000 € tout compris : 100 000 € pour les fosses, 100 000 € pour le bâtiment, 80 000 € pour le terrassement, la laiterie et les dalles de béton, 180 000 € pour le robot de traite + la porte de pâturage + un robot racleur + un robot repousse-fourrage et 40 000 € de tubulaire + contention + trémies de concentrés. On a aussi fait une demande d'aides PCAE et on devrait toucher 60 000 €. »
Les génisses vont vêler et le bâtiment n'est pas prêt : le retard du chantier nous met à mal !Même si le projet a été bien ficelé, il y a toujours un hic et dans le cas présent, ce sont de gros retards dans les travaux. « La maçonnerie devait être finie fin janvier (c'est ce qu'on a signé) mais le mauvais temps sur l'automne/hiver a bloqué le terrassement. Ensuite, c'est le coronavirus qui a arrêté le chantier pendant six semaines. Là, les gros travaux devraient se terminer en juin », espère Patrice. Car ce retard pose d'autres problèmes : « Pour agrandir le troupeau, nous avons gardé plus de génisses et elles doivent vêler cet été, explique Julien. Le robot devait être mis en route en juin pour être saturé en août avec les vêlages (18 en tout). Là, tout est bousculé et on ne peut pas retarder les vêlages ! On n'aura pas assez de place dans l'ancien bâtiment donc on devra tarir des vaches plus longtemps, sans compter qu'on devra apprendre les génisses à la salle de traite puis les transférer au robot... »

LE ROBOT DE TRAITE : « UN SOULAGEMENT APRÈS PLUS DE 30 ANS À TRAIRE »

Le robot de traite est grandement attendu à la ferme. Ça sera un sacré changement comparé au pipeline ! « On passe actuellement 2 heures à chaque traite. On rentre 8 vaches en même temps et on en trait 4 à la fois, explique Patrice. Ça n'est pas si long que ça, d'autres éleveurs mieux équipés y passent autant de temps mais c'est surtout pénible. Voilà maintenant 30 ans que je trais de cette manière ! » Pour son fils Julien, hors de question d'y passer 30 ans à son tour : « Mes grands-parents se sont installés en 1986 en produisant 56 000 litres de lait. Aujourd'hui on en produit 8 fois plus et toujours dans la même installation. Il est temps que ça change ! »
Traite des vaches laitières au pipelineEn moyenne actuellement, les éleveurs mettent 2 heures à traire. Ils rentrent 8 vaches en même temps et peuvent en brancher 4 à la fois. (©EARL du bois des saules)
Pourquoi Lely ? « Nous avons visité beaucoup de bâtiments pour comparer les logettes et l'aire paillée, nous avons aussi vu toutes les marques de robots, notamment en Normandes. On était d'ailleurs contents de voir que la Normande fonctionne aussi bien que la Holstein au robot ! Nous avons alors opté pour le A5 de Lely car c'est le robot et la marque qui nous ont le plus convaincus. »
Et les éleveurs ne se sont pas contentés que du robot. Ils ont pris l'option Meteor pour le lavage des pattes à la traite et une porte de pâturage. « Même si notre objectif n'est pas de faire du lait à l'herbe, nous souhaitons conserver la part actuelle de pâturage », expliquent-ils. Et pour continuer sur leur objectif du gain de temps, en plus du robot racleur Discovery, ils se sont offerts le repousse fourrage Juno de la marque. Le tout est d'ailleurs déjà arrivé sur l'exploitation et attend d'être installé...
Robot de traite Lely A5 neuf, encore emballéLe robot A5 de Lely est arrivé en mars sur la ferme. En attendant d'être monté, il est soigneusement rangé dans un bâtiment, derrière des ballots de paille, pour ne pas faire languir davantage les éleveurs... (©Terre-net Média)
« Quand on regarde en arrière, on constate une sacrée évolution de l'exploitation, et j'espère que cela nous aidera à être encore plus performants demain », aspire Julien en réfléchissant déjà à son installation future avec comme objectif de « mieux valoriser le lait, pourquoi pas via la transformation... » Affaire à suivre donc !

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