| par Delphine Scohy | Terre-net Média
Quand on réfléchit à une conversion en bio, beaucoup de questions se posent : quels effectifs par rapport à la SAU ? Quel litrage ? Le système existant est-il adapté ou faudra-t-il modifier les bâtiments et le parcellaire ? Conseiller d'élevage spécialisé en bio chez Eilyps, Frédéric Touchais liste les impacts d'une conversion à garder en tête.
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« Suivant les contraintes et les atouts d’une exploitation, chaque conversion est unique », explique Frédéric Touchais, conseiller d'élevage à Eilyps. Dans la vidéo ci-dessus, il liste les impacts d'une conversion à la bio pour une exploitation laitière :
L'ÉLEVAGE S'ADAPTE AUX SURFACES ET NON L'INVERSE
« Il faudra adapter vos effectifs en fonction de la qualité de vos terres. » Retenir alors les chiffres suivants : 0,9 UGB/ha en zone séchante contre 1,4 UGB/ha en zone humide. « Les chiffres seront certainement revus à la baisse eu égard aux années de sécheresse », nuance-t-il cependant.
« Pour le pâturage, il faut minimum 45 ares accessibles par vache, c'est à dire 25 ares de rotation de base + 20 ares complémentaires. Dans tous les cas, plus on a d'ares accessibles par vache, moins on stocke et moins ça nous coûte », résume l'expert.
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COMBIEN DE LITRES/HA SAU ?
La conversion fera-t-elle baisser la quantité de lait livrée ? Pas forcément. Frédéric Touchais présente plusieurs cas de figure :
- Avec une production de 4 500 l/ha, le système est déjà proche du bio donc la conversion n'engendrera pas de grande modification.
- Entre 4 500 et 6 000 l/ha, le maintien de production sera possible si on remplace une partie des cultures de vente par des surfaces fourragères.
- Par contre, au dessus de 6 000 l/ha de SAU, la conversion entraînera une sous-réalisation de la livraison actuelle.
« Dans tous les cas, il faut avoir en tête qu'il faut 6 t MS de fourrage/vache/an en besoin d'ingestion. »
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SALLE DE TRAITE, BÂTIMENTS ET CHEMINS : LES INDISPENSABLES DE LA CONVERSION
« Il y a trois points déterminants pour l'infrastructure : le système de traite, les bâtiments et les chemins. » Pour la traite, la salle de traite classique est un avantage car elle peut évoluer, contrairement au robot de traite qui s'avère limitant.
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Concernant les bâtiments, les normes en bio imposent d'avoir par vache 6 m2 d'aire paillée ou une logette, 4,5 m2 d'aire d'exercice et 1 place à l'auge. Pour les génisses, on est à 1,5 m2 d'aire paillée/100 kg de poids vif. Pour les veaux, il doivent être en case collective à partir d'une semaine avec accès à l'extérieur et être nourris au lait maternel jusqu'à trois mois.
Troisième point : les chemins. « Indispensables pour la circulation et pour éviter les boîteries, les bons chemins permettent de sortir les animaux le plus tôt au printemps et de les rentrer plus tard l'hiver, et ainsi réaliser des économies de fourrage. »
Eilyps, organisme de conseil en élevage de Bretagne, propose d'ailleurs un accompagnement aux éleveurs qui se dirigent vers la bio. Il s'agit du "Pass bio" qui consiste à reprendre point par point les éléments de la conversion, réaliser deux hypothèses de projection technico-économique sur cinq ans. Il est d'ailleurs financé à 80 % par la région Bretagne.
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