vendredi 18 octobre 2024

L’Europe sert-elle toujours les intérêts des éleveurs ?

 


[Conjoncture Bovine] La grande majorité des crédits de l’Europe sert à alimenter un ogre administratif gargantuesque.

 Qui sont ces cerveaux brillants qui dessinent les contours de la future politique agricole commune (PAC) de l’Europe ? Il faut être normalien pour appréhender l’ensemble des mesures qui s’appliquent aux agriculteurs, pour orienter nos modèles vers une transition agroécologique et climatique (Green Deal). Des centaines de milliards sont déployées pour arroser une agriculture sous perfusion. Si les sommes déployées allaient directement aux producteurs, leurs situations seraient certainement plus enviables, mais non, la grande majorité des crédits de l’Europe sert à alimenter un ogre administratif gargantuesque. La PAC est une politique de soutien à une production agricole de masse à bas prix, dont l’un des buts est d’assurer la compétitivité des industries agroalimentaires et une alimentation bon marché. En revanche, elle s’intéresse peu au fonctionnement des chaînes de transformation et de distribution, et a peu de pouvoirs sur le partage de la valeur dans les filières.

La France reste le premier pays producteur européen avec un cheptel d’environ 17 millions d’animaux sur les 75 millions de l’EU devant l’Allemagne, l’Espagne et l’Irlande. Mais alors que de nombreux pays décapitalisent fortement, l’Espagne surfe sur une politique basée sur l’export (comme sur sa filière porcine) avec une forte proportion de broutards et de veaux français pour accroître sa production.

En France, la décroissance a un impact direct sur la filière. Dans un contexte économique compliqué, les industriels de la viande ont de plus en plus de mal à anticiper les effets de la décapitalisation.

Les industriels qui ont longtemps considéré la viande comme un minerai ont bénéficié de cette décapitalisation, pour tenir des prix bas et répondre aux exigences des distributeurs. Tout le monde s’accordait sur le dos des éleveurs, renforçant ainsi ce cercle vicieux. Or, l’équilibre du marché a changé de main, avec des volumes de viande qui seront de moins en moins en adéquation avec les besoins du marché. Les importations seront désormais incontournables.

Dans ce panorama peu reluisant, il y a pourtant des hommes et des femmes qui se battent pour relever tous ces défis et proposer des produits de qualité à un consommateur en plein questionnement et soumis à des contraintes économiques drastiques.

Faire correspondre l’offre à une demande en pleine évolution avec des budgets comprimés est compliqué. La base de travail reste une vache avec ses multiples morceaux.

La valorisation de la viande ne peut passer que par le steak haché qui est le seul produit indispensable aux familles. Les viandes de qualité bénéficient d’une bonne résistance des ventes dans la boucherie traditionnelle avec toujours une adaptation à la demande saisonnière des clients. La consommation domestique s’effectue de plus en plus dans les restaurants (mis à part pour le week-end). La RHD est toujours très sensible au niveau de prix des viandes avec de l’import toujours très représenté même s’il diminue. Chacun est très attentif à ce qui se passe hors de nos frontières, avec une guerre économique qui se fait autour du minerai.  

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