mercredi 16 octobre 2024

Femmes en agriculture : 15 propositions pour abolir les inégalités avec les hommes

 


La Mutualité sociale agricole (MSA) publie un livre blanc destiné à faire reconnaître à leur juste valeur la place des femmes en agriculture, où un agriculteur sur trois est une agricultrice et que près de quatre salariés agricoles sur dix sont des femmes.

Elles sont éleveuse d’ovins en Aveyron, éleveuse de bovin viande en Aveyron, productrice de fruits et de vin AOP dans le Vaucluse, productrice de semences et pépiniériste dans le Maine-et-Loire, conseillère clientèle au Crédit Agricole Toulouse 31 et directrice retraitée d’agence au Crédit agricole Charente-Périgord. Elles sont administratrices ou présidente de leur caisse MSA, sinon administratrice de la caisse centrale de la MSA. Et elles sont les autrices du libre blanc « Femmes en agriculture : 15 propositions pour valoriser et favoriser l’exercice des matières agricoles par le femmes ». Publié par la MSA en cette Journée internationale des femmes rurales, le livre blanc a été remis à Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la Ruralité, du commerce et de l’artisan.

Les engagements de la MSA

La publication du livre blanc est pour la MSA est un des points saillant de cette année 2024, placée sous l’égide des femmes salariées agricoles et exploitantes. « Les femmes du monde agricole et rural, trop longtemps invisibilisées ont petit à petit gagné en reconnaissance et en droits sociaux. Cependant, le chemin parcouru ne doit pas éclipser les combats qui restent à mener pour leur permettre d’acquérir une véritable reconnaissance », décrit la MSA. Et de pointer le trop grand nombre de femmes toujours dénues de statut et considérées inactives alors qu’elles contribuent le plus souvent à la gestion de l’exploitation, les difficultés d’appréhender les imprévus de la vie de famille (enfant malade, statut d’aidante…) sur fond d’inégalité en matière de travail domestique, les lacunes dans prise en compte des besoins de santé spécifique (grossesse, ménopause etc.) ou encore l’inadaptation du matériel à leur morphologie et à leur anatomie. Sans oublier le poids persistant du modèle masculin dans les constructions et les représentations sociétales autour des responsabilités.

Statut et reconnaissance du travail : 2 propositions

- engager des campagnes de communication pour sensibiliser à l’importance d’un statut pour les femmes et les conséquences fortes de l’absence de statut ;

- proposer systématiquement un rendez-vous aux personnes concernées par la limitation du statut de conjoint collaborateur à cinq ans pour définir avec elles le statut vers lequel basculer.

Trois vies - professionnelle, personnelle, famille - de front : 3 propositions

- développer un réseau de soutien et une communication spécifique en direction des femmes victimes de violence, vivant dans les territoires ruraux ;

- permettre un recours au service de remplacement au-delà des 35 heures hebdomadaires ;

- proposer une offre de garde en milieu rural aussi développée et abordable qu’en milieu urbain, avec une prise en charge financière plus élevée pour les familles monoparentales.

Besoins spécifiques de santé : 3 propositions

- renforcer l’aide au répit en proposant un congé en cas de maladie grave chez l’enfant ; 

- faciliter une visite systématique chez le gynécologue ou la sage-femme, aux âges clés de la vie, pour les femmes du monde agricole afin de relancer le suivi et leur permettre de bénéficier des actions de prévention et de dépistage, de suivi de la grossesse et de la prise en charge de la ménopause. Par exemple, en développant et en soutenant les initiatives de consultations de gynécologues itinérantes ;

- mettre en place des visites spécifiques, pendant la grossesse et lors de l’accueil du jeune enfant, pour les femmes salariées et non-salariées qui manipulent des produits spécifiques et subissant des conditions de travail avec usure professionnelle.

Accès aux métiers : 2 propositions

- obtenir une parité dans les commissions d’homologation du matériel pour intégrer de nouveaux critères (morphologie, poids du matériel…) ;

- favoriser la mise en place d’une organisation du travail qui contribue à la bonne santé physique et mentale en développant la prévention primaire des TMS/TPS au travers, notamment, de formations « gestes et postures » visant à prévenir les accidents du travail. Plusieurs applications pourront être développées : viticulture, manutention, tailles des vignes et des arbres, traite et manipulation des bovins, tâches administratives, etc.

Prise de responsabilités professionnelles et sociales : 5 propositions

- favoriser l’engagement de toutes et de tous en mettant en place des modules de formation « égalité femmes-hommes » dans les enseignements agricoles et dans les futures « France services agriculture » au moment de l’installation ;

- développer des services de remplacement « vie de famille » qui puissent aussi servir pour les gardes d’enfants, afin de libérer du temps aux femmes souhaitant avoir un engagement citoyen ;

- créer des avantages fiscaux ou des dérogations fiscales quand les femmes s’engagent – notamment pour les familles monoparentales ;

- faciliter le recours à l’aide à domicile pour toutes les femmes qui en ont besoin ;

- assurer une représentation paritaire lors des élections MSA analogue à celles des chambres d’agriculture : chaque liste comportant au moins un candidat de chaque sexe par tranche de trois candidats. Les organisations professionnelles agricoles pourraient s’inscrire dans la même dynamique.

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