Les agriculteurs se posent encore de nombreuses questions concernant l’installation de panneaux photovoltaïques sur leurs parcelles agricoles. Les rencontres du Ciirpo du 19 septembre ont été l’occasion d’échanger sur les zones d’ombre qui subsistent.
Lors de la matinée « quoi de neuf pour mes brebis », organisée par le Ciirpo le 19 septembre, Julien Fradin, de l’Institut de l’élevage, a présenté l’état des connaissances actuelles sur l’agrivoltaïsme au sol. De nombreux moments d’échange entre les éleveurs, qu’ils soient déjà équipés ou curieux, les développeurs photovoltaïques et les membres des instituts techniques ont permis de partager des retours d’expérience et de faire le point sur les données disponibles. Voici un échantillon des questions les plus fréquemment posées par les agriculteurs.
Quelle hauteur pour les panneaux ?
« Les panneaux doivent être installés au minimum à hauteur d’homme pour permettre une bonne exploitation de la parcelle », indique Julien Fradin. « Cependant, il est important de prendre en compte l’acceptabilité sociétale. Si les panneaux sont trop hauts, ils sont plus difficiles à dissimuler derrière des haies, ce qui peut entraîner des réticences de la part des voisins. »
Les animaux sont-ils affectés par la présence des panneaux ?
D’après le témoignage d’un éleveur ayant installé des panneaux photovoltaïques au sol dans l’une de ses pâtures : « le bruit des onduleurs ne dérange pas les animaux. La technologie a beaucoup évolué ces dernières années et les systèmes sont désormais bien plus silencieux. » Quant aux éventuels courants parasites, aucune preuve n’a été apportée jusqu’à présent. En ce qui concerne la production d’agneaux, bien que les essais soient encore peu nombreux, « elle ne semble pas affectée par la présence des panneaux », selon Julien Fradin, une observation confirmée par les éleveurs présents.
Qu’en est-il de la production de fourrages sous les panneaux ?
« Contrairement aux céréales, les fourrages valorisent bien la baisse de rayonnement solaire, qui atteint 92 % selon les études. À l’ombre, la plante met plus de temps à monter en épis ; ainsi, la concentration en protéines est plus élevée et les UF sont maintenus », explique Julien Fradin. Un éleveur ajoute : « Attention, les prairies sous les panneaux ne peuvent plus être ressemées, car les machines agricoles ne peuvent plus passer. Les prairies temporaires finissent par devenir permanentes, avec la baisse de performance que cela implique. Ces parcelles sont donc dédiées aux animaux ayant des besoins moindres. »
Quelle répartition de l’eau sur une parcelle recouverte par des panneaux ?
« Il faut bien penser à l’orientation des panneaux pour optimiser la répartition de l’eau sur la parcelle, avertit Julien Fradin. L’idéal est de pouvoir piloter les panneaux pour les orienter selon les besoins de l’agriculteur », mais il précise que, dans tous les cas, seul le développeur aura la main pour orienter les panneaux. Il ajoute que « pour pallier le problème de la répartition de l’eau, il est possible d’installer les panneaux à la verticale ». Julien Fradin explique également que « la diminution de la pluie sous les panneaux (- 90 %) est en partie compensée par la diminution de l’évapotranspiration (- 83 %) ». Toutefois, ces données varient selon l’effet milieu et le type de sol.
Quelle dangerosité pour les intervenants ?
« Il faut être vigilant sur la sécurité, c’est de l’électricité », prévient Julien Fradin. « Une formation obligatoire est nécessaire pour travailler en milieu électrique. Il faut bien prendre en compte que certaines tâches devront être effectuées manuellement, car les machines agricoles ne peuvent plus accéder à certaines zones sous les panneaux. »
Concernant le fermage, l’agriculteur peut-il être expulsé une fois les panneaux installés sur une parcelle louée ?
L’association entre le propriétaire et l’exploitant est essentielle pour se lancer dans un tel projet. L’agriculteur est en position de force : si l’agriculteur ne fait plus partie du projet, celui-ci ne tient plus. Des contrôles réguliers sont effectués tout au long de la vie du projet (tous les 1 à 5 ans), et la parcelle ne peut rester plus de six mois sans exploitation agricole sous peine de démantèlement du projet.
Que se passe-t-il à la fin du projet ?
« Au bout de 40 ans, le développeur est tenu de démonter toutes les installations et de remettre la parcelle dans son état initial. L’assurance des qualités agronomiques du terrain est incluse dans cette clause », précise Julien Fradin.
En conclusion, pour les éleveurs intéressés par l’agrivoltaïsme, il est essentiel de prêter attention à la flexibilité du projet afin de ne pas entraver la production agricole sous les panneaux, tout en tenant compte de son acceptabilité sociétale. D’autre part, bien que cela puisse représenter un revenu supplémentaire, il faut prendre en compte que des travaux manuels supplémentaires seront nécessaires pour l’entretien des parcelles.
L’agriculteur a un rôle clé, et plus le projet agricole est solide, plus les développeurs ont de chance de mener à bien leur installation. Il est important d’aborder ce type de projet avec une approche entrepreneuriale, de discuter en amont de tous les aspects avant de signer, tout en restant méfiant face aux offres trop alléchantes. Le Ciirpo a d’ailleurs lancé un projet de photovoltaïque au sol, dont l’objectif est de tester diverses techniques et équipements afin de produire des références pour les éleveurs ovins. Un site d’acquisition de données de 13 ha et un site de démonstration seront installés dans les années à venir.
Un article de Julie Teulade
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