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DES HOMMES ET DES FEMMES VENUS DE LOIN ENRICHIR NOTRE TERROIR
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Sculpture de Jacques Bourges : personnes itinérantes
Cette période de confinement est propice à la réflexion sur les sujets fondamentaux de nos destinées humaines. Sur la suggestion des jeunes membres de l'équipe qui prépare la Gazette, celle-ci est consacrée à ceux de nos compatriotes venus d'ailleurs et souvent de très loin enrichir notre terroir. Les habitants de cette région ont deux caractéristiques complémentaires : - la méfiance vis-à-vis des inconnus, qu'ils soient ou non étrangers ; - mais dès que la confiance est établie, les inconnus entrent dans le cercle de la solidarité locale. Les citadins ont des réflexes différents vis-à-vis des inconnus, Français ou non : absence de méfiance a priori, avec le risque de la naïveté et ultérieurement celui de l'ignorance réciproque plutôt que de l'adoption plénière. Nous avons eu différentes vagues de populations arrivées en diverses périodes, des Polonais, après la Guerre de 1914, jusqu'aux Roumains d'aujourd'hui. Il y aurait encore à parler d'autres origines. Rappelons aussi que nous avons déjà parlé de la nombreuse communauté juive assignée à résidence pendant la dernière guerre. Au niveau symbolique fort, il s'ajoute depuis peu la présence d'un prêtre venu de Côte d'Ivoire qui a la responsabilité de la plupart de nos paroisses. Pour nous, la fierté de nos racines et de notre identité va de pair avec l'ouverture au monde. L'accueil se fait d'autant mieux que les nouveaux venus trouvent des habitants fiers de leur territoire.
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UNE FORTE COMMUNUTÉ PORTUGAISE VENUE CONTRIBUER AU DÉVELOPPEMENT DE LA CHARCUTERIE MAIS AUSSI DES ARDOISIÈRES, DES CARRIÈRES ET DES PLANTATIONS
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AMÉLIE ET JOACHIM NEVES
Joachim Neves, pouvez-vous nous dire quand vous êtes venu à Lacaune ? Je suis arrivé à Lacaune en 1986 après mon mariage avec Amélie, le 21 décembre 1985. Amélie était arrivée du Portugal avec ses parents depuis 1979. Elle avait alors 14 ans. J'étais forgeron au Portugal à SCHAVAES dans le nord du pays. C'est là où j'ai rencontré Amélie. Nous sommes nés à 10 km de distance Combien de Portugais sont venus travailler dans la charcuterie de Lacaune ? Plus d’une centaine de familles de Portugais sont venues à Lacaune et aux alentours, non seulement dans la charcuterie, mais aussi il y en avait beaucoup dans les ardoisières et les carrières ainsi que dans les plantations.
Qu’est-ce qui vous a attiré pour faire ce travail ? Comment avez-vous été accueillis ? Amélie et moi sommes restés à la charcuterie Maison Milhau, Amélie depuis 39 ans et moi depuis 33 ans. Nous y avons été bien. La preuve, nous y sommes restés toute notre carrière.
Joachim Neves, vous présidez l’association Fatima de Lacaune, quel est son objet ? On l’a créée en mai 2 000. C’est une fête identitaire pour la communauté d’origine portugaise. C’est pour marquer les évènements qui se sont passés à Fatima en 1917, quand trois jeunes bergers ont été témoins à plusieurs reprises d'une apparition mariale. Le 13 octobre 1917, des milliers de personnes ont assisté au miracle du soleil tournoyant sur lui-même comme un disque d'argent. Aussi chaque année, les 13 mai et 13 octobre, il y a à l’église de Lacaune, une messe animée par la communauté portugaise, suivie d’une procession aux chandelles et le verre de l’amitié. L’association a acheté une Vierge de Fatima qui est placée dans une chapelle latérale et dont Amélie prend le plus grand soin. L’association a essayé d’organiser un réveillon de la communauté pour le nouvel an, mais cette manifestation n’a pas pris. Quels sont les liens maintenus avec le Portugal ? On y va au moins une fois tous les ans voir la famille et le père de Joachim. On a une maison là-bas. Les parents d’Amélie sont restés à Lacaune. Beaucoup de Portugais ont une maison au Portugal. Pour la retraite, beaucoup restent ici pour demeurer proches de leur descendance qui a fait souche en France. Notre fils a 27 ans et réside à Millau, où il est kiné. Notre fille, aide médico-psychologique, travaille à la maison de retraite de Lacaune à l’unité Alzheimer.
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LES ROUMAINS DERNIERS ARRIVÉS RÉCEMMENT EN NOMBRE comme Mihail et Elena Pop
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Mihail a 39 ans et sa femme Elena 35 ans. Ils viennent d'une ville à côté de Bucarest. Ils sont en France depuis neuf ans et ont une fille de 15 ans qui va entrer au Lycée. Ils ont acheté une maison à Lacaune. Mihail a exercé divers métiers en Roumanie, puis a été chercher du travail en Allemagne, au Danemark et en Suède. Il est revenu en Roumanie. Là il a travaillé pour une entreprise de désossage qui l'a envoyé en France.
Cette entreprise a travaillé pour le compte de Roussaly SAS, qui voyant les performances de Mihail a décidé de l'embaucher en CDI. Sa femme l'a rejoint deux mois après et travaille aussi pour l'entreprise Roussaly dans le service des commandes, elle suit les clients et s'occupe aussi des emballages. La qualité exceptionnelle de l'accueil par Fabienne, Jérôme et Pascal Roussaly a été la clé de la réussite de leur implantation.
Mihail et Elena se plaisent bien dans notre région qu'ils découvrent surtout depuis que Mihail a passé son permis de conduire.
NB : La communauté roumaine compte 50 à 60 familles. Cela résulte de l'action de l'entreprise Roussaly : "nous avons accueilli une cinquantaine de familles dans notre entreprise. Nous avons tout mis en place pour les intégrer pour le mieux, nous leur avons trouvé des appartements, des meubles, des habits.....afin de les garder pour que l'entreprise puisse prospérer." Vu les débats nationaux sur les travailleurs détachés (relevant de cotisations de leur pays d'origine), précisons que ces personnes sont soumises aux mêmes cotisations et obligations et aux mêmes droits que les salariés français.
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LES PERSONNES VENUES D'AFRIQUE DU NORD
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Ahmed et Maria Zérouali
Ahmed Zerouali, notre cher grand-père, parle nous du lieu où tu es né en Algérie et quel est le souvenir marquant que tu conserves de tes premières années là-bas ? Je suis né à Fouka, un joli village de pêcheurs en bord de plage à 40 km d’Alger. J’adorais passer du temps à la plage pour jouer au foot avec mes amis avec un ballon qu’on fabriquait avec du carton et de la ficelle ou pour pêcher. Et j’attendais le week-end avec impatience pour aller voir le club de Zeralda à 15 km de chez moi à trois sur un vélo pour aller voir le match de foot.
Comment es-tu venu en France ? Mon père m’a déposé au port d’Alger pour prendre un bateau jusqu’à Marseille. C’était pendant la Guerre d’Algérie . Puis j’ai pris un billet de train pour aller jusqu’à Paris. J’avais 13 ans et demi à mon arrivée en France. C’était le 16 février 1956 il faisait très froid. Si j’avais trouvé un billet de retour, je serais reparti de suite.
Comment as-tu atterri dans les Monts de Lacaune et quel y a été ton itinéraire ? J’ai appris la soudure à Montreuil-sous-Bois, j’ai trouvé une place à Flins chez Renault pour finir d’installer la ligne des 4L. Une personne m’a parlé du Midi dans la France, où il faisait très beau. J’ai pris, avec mon petit sac, le train jusqu’à Toulouse, puis Mazamet où je suis resté un an et demi en tant que soudeur. Puis, grâce au foot, je suis arrivé à Lacaune en 1961.
Comment vois-tu les Monts de Lacaune ? Quand j’ai vu Lacaune j’ai voulu foutre le camp de suite à première vue. Mais au final, je suis resté car les gens étaient très gentils. Depuis je me sens Lacaunais, j’adore l’ambiance de cette région, le calme mais surtout la sympathie.
Pierre, David et Simon Zérouali
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Somsy Keomany
Il est né au Laos en 1968. Sa famille appartenait à une tribu persécutée, la tribu Lamet. Les Keomany s'enfuient en 1979. Des passeurs leur permettent de traverser sans être pris par les vietcongs. Ils passent un an en Thaïlande, le temps d'avoir des papiers en règle pour venir en Europe. Ils arrivent à Paris où ils restent un mois, puis destination Port Leucate. Enfin, ils arrivent dans les Monts de Lacaune, à la Trivalle, puis à Moulin-Mage. Somsy part travailler comme apprenti chez le menuisier Nottet, qu'il suit à La Salvetat, où il est installé aujourd'hui comme menuisier. Il a fondé une famille et a deux enfants. |
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LES APPORTS PLUS ANCIENS DE POPULATION
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LES POLONAIS APRÈS LA GUERRE DE 1914
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Après la Grande Guerre, le gouvernement a recruté massivement des Polonais pour venir travailler en France. En 1931, on y comptait 287 000 Polonais en activité, dont 18,9% de femmes. Stanislas et Anna Czekanowicz, peu après leur mariage sont venus à Basse-Vergne, en 1943, comme fermiers. Ils ont acheté cette ferme, où est leur fils Roland avec sa famille. Jean Czekanowicz : "Stanislas était né le 23 juillet 1912, à Kocielna Wies, aux environs de Kalisz dans le centre de la Pologne. Il était le troisième d’une famille de cinq enfants, dont deux frères et deux sœurs ainsi que leur père sont venus en France. La plus jeune sœur est restée en Pologne avec sa mère. Anna Maslanka est née le 8 juillet 1916 à Wola Ranizowska, bien à l’ouest de Cracovie, dans la province Podkarpackie. Le nom français de la province est Voïvodie des Basses-Carpates. Elle avait deux frères et une sœur. Joseph, l’un des frères est venu en France comme ouvrier agricole."
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Stanislas et Anna avec leurs enfants Roland et Jean
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LES ITALIENS VENUS FAIRE DU CHARBON DE BOIS
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Jusqu'en 1950, notre région produisait du charbon de bois dans ses immenses forêts. On l’obtenait en empilant du bois en un tas recouvert d'une couche de mottes de terre, que l'on enflammait. Une partie du bois étant consumée en consommant tout l'oxygène, la chaleur produite transformant le reste du bois en charbon, en retirant du bois son humidité et toute matière végétale ou organique volatile. Ce travail était délicat, il ne s’agissait pas que tout flambe et qu’il ne reste qu’un tas de cendres !
Aussi sont venus au pays des Italiens particulièrement experts, comme Antoine Oberti, grand-père de Didier Oberti. Quand cette activité s’est arrêtée, la famille a développé ses talents dans une autre plus traditionnelle de notre montagne. Et aujourd'hui, Didier est un des principaux acteurs de la charcuterie des Monts de Lacaune.
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DES PRISONNIERS ALLEMANDS RESTÉS CHEZ NOUS
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Helmut Grossmann
Après la guerre. 1939-1945, de nombreux prisonniers allemands sont venus travailler dans notre montagne. Certains, comme Helmut Grossmann, sont restés et ont fait souche.
Helmut est né en Basse-Silésie, en 1926, alors qu'elle était allemande. Enrôlé dans l'artillerie à 16 ans, il servit en Pologne, puis sur le front occidental. Il est fait prisonnier à 19 ans. Il a cru sa dernière heure arrivée dans un camp de prisonniers tenu par les Américains. Il alla dans la mine de Décazeville, puis travailla dans une entreprise de construction de barrage. Il essaya de revenir chez lui, mais la Silésie étant devenue polonaise, il dut rebrousser chemin. À La Salvetat, il prit épouse et créa une entreprise de maçonnerie continuée par ses deux fils.
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ANTOINE CANADAS UN ESPAGNOL QUI EST BIEN CHEZ NOUS
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Antoine Canadas est né, dans une Andalousie peu prospère, en 1953, fils d’Henri et Madeleine. Pour subvenir aux besoins de la famille de quatre enfants, son père est boulanger et sa mère vend le lait de leurs chèvres. Henri part en Allemagne, mais n’y trouve pas la place pour son foyer. En 1963, il décide de venir en France à Béziers pour y travailler dans un hôtel restaurant. Il y rencontre par hasard M. Guy Rascol, charcutier aux Vidals, qui lui propose de lui donner du travail dans ce village - et de lui faire les papiers.
Plusieurs mois après, Henri fait venir d’Espagne sa famille, le 6 janvier 1966, par un hiver froid et enneigé : leur première découverte des flocons !
Un an plus tard, toute la famille Canadas, déménage à Lacaune. Henri et Madeleine travaillent à la Charcuterie Barthès. C’est en juin 1967 qu’Antoine commence à travailler à son tour dans la même entreprise et y fait son contrat d’apprentissage. Il y devient chef d’équipe des poussoirs et reste dans l’établissement pendant 11 ans.
Mais Antoine a finalement envie de voler de ses propres ailes, malgré l’opposition d'Élie Barthès qui tient à le garder. Il se lance alors dans une nouvelle aventure avec Thérèse Ciszek, sa femme, et ils reprennent la charcuterie Guibert qu’ils tiennent durant 33 ans. Heureux comme un prince, il a réalisé son rêve d’avoir sa charcuterie et son commerce ! Il est maintenant à la retraite depuis 2015 et est surtout très fier de voir son magasin repris par la Charcuterie Millas.
Sa femme est d’origine Polonaise et son beau-père Léon-Marcel habitait à Moulin-Mage. Sa fille est acheteuse industrielle pour une PME innovante de Montpellier et son fils est ingénieur à Airbus. Antoine apprécie et aime les monts de Lacaune, son lieu d’adoption. Il s’y sent totalement chez lui.
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ET UNE CONCLUSION SYMBOLIQUE : LE PÈRE BADJOSSE VENU DE CÔTE D'IVOIRE DESSERVIR NOS PAROISSES
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Le père Badjosse Kouané est originaire de Côte d’Ivoire. il a été ordonné prêtre à la basilique de Lisieux, le 9 août 2003. Il faisait partie auparavant de l’équipe pastorale de Mazamet. Pendant que nous recevons un prêtre africain, le père Vigroux originaire de Lacaune exerce en Amérique Latine. Signe d’universalité.
La paroisse du Bon Pasteur, autour de Lacaune, comprend 18 clochers : communes de Lacaune, Moulin Mage, Nages, Murat, Viane, Lacapelle d’Escroux, Barre, Gijounet et une partie de Lacaze (2 des 6 églises de cette commune uniquement : Notre-Dame de Lacaze et St-Pierre de Combéjac).
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