samedi 8 février 2020

Reportage au Gaec Beausapin (50) Moitié Brune, moitié Holstein pour un troupeau productif et facile à conduir

 | par   Terre-net Média
Au Gaec Beausapin dans la Manche, le troupeau est mixte. Parmi les 115 vaches laitières, la majorité sont des Prim'holsteins, mais on dénombre tout de même 40 Brunes. Guillaume Richard a importé la race à son installation. Son objectif : améliorer les taux et donc la paie de lait. Aucun regret pour l'éleveur qui conduit les deux races de la même façon et sans difficultés.


Interview de Guillaume Richard, éleveur laitier à Refuveille (Manche) :

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Qui a dit que les Normands étaient chauvins ? Roseline, Guillaume et Hervé sont tous les trois éleveurs à Refuveille au cœur de la Manche et pourtant, ce ne sont pas des Normandes qui pointent le bout de leur nez au cornadis mais bien des Brunes. En s’approchant de plus près, on reconnait derrière les premières curieuses d’autres vaches prim’holsteins cette fois-ci. Un troupeau en conversion ? Non, non, au Gaec Beausapin, l’élevage est en double race et compte bien y rester.

TRAVAILLER EN DOUBLE RACE POUR AMÉLIORER LES TAUX

Voilà maintenant quatre ans que Guillaume Richard est installé. Il a rejoint son ami Hervé sur l’exploitation familiale : « Hervé ne voulait pas reprendre seul le flambeau derrière son père ; nous nous sommes donc officiellement associés le 1er janvier 2016. Auparavant, je travaillais au service de remplacement avec ma compagne Roseline qui a rejoint la structure début 2018. Aujourd’hui, nous sommes trois à exploiter 170 ha et produire 1,2 million de litres de lait. »
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« L’exploitation produisait une référence de 580 000 litres avec un troupeau de 60 Holsteins à presque 10 000 litres. Lorsqu’on a eu la possibilité de produire plus (en quatre ans, on a doublé la production), on avait en tête d’introduire des animaux qui font plus de taux, pour améliorer la paie de lait. » Guillaume a bien pensé à la Normande mais il la trouvait plus compliquée à gérer. Il a aussi évoqué la Jersiaise mais la valorisation des mâles l’inquiétait. Il avoue : « Quand j’étais vacher, j’avais remplacé un éleveur de Brunes et j’ai adoré cette race. Elle n’est que très peu présente par chez nous et c’est aussi ce qui me plaisait. »
8 200 litres pour les Brunes avec des taux à 35/40 contre 10 500 litres pour les Holsteins à 33/40
Ça a été chose faite puisque les 12 premières Brunes sont arrivées de Côte d’Or le 24 décembre 2015. « Je ne les avais même pas vues en vrai, seulement sur le papier, mais je me suis bien fait conseiller par des éleveurs et par BGS. Au lendemain de leur arrivée, elles sont entrées les premières en salle de traite et sont allées directement rejoindre les Holsteins ensuite et tout s’est très bien passé. Pourtant, on était tout de même stressés », se souvient l’éleveur. « Aujourd’hui encore, ce sont toujours elles les premières à entrer à la traite. »
D’autres génisses achetées à l’extérieur sont venues rejoindre le troupeau qui compte actuellement 115 vaches à la traite dont 40 Brunes et le reste en Prim’holsteins. Les effectifs devraient s’équilibrer petit à petit ; l’objectif étant de faire moitié-moitié.

« AJOUTER SA PATTE SUR UNE STRUCTURE DÉJÀ EXISTANTE »

« La Brune est le meilleur compromis entre lait et taux, et le gros avantage c’est qu’elle se conduit de la même façon que la Holstein. Car mon objectif n’est pas de remplacer les Noires. Les parents et grands-parents d’Hervé ont travaillé la génétique de leur troupeau. Il y a eu de l’argent d’investi et on possède aujourd’hui de bonnes vaches avec de bonnes souches. Je ne veux en aucun cas supprimer ce qui a été fait. Je voulais apporter ma patte en arrivant sur la ferme et c’est ce que j’ai fait avec la Brune. Peut-être qu’un jour mes enfants changeront de race eux aussi lorsqu’ils s’installeront, qui sait ? », plaisante Guillaume. D’ailleurs, il a déjà cédé avec une Normande achetée pour son fils, passionné par la race.
Le Gaec Beausapin (50) en quelques chiffres : 
3 associés 
170 ha de SAU (70 ha de maïs, 45 ha de blé, le reste en herbe) 
Référence : 1 116 000 litres (Maîtres laitiers du Cotentin) 
Depuis le 1er octobre 2019 en filière pâturage et non OGM 
Actuellement 115 VL à traire, objectif : augmenter progressivement 
Production moyenne de 30 l/VL 
Taux moyens : 34,5 de TP et 41 de TB 
Cellules : 206 000 
Production de 80 à 90 taurillons/an
Brune et Holstein : des races qui se conduisent de la même façon
« Une Brune se conduit de la même manière et surtout complète la Noire. On les gère toutes pareilles, avec la même ration : 2/3 de maïs, 1/3 d’ensilage herbe, du tourteau de colza, du maïs grain humide et du minéral. » Niveau production, l’étable tourne à 30 kg de lait/VL avec des taux moyens de 34,5 en TP et 41 de TB. Pour comparer les deux races, Guillaume reprend ses résultats moyens de 2018 : « On était à 8 200 litres pour les Brunes avec des taux à 35/40 contre 10 500 litres pour les Holsteins à 33/40. »
En véritable amoureux de la race, l’éleveur explique : « La Brune pousse un peu plus lentement en croissance. Pour autant, je ne fais pas de différence, j’insémine tout le monde au même âge. En 1ère lactation, les Brunes décollent un peu moins vite mais elles se rattrapent et continuent de grandir après le vêlage. Il n’est pas rare que le technicien BGS vienne pointer des VL en 1èrelactation et que, l’année d’après, il les revoit pour leur donner un peu plus de points car elles se sont étoffées. »
Ration hivernale, calée pour 27 kg de lait : 
2/3 de maïs ensilage 
1/3 d'ensilage d'herbe 
5,5 kg tourteau de colza 
2 kg maïs grain humide 
Minéraux 
Au Dac : tanné et VL

LA BRUNE : LE MEILLEUR ÉQUILIBRE LAIT/TAUX

En quelques mots, Guillaume compare ses deux races : « La Brune est plus rustique que la Noire, elle a du gabarit et une meilleure santé globale. » Chez BGS, on lui attribue le meilleur équilibre production/taux. Elle est en effet la 2e race en quantité de lait par vache et se place parmi les meilleures races fromagères. L'OS affirme d'ailleurs que le gain moyen grâce aux taux varie de 30 à 50 €/1 000 l par rapport au prix de base.
« On a certes un peu moins de lait avec les Brunes mais quelques-unes d'entre-elles grimpent à plus de 10 000 litres », explique Guillaume en se tournant vers sa "chouchoute" comme il l'appelle. « Image est l'une des premières vaches arrivées en décembre 2015 parmi les 12 premières achetées. Elle a fait 11 000 litres de lait sur sa 4e lactation avec des taux de 37,7/41. Sa fille vient elle aussi de faire sa 1ère lactation et elle est déjà à 7 000 litres à 38/41. On pourrait se dire que ce n'est pas grand chose comparé à une Noire mais quand on sait que la Brune démarre doucement, c'est pas mal. »
Guillaume Richard, éleveur laitier de la Manche avec sa vache Brune préférée Image« Image est l'une des premières Brunes arrivées en décembre 2015. Elle a fait 11 000 l de lait en 4e lactation avec des taux de 37,7/41. C’est ma chouchoute ! » (©Terre-net Média)
En ce qui concerne les objectifs de sélection, les éleveurs visent la quantité de lait, les taux et le gabarit, et ce pour les deux races. Ils pratiquent l'insémination en sexé sur les génisses et les meilleures vaches. Le reste est inséminé en semences conventionnelles et en cas d'échec au bout de trois IA, ils inséminent en croisé avec du Charolais ou Limousin.
Les éleveurs souhaitent néanmoins rester en troupeau mixte : « On conserve les deux races en pur. Il n'y a qu'une exception, il s'agit de Lasagne : la seule Brune qui ne prenait pas avec de la semence Brune mais qui a pris avec du Noir. »

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