mardi 11 février 2020

La gazette des monts de Lacaune

Restez connectés avec notre territoire, découvrez nos ressources, nos talents, les savoir-faire de nos anciens et la vie qui s'y déroule au contact du monde extérieur. 
Ceux qui préparent cette Gazette seraient heureux de connaître vos réactions et vos suggestions en envoyant un message à robertpistre@orange.fr

 LA FIERTÉ PAYSANNE À L'OCCASION DU SALON DE L'AGRICULTURE

  Introduction de la rédaction de La Gazette
Comme l'a écrit Régis Granier, dans une précédente Gazette, l'avenir de ce territoire est intimement lié à l'avenir de son agriculture. Celle-ci est au coeur de notre identité.
Dans cette Gazette, s'expriment des acteurs de ce secteur sur les problématiques d'aujourd'hui, avec les contraintes économiques et règlementaires et avec également de l'évolution à venir de la PAC.
Un chiffre résume bien l'évolution de la situation économique : depuis trente ans, le prix  du lait de brebis pour Roquefort a baissé en monnaie courante de 10 à 20%, ce qui veut dire qu'en monnaie à valeur constante, cela représente une baisse de 60%. Alors que les coûts de production ont explosé : le prix du gasoil a été multiplié par 30 et la cotisation MSA a elle aussi explosé ! Un film récent traduit le désespoir qui s'empare de certains agriculteurs.

Ici, nous voulons montrer la confiance dans la vie. Des jeunes y expriment leur foi dans l'avenir sur un terroir fier de ses valeurs, en particulier de solidarité. On relève de façon satisfaisante le désir de développer les circuits courts ou de plus grande valeur ajoutée, lorsque c'est possible.
Notre agriculture est à base d'élevage. Elle s'exerce au plus près de la nature et les acteurs sont attentifs à prendre en compte de façon raisonnée les attentes de nos concitoyens.
La profession exprime de façon spectaculaire sa fierté avec la foire des paysans de Payrac du 15 août, pour la plus grande joie des habitants de la montagne ou des visiteurs de passage.
Enfin dans cette Gazette, nous rappelons comment a démarré la mise au point de la race de brebis Lacaune en 1856. Vous verrez comment les bergers se déplaçaient avec une cabane roulante pour suivre leurs troupeaux.
Joseph Garenq, frère d'Yvan Garenq de Paillemalbiu est notre invité ami. Le professeur Jules Milhau, dont le père était originaire de Canac, décrit très bien le lien qui existe toujours avec la terre pour ceux qui ont du la quitter.
Enfin deux jeunes fils d'agriculteurs ont su combiner l'amour de la terre et le plaisir de la maîtrise du numérique.

 LE MOT DU PRÉSIDENT DU GDA ET DE L'ANIMATRICE DE LA CHAMBRE D'AGRICULTURE 

Dites-nous Alain Bousquet (président du GDA, groupement des agriculteurs), et Clothilde Doumenge de la Chambre d'Agriculture, quels sont les éléments qui ont marqué l'agriculture sur notre territoire au cours de l‘année 2019 ?
Les installations de nouveaux agriculteurs sont stables, mais on peut relever quatre arrêts d’exploitations de traite de brebis. Concernant le prix du lait de brebis, on peut relever le maintien du prix du lait par rapport à l’année précédente, mais ce prix n’a pas suivi l’inflation sur une longue période : il était 10% supérieur il y a trente ans, alors que l’inflation a touché tous les éléments constitutifs du prix de revient. Passage de 1 € par litre à 0,91€ !
Bien entendu, nous participons aux actions de défense de notre profession, à un moment où les Pouvoirs publics doivent avoir davantage conscience de la situation, comme le révèle le film Au nom de la Terre.
En 2019, on a continué l’expérimentation des prairies à flore variée et celle de la pertinence du remplacement de la paille par du bois déchiqueté pour la litière.

Comment s’est passée la foire des agriculteurs à Payrac, le 15 août 2019 ?
Elle s’est très bien passée. On n’a eu que de bons retours. Le niveau de fréquentation s’est maintenu malgré le temps peu favorable du matin. Les vendeurs de produits fermiers ont été contents.
Quels sont les chantiers de la profession agricole en 2020 ?
La profession devra s’adapter à la réforme de la PAC qui va être définie. Il faudra aussi intégrer la restriction des crédits de La Chambre d’Agriculture.
Localement va être menée, avec les écoles, une opération pour mieux faire connaître aux enfants le métier d’agriculteur.
LA PAROLE DONNÉE À DES AGRICULTRICES OU À DES AGRICULTEURS
FRÉDÉRIC BACOU DE LAUCATE
Bovins de Laucate
Frédéric Bacou, quelle est l'activité de votre exploitation aujourd'hui ? Mon activité est de produire des bovins viande. J'élève une centaine de mères limousines. Elles sont élevées en plein air durant la période estivale et à l’abri dans des bâtiments pendant l’hiver.

Quels sont les organismes auxquels vous adhérez professionnellement ? Outre la gérance du Gaec de Laucate, je suis président de la CUMA communale de Lacaune dont le matériel est dispersé chez divers agriculteurs.
J'ai été responsable jeunes agriculteurs de la région.

Où écoulez-vous vos produits ? 
Pour les jeunes bovins de moins d'un an au marchand de bestiaux CARAYON de Viane ; les animaux  sont abattus à Rodez. Les vaches de réforme sont cédées à AZEMAR à Castres. Ensuite, je vends à d'autres éleveurs, 15 à 20 génisses et 3 à 4 mâles pour faire des taureaux.

Quels sont les enjeux aujourd'hui pour une exploitation, comme la vôtre ?
Sur l'exploitation, c'est l’orientation vers l'agriculture de conservation des sols qui consiste à ne plus labourer et à conserver la vie dans le sol.
Au plan extérieur, ce sont les menaces de concurrence d'Amérique du Sud avec des éleveurs non soumis aux mêmes contraintes que nous avec des conditions plus favorables. Également, les mouvements anti-viande nous obligent à nous remettre en cause et être irréprochables sur notre façon de travailler.
ÉMILIE LIPRENDY DES LONGAGNES
Émilie Liprendy, vous êtes née à Murat, où votre père était artisan et vous vous êtes mariée aux Longagnes. Par ce mariage, vous avez épousé la profession agricole, décrivez-nous vos activités ?
Je me suis installée en février 2012. J’ai monté en 2014, un atelier volailles quand la ferme de Candoubre a cessé son activité dans ce domaine.
Mon mari avait un élevage de vaches laitières et de vaches allaitantes. Il a arrêté celui des vaches laitières en novembre 2017.

Qu’est-ce qui vous a poussée à l’élevage des volailles ? Comment les vendez-vous ? Quels sont les problèmes que vous rencontrez ?
J’avais à Murat un petit atelier de volailles et comme cette activité me plaisait, je l’ai développée aux Longagnes en profitant de l’opportunité de la fermeture de l’activité de Candoubre.
Je produits des poulets et des pintades pendant toute l’année et pour la période de Noël des chapons et des dindes.
Je vends les volailles prêtes à cuire. J’abats deux fois par semaine.
Les problèmes viennent des nuisibles, comme les renards ou les oiseaux de proie. Il faut protéger les volailles.

Comment s’opère la commercialisation ?
Je vends directement à la ferme, ou lors de quelques marchés locaux comme la foire des paysans de Payrac, les fêtes de la pomme ou du chou, etc.
La cantine de Murat s’approvisionne chez moi.
Ce sont deux mille volailles écoulées par an, toutes par un circuit court.
Mon exploitation est ouverte à la visite : du 01/07 au 31/08, tous les mercredis de 15h à 16h. Sur réservation les autres mois.

Quels sont vos projets d’avenir ?
Mon objectif est de consolider mon exploitation pour en assurer l’avenir.
Contact : Tél : 06 75 44 36 43
On peut voir les vidéos d'Émilie sur Google en tapant la ferme des Longagnes.

MATHIEU ET CAROLE ALARY REPRENEURS DE LA FERME FAMILIALE

Nous avons interrogé Carole Alary :
Comment êtes-vous arrivée à Paillemalbiau ?

Je viens du Limousin et j’ai rencontré mon futur mari au Lycée agricole de Limoges, où nous étions en BTS, et nous sommes venus chez lui à Paillemalbiau. Et après avoir rencontré Robert Bousquet, j’ai trouvé un travail au Crédit agricole de Lacaune de 2005 à 2015. Ensuite, j’ai travaillé deux ans à Montroucous.
En 2013, mon mari s’est installé comme agriculteur avec ses parents après avoir travaillé neuf ans comme inséminateur à la COOPELSO. Et me suis installée en 2018 à temps plein avec lui en GAEC.

Quelles sont les activités de votre GAEC ?  
Nous avons un troupeau de 140 vaches allaitantes de race limousine.  Nous valorisons notre élevage en tant que sélectionneurs.
Toutes les génisses sont soit gardées pour le renouvellement de notre troupeau soit pour la reproduction dans d’autres élevages.
Mes beaux-parents sont membres du GAEC, mais vont prochainement prendre la retraite. Nous employons un salarié à temps plein.

Comment s’opère la commercialisation de vos produits ?
 Les mâles sont vendus comme broutards ou veaux gras à ARTERRIS pour la boucherie. On garde les meilleurs du point de vue génétique pour les vendre en tant que reproducteurs, soit à d’autres éleveurs, soit par le biais de la station régionale qui est GELIOC dans l’Aveyron, soit à la station nationale LANAUD à Limoges.

Quels sont les challenges de votre exploitation ?
Que l’exploitation soit viable économiquement et qu’on puisse vivre de notre passion de sélectionneurs.

Quels sont pour vous les points forts de notre région ?
C’est la qualité de vie à la campagne. Il y a un dynamisme associatif remarquable. Il y a une entraide entre plusieurs agriculteurs, par exemple à l’occasion de l’ensilage.

MICHAËL RAMADIER VENU S'INSTALLER CHEZ NOUS

Michaël et Caroline
Michaël Ramadier29 ans, vous êtes venu depuis la région de Montpellier vous installler comme agriculteur à Bessoles ?
Je me suis installé en 2017 dans un GAEC existant. Depuis trois membres de cette structure sont partis en retraite et je suis aujourd’hui en GAEC avec Benoit Vergely.
Quelles sont vos activités ?
Le GAEC a 400 brebis laitières et 40 vaches allaitantes limousines. Le lait de brebis est vendu à Société. Les veaux et vaches le sont à une coopérative Synergie.
Nous avons un salarié à tiers temps et un apprenti.
Quel est votre sentiment sur notre région et sur votre exploitation ?
Je trouve la région accueillante, on y a le sens de la valeur travail. Il y a une solidarité formidable en particulier grâce à la CUMA. On y aime le travail dans l'agriculture.
Sur l'exploitation, j’aime bien l'élevage des vaches allaitantes. Le travail à deux dans le GAEC est un formidable levier pour entreprendre avec intelligence.
 

ARNAUD ET NEISSA VENUS ÉLEVER DES CHÈVRES AU PRADEL

Pouvez-vous vous présenter, présenter l’exploitation et sa localisation ? Nous exploitons la ferme du Pradel, située sur la commune de Murat-sur-Vèbre. Nous y élevons un troupeau de 50 chèvres en lactation et nous y fabriquons du fromage.

Quelles est la spécificité de votre production ? Nous sommes classés dans les bons produits fermiers au niveau national sur le plan professionnel. Nous avons obtenu la médaille d’or des fromages fermiers.
Voilà dans quelles conditions, cette médaille d’or a été obtenue : les 13 et 14 septembre 2019, la Fédération Nationale des Éleveurs de Chèvres (FNEC) et le Syndicat Caprin de l’Hérault  ont organisé Fromagora, le seul concours national des fromages de chèvre fermiers, à Baillargues dans l’Hérault. Ce concours sous le haut patronage du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et du Parlement Européen était ouvert à tout producteur de fromages de chèvre fermiers de toute la France et depuis cette année aux producteurs fromagers fermiers et artisanaux européens. Un jury composé de crémiers, fromagers et restaurateurs a examiné les 268 fromages candidats. Et 37 ont obtenu une médaille d’or dont les chevriers de la Tome Ronde du Pradel.
Comment se fait l'écoulement de vos produits ?
Par vente directe essentiellement sur les marchés ou à la ferme (80%). Pour le reste par revente à des restaurants ou à des épiceries.

Quels sont les facteurs qui vous ont amené à venir vous installer au Pradel ? Nous cherchions un élevage de chèvres et nous avons trouvé cette ferme en consultant le site internet de la Chambre d’agriculture qui donne la liste des fermes qui cherchent un repreneur.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Il s’agit de transformer l’essai en réussissant notre implantation. Nous n’avons pas d’objectif d’augmenter la production. Nous sommes d’abord soucieux de la qualité maximum de nos produits.

Adresse : Le Pradel 81320 Murat-sur-Vèbre       07 62 52 30 01

LA FOIRE DE PAYRAC DU 15 AOÛT A CONNU LE MÊME SUCCÈS 

Montage de petites balles créé par le jeune adolescent Aurélien Théron qui s'est piqué au jeu de participer pour valoriser Payrac
 
Une vidéo de 2016 rend compte de cette manifestation du 15 août qui a drainé en  2019 deux mille visiteurs avec 1 300 repas pris sur place à partir des produits proposés par les agriculteurs.

 LE DÉMARRAGE DE LA RACE DE BREBIS LACAUNE EN 1856 

Paulin de Naurois et son fils Ludovic né en 1851

Nos contemporains qui voient que presque tous nos éleveurs de brebis produisent du lait n’imaginent pas qu’il y a deux siècles, il n’y avait que des ovins viande. Pour une simple raison, il n’y avait pas de moyen de transport autre qu’à dos mulet. Dans ces conditions, les moutons se vendaient à des maquignons qui les conduisaient à pied derrière eux jusqu’au pays bas.

Au cours du premier quart du XIXe siècle, il y a eu amélioration de la race de nos brebis, en faisant des croisements avec des mérinos importés. L'objectif était d'améliorer la qualité de la laine utilisée dans l'activité textile locale. C'est le propriétaire de Lugan (près de Barre), M. Vergnes,  qui a été un militant actif de cette action. Le docteur Rascol : " Pendant plus de vingt ans, Monsieur Vergnes de Lugan pourvut toute la montagne de béliers provenant de cette souche. Il est résulté là une profonde modification profondément avantageuse de l’espèce ovine locale".

En 1840, la route vers Saint-Gervais est ouverte grâce à la construction du pont de La Mouline, comme d'autres routes ailleurs. Les choses pouvaient encore plus évoluer.

En 1847, arrive à Lacaune, un nouveau propriétaire de Calmels, Paulin de Naurois, d’une grande famille venue de l’Est de la France et apparentée à Jeanne d’Arc. Il a en effet épousé Louise de Cluzel, nièce et héritière d’Adèle de Lestiès, de la grande famille des Calmels de Lestiès seigneurs de Lestiès, avant la Révolution.

Grâce à un descendant, Éric de Naurois, nous avons pu prendre connaissance du livre de comptes journaliers tenu pour Paulin de Naurois, qui avait pris Calmels en gestion directe, alors qu’il louait en fermage ses deux autres fermes : Lestiès et Bel Air.

Ce livre de comptes est précieux pour l’histoire locale, car il permet de prendre connaissance de tous les progrès lancés dès 1847. Paulin de Naurois, originaire d’une famille d’entrepreneurs, était imprégné de l’esprit saint-simonien de l’époque. Plusieurs ouvrages de cette période montrent aussi que c’est une période de bouleversement pour l’agriculture.

À Calmels, d’entrée, Paulin défonce des taillis, développe le chaulage en créant un four à chaux, alimenté par le calcaire trouvé sur place et le charbon devenu plus accessible avec le démarrage en 1836 de la mine de Castanet-le-Haut et l’ouverture de la route pour y accéder. Il développe les prairies artificielles, il acquiert du matériel moderne et il améliore le cheptel.

Le livre de comptes nous permet de situer de manière précise le démarrage de la race de brebis Lacaune.

En 1854, Calmels commence par produire quelques fromages vendus à Roquefort pour y être affinés, ce qui était rendu possiblegrâce à l’ouverture des routes. Il apparaît que cette opération est fructueuse et on ne manque pas de se poser la question de savoir comment améliorer la production laitière du troupeau.

Paulin de Naurois, qui a aussi une résidence dans la capitale, se rend à l’Exposition Universelle de Paris de 1855. Les béliers de race Southdown y sont exposés pour la première fois et ont été un des clous de cette foire.

Aussi, dans la foulée, Paulin de Naurois se rend, les 3 et 5 mai 1856, à Alfort, où il y a l’école vétérinaire. L’administration de l’agriculture, pour favoriser l’essor de l’élevage y vend les plus beaux spécimens aux enchères. Neuf béliers Southdown sont proposés et Paulin de Naurois acquiert celui qui est au prix le plus élevé de 510 f. ce qui montre son engagement pour la ferme de Calmels. Comme, dans le livre de comptes de Calmels, le coût reporté avec le transport est de 619 f, cela veut dire que le coût du transport a été de 109 f. Pour avoir une comparaison, sur place, les béliers locaux se vendaient de 30 à 40 f.

Cette Exposition Universelle était bien caractéristique de la politique bonapartiste, qui sera reprise un siècle plus tard par la politique gaulliste. Dans la foulée du saint-simonisme, il s’agissait de faire de la France une grande puissance économique, non à l’abri des frontières, mais avec une grande ouverture au monde pour être à l’affût de ce qui se fait de mieux ailleurs. L’exposition de 1855 a, en effet, vu la participation de 34 pays.

 L’année suivante, Paulin de Naurois complète avec cinq brebis Southdown. C’est le début des croisements qui conduisent à la race Lacaune qui sera améliorée également par son fils Ludovic.
À quoi ressemblait ce bélier ? Voilà une représentation qui est donnée dans le Journal d’agriculture pratique de l'époque.
Dans la publication du CRPR, Histoire de la race de Lacaune, on découvre qu’au concours d’Albi de 1859, Paulin de Naurois a gagné le premier prix avec ce bélier qui était de la race acquise récemment.

 QUAND LES BERGERS PARTAIENT AVEC UNE CABANE ROULANTE 

Cabane roulante acquise 2019, grâce à Bernard et Michèle Rouanet et transportée à Payrac par Michel Soulet.
L'existence de ce type de cabane dans notre région apparaît  dans l’inventaire de 1788, de La Boria des Vidals appartenant à Jacques Cabanes, garde du corps du roi Louis XVI. La grande étendue de l’Acapte des Vidals pouvait justifier de se déplacer assez loin avec de telles installations.
Grâce à Jean Delmas, ancien directeur des archives départementales de l’Aveyron, on a  pu avoir des précisions : « Ces cabanes sont des cabanes roulantes de bergers, dans lesquelles ces derniers dormaient à l’extérieur du parc réservé aux brebis.  Le Musée du Rouergue en a trois, 2 du Causse comtal (transhumants) et 1 de l’Aubrac. »
Le berger avait avec lui des cledas  (claies) pour clôturer les brebis pendant la nuit.

Ce système existait en fait dans tout le pays et avait inspiré Baudelaire :
Cabane de berger. Moutons dans le parc.
Briard, chien de berger à poil long. Berger et son troupeau.
"Ta tête, ton air, ton geste
Sont beaux comme un paysage."

L'INVITÉ-AMI DU TERRITOIRE
JOSEPH GARENQ INGÉNIEUR AGRICOLE RETRAITÉ

Joseph Garenq est né à Paillemalbiau, il est le frère d'Yvan Garenq, ancien président du GDA et ancien président de Groupama.
Pour la Gazette,  Joseph Garenq tire les enseignements de sa vie d'ingénieur agricole dans une grande entreprise qui travaillait en lien avec le monde paysan, en étant resté en lieu fidèle à sa terre natale, tout au long de son parcours.

Entraîné par mon maître à Gabaude, André Maurel,  soutenu par mes parents, j’ai quitté Paillemalbiau à 10 ans pour un pensionnat au long cours à Castres, Toulouse et Montpellier. A 21 ans j’ai obtenu le diplôme d’ingénieur agricole « par défaut ». J’aurais aimé entrer dans la filière « Eaux et Forêts » mais avec une faiblesse chronique en géométrie de l’espace et le 6/20 en maths qui m’a suivi de la quatrième au bac, on y entrait par la petite porte. A l’E.N.S.A de Montpellier, j’ai découvert la spécialité viti-vinicole finalement plus diversifiée.
Trois professeurs m’ont marqué :
- Alabouvette, solide jurassien co-sélectionneur  de la variété de blé « Etoile de Choisy » qui a fait bondir les rendements dans le Sud ; ses interrogations itinérantes dans les collections à partir de 6 heures du matin étaient redoutées , sa participation se limitait à une phrase : « Dites-moi ce que vous observez ».
 - Branas qui  prêchait la qualité en viticulture, synonyme de faible rendement, sous les huées des Languedociens atteints par « l’aramonite » ; il avait raison trop tôt et se réfugiait à Banyuls ou en Bourgogne où il était accueilli chaudement.
-  Enfin Jules Milhau, dont le grand-père est originaire de Canac, très engagé au niveau national dans la Mutualité, les Assurances et le Crédit. Né dans une modeste exploitation de polyculture à Causses-et-Veyran, il a oeuvré toute sa vie pour la défense économique de l’exploitation familiale en l’inscrivant dans des systèmes collectifs. J’ai trouvé dans un de ses livres l’anecdote prémonitoire suivante : très jeune, il a souscrit à l’insu de ses parents et sur son argent de poche une assurance grêle privée pour les champs d’orge de l’exploitation familiale ; un orage de grêle a détruit la récolte du village et il a pu apporter fièrement un chèque à ses parents. Sur le plan pédagogique, je dirais que sa voix monocorde  (et peut-être marquée par ses allers-retours incessants à Paris en train de nuit) n’en faisait pas un grand orateur. J’ai découvert son emprise dans le milieu professionnel sur le terrain.

J’ai toujours travaillé dans l’innovation technique, d’abord au sein de  l’O.N.I.A Toulouse  à la diffusion des engrais liquides, une  technique qui présente pas mal d’atouts, dont la possibilité  d’effectuer simultanément fertilisation et désherbage.
 Elle a permis à la firme de conquérir les marchés du Nord et représentait la moitié des ventes en France d’engrais azotés à la fin du siècle dernier.
Nous avons été aussi les pionniers des oligo-fertilisants (fer, cuivre, zinc, bore) devenus facteurs limitants de la progression des rendements dans certains types de sol.
 Muté en Champagne lors de la fusion avec la Sociétété des potasses d'Alsace, j’ai contribué au développement d’engrais mixtes potassium/magnésium.
J’ai pris beaucoup de plaisir à l’interprétation des analyses de sol, en lien avec la diversité des sols de notre hexagone, avant que cet exercice ne soit capté par les logiciels. La reconnaissance visuelle des carences sur végétation  est également  un sport roboratif que, comme le vélo, on ne  l’oublie pas.

La Champagne viticole a bâti le modèle de solidarité interprofessionnelle le plus élaboré ; le prix du raisin est lié mathématiquement au prix du champagne et l’interprofession régule les surfaces de plantation, autre clé du système. Ce modèle a existé dans la Zone du Roquefort, mais il s’est  progressivement dégradé. On a vu récemment réapparaître cette idée dans la production du lait, prix payé au producteur/prix payé par le consommateur… mais « le plus difficile est de construire » a dit Paul Valéry…

A travers conférences, réunions de C.E.T.A, de G.V.A , conseils individuels aux agriculteurs, souvent des « leaders », appui aux Distributeurs,  j’ai eu des contacts multiples et variés dans un esprit « p.m.e » que j’aime.

La direction marketing et communication m’a éloigné du terrain mais a libéré ma plume,  dûment sobre et précise dans les analyses de marché, prévisions, argumentaires, plus libre dans l’animation  des journaux externes et interne. Avec les jeunes agriculteurs, j’ai entretenu une relation de proximité probablement facilitée par mes origines terriennes. J’étais parmi les invités  quand le blé a poussé sur les Champs Elysées  et entendu le philosophe Michel Serres livrer aux jeunes agriculteurs un message sibyllin : « Ne confiez pas vos intérêts aux gens de la ville. »

Quoique agro-nomade je n’ai jamais perdu le contact avec l’agriculture de mon pays. J'en ai suivi les progrès importants dans la production de lait de brebis (sélection, ensilage ou séchage en grange) et l’introduction de la race limousine dont mon frère a été un pionnier. 1000 brebis dans tel G.A.E.C, 200 bovins dans tel autre sont des chiffres qui m’impressionnent.

LE LIEN À LA TERRE JAMAIS ROMPU
POUR CEUX QUI EN SONT ISSUS

Jules Milhau est un homme qui a marqué Joseph Garenq. Cet homme qui a grandi à Causses-et-Veyran, tout en passant les vacances à Canac, a laissé un texte touchant, où un homme originaire de la terre exprime ce qu’il ressent profondément en s’adressant à une jeune Parisienne.
« J’aime la terre pour elle-même en tant que terre pour ce qu’elle nous a donné de pain et de joie, pour tout ce qu’elle nous a appris de sueurs, d’angoisses et d’efforts. J’éprouve quelquefois du bonheur en écrasant une motte de terre rouge entre les mains. Cela vous fait sourire. C’est pourtant la vérité : entre la terre et moi, vivent des choses mystérieuses qui n’existent pas pour les autres hommes. Je tiens à elle par tous ceux qui m’ont précédé. À force d’ouvrir les sillons toujours à la même place, de passer dans le même sentier, de réparer le même mur en pierres sèches, de curer le même fossé, à force de se pencher sur la même terre, de la remuer, de la pétrir, et cela de génération en génération, il se tisse entre nous des fils invisibles, mais plus solides que l’on ne pense.

- De telle sorte que vous comptez revenir dans votre pays ?
- Je ne dis pas cela. Paris est une ville merveilleuse que je ne voudrais plus quitter. Mais je crois pourtant que ma patrie est là-bas dans le cercle des montagnes bleues, près de la rivière où on bâtit des maisons neuves. Partout ailleurs je ne serai qu’un étranger voyageur… Peu importe d’ailleurs, il est des voyages magnifiques qu’on fait durer toute la vie. »

LES VIDÉOS DES JEUNES OÙ S'EXPRIME LEUR PASSION  

Voilà des vidéos d'Aurélien Théron et de Théo Vergely, 16 ans. Bravo Aurélien, bravo Théo !
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Robert Pistre

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