Les initiatives se multiplient en Lozère, au début de la précampagne sénatoriale, pour amener sur un plan politique l’opposition au classement de 27 000 hectares en prairies sensibles.

Une centaine de membres d’un collectif asyndical opposé au classement de 27 000 hectares en prairies sensibles en Lozère ont manifesté le 29 juillet 2023 sur le foirail du village de Nasbinals sur le plateau de l’Aubrac. Leur objectif était de porter ce sujet sur un plan politique. Et ça semble avoir fait mouche puisqu’ils organisaient leur manifestation au début de la précampagne des élections sénatoriales, qui se dérouleront le 24 septembre 2023.

La sénatrice actuelle du département, Guylène Pantel, est venue prendre des notes, et le député Pierre-Morel-à-l’Huissier montrer son soutien. Ainsi que le maire de Nasbilas, Bernard Bastide, qui est aussi président du parc naturel de l’Aubrac. Le collectif organisateur, Les Paysans sensibles, a ouvert une pétition en ligne et compte porter leurs revendications en préfecture dans les prochaines semaines.

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Extension de Natura 2000

Le problème vient de l’extension de zones Natura 2000 votée par les collectivités il y a des années, mais qui devient effectif en 2023. En tout, 27 000 hectares sont concernés, essentiellement sur le plateau de l’Aubrac et dans les gorges du Tarn et de la Jonte. La chambre d’agriculture annonce que 330 éleveurs sont concernés. Et ils ont été assez surpris du manque d’information puisqu’ils ont découvert ce classement dans leur déclaration Pac de cette année. Ce classement empêche le labour et le ressemis des prairies, ainsi que certains travaux agricoles.

Contestations

Même si l’administration a promis de ne faire qu’un rappel à la loi cette année en cas d’infraction, les éleveurs refusent cette mise sous cloche. Le 4 juillet 2023, le bureau de la chambre d’agriculture a pris une délibération pour demander le retrait des zonages Natura 2000 et donc le déclassement des prairies sensibles. Le 11 juillet, la FDSEA et les Jeunes agriculteurs tenaient une conférence de presse à Champerboux.

Précédemment, le 29 juin 2023, les deux syndicats avaient envoyé une lettre ouverte aux élus locaux leur demandant de s’opposer à ce classement au sein de leurs conseils municipaux. Ils dénoncent une « cartographie qui ne correspond pas à la réalité du terrain » : les rotations longues des prairies, qui permettent un juste milieu entre la préservation de la biodiversité et le maintien des exploitations agricoles, n’ont pas été prises en compte et toutes ces parcelles ont été considérées par l’administration comme prairies permanentes, les rendant désormais intouchables.

Déprises

Le collectif Paysans sensibles a estimé la perte globale à cinq millions d’euros. Mais c’est surtout la perte de valeur économique du foncier qui suscite l’inquiétude du collectif : « les jeunes se découragent avec ces contraintes environnementales qui sont en train de devenir virales. Est-ce qu’on veut vraiment que nos paysages lozériens ne soient que le reflet d’un territoire sacrifié ? », s’angoisse Laurent Prat, éleveur et maire du village de Grandvals, une des chevilles ouvrières du collectif.