« Courant juillet, la vidange s’est poursuivie sur l’ensemble des nappes et les niveaux ont été généralement en baisse (89 %). Les précipitations de fin juillet, survenues sur le tiers nord du territoire, ont eu un impact limité et uniquement sur les nappes très réactives », a signalé le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) lors de son dernier point presse ce vendredi 11 août 2023.
72 % sous les normes
L’état des nappes demeure ainsi globalement peu satisfaisant en juillet : 10 % des points d’observation sont au-dessus des normales mensuelles (13 % en juin), mais 72 % des niveaux restent modérément bas à très bas (68 % en juin) et 20 % sont très bas (19 % en juin). « La situation est globalement proche de celle de l’année dernière (73 % des niveaux sous les normales en juillet 2022) mais localement plus contrastée », complète le BRGM.
Concernant les nappes réactives, la situation est restée généralement stable entre juin et juillet. Elle se dégrade toutefois lentement sur les secteurs affichant un déficit pluviométrique et sur les nappes les plus sensibles à l’absence de recharge. Ainsi les précipitations cumulées sur le printemps permettent aux nappes réactives situées au nord (Boulonnais et Avesnois) et de la Bretagne au sud-ouest de rester à des niveaux proches à supérieurs aux normales mensuelles.
Du Massif Central au Grand-Est, les niveaux des nappes réactives sont modérément bas voire bas sur la plaine alluviale d’Alsace. « Les situations peuvent cependant être très hétérogènes localement, selon les cumuls pluviométriques locaux de ces dernières semaines. Les pluies de juillet, associées à des températures basses, ont permis de soutenir les niveaux, d’alléger la pression sur la ressource en eau et d’ainsi maintenir l’état des nappes », souligne le BRGM.
Sur le pourtour méditerranéen, les situations des nappes sont hétérogènes, selon les cumuls pluviométriques et l’intensité des pompages. Les pluies ont parfois été suffisantes en mai et juin pour générer des recharges et améliorer l’état des nappes courant juin. En revanche, les faibles précipitations de juillet se traduisent par une détérioration de la situation.
Les niveaux sont contrastés localement, mais restent globalement proches des normales sur la Corse et le Rhône inférieur et modérément bas sur la Provence et les régions de Montpellier et de Nîmes. Ils sont bas à très bas sur les nappes côtières de la Côte d’Azur, de l’Hérault et l’Orb, de l’Aude et du Roussillon. « Les risques d’intrusion d’eau marine sont accrus sur les zones littorales affichant des niveaux bas à très bas, de la Côte d’Azur au Roussillon », ajoute le BRGM.
Dégradation sur les nappes inertielles
Concernant les nappes inertielles, les pluies de ces dernières semaines n’ont eu aucun effet et les situations se dégradent progressivement. Ce constat est habituel, ces nappes étant peu sensibles aux événements météorologiques en période estivale.
La nappe de la craie du littoral de la Manche a bénéficié d’une recharge hivernale 2022-2023 très excédentaire et affiche des niveaux hauts. L’état des nappes inertielles de l’Artois et du Bassin parisien est peu favorable, avec des niveaux modérément bas à bas.
Les situations peuvent être sensibles localement, avec des niveaux très bas. Les niveaux des nappes du Sundgau (sud Alsace) et du couloir Rhône-Saône sont préoccupants, de modérément bas à très bas. De nombreux secteurs enregistrent des minima historiques.
Déficit pluviométrique
De nombreuses nappes présentent des situations peu favorables avec des niveaux très bas par rapport à tous les mois de juillet des années précédentes, du fait d’un déficit pluviométrique très marqué ces derniers mois ou ces dernières années :
- Les nappes inertielles plioquaternaires et miocènes du Sundgau, du Dijonnais, de la Bresse, de la Dombes, du Nord Isère et du Bas-Dauphiné affichent des niveaux bas à très bas, du fait de plusieurs recharges hivernales successives peu intenses et d’un comportement très inertiel ;
- Les nappes alluviales de l’Hérault et de l’Orb enregistrent des niveaux très bas, les pluies de juin n’ayant pas permis de compenser les déficits enregistrés depuis 2022 ;
- Les nappes de l’aquifère multicouche du Roussillon connaissent une situation inédite, avec des niveaux bas à très bas. Les précipitations et la limitation des prélèvements semblent avoir un effet bénéfique, mais souvent localisé et très insuffisant pour compenser les déficits accumulés depuis 2022.
Quelques situations favorables
Plusieurs nappes présentent malgré tout des situations favorables, avec des niveaux modérément hauts par rapport aux mois de juillet des années antérieures :
- Les niveaux de la nappe de la craie marneuse cénomanienne du littoral d’Artois-Picardie demeurent modérément hauts, suite à une recharge 2022-2023 très excédentaire ;
- Les nappes du socle du Massif armoricain, de l’est de la Bretagne à la Vendée, ont enregistré des épisodes de recharge durant le printemps et fin juillet et les niveaux sont modérément hauts ;
- Les niveaux des nappes alluviales de l’Adour et du Gave de Pau sont modérément hauts, grâce aux pluies excédentaires en mai et juin. Nappes présentant des situations peu favorables
Tendances
« En août et jusqu’à la fin de l’été, les niveaux des nappes devraient rester en baisse », estime le BRGM. La situation des nappes inertielles ne devrait que peu se modifier durant les prochaines semaines, sauf en cas de fortes demandes (prélèvements) sur les ressources en eau souterraine. Concernant les nappes réactives, les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement des pluies efficaces locales, de l’évapotranspiration des plantes et des demandes en eau.
Les épisodes de recharge devraient rester ponctuels et peu intenses. « La situation devra être particulièrement surveillée sur les nappes qui affichent actuellement des niveaux sous les normales mensuelles ainsi que sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements », conclut enfin le BRGM.
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