mercredi 2 avril 2014

Effets du changement climatique sur l’humanité,

02 Apr 2014 - Aujourd’hui, le GIEC, un Groupe d’éminents experts internationaux sur l’évolution du climat, a présenté son dernier rapport décrivant  les effets du changement  climatique sur l’humanité, ainsi que les solutions possibles. Comme le rapport est long, nous l’avons réduit aux cinq principales conclusions de l’Oxfam concernant le changement climatique et la faim.
     

1. Les effets du changement climatique sur les cultures sont plus graves qu’on ne le pensait

Le changement climatique a déjà entraîné des baisses des rendements mondiaux des cultures de base, et la situation va s’aggraver.
Il n’y a pas si longtemps, certains pensaient que le changement climatique pourrait améliorer la croissance des cultures. Ce n’est plus le cas. Le GIEC dit clairement que les effets du changement climatique sur la production alimentaire sont d’ores et déjà visibles. Des paysans comme Vladimir ou Tante Jacoba le savent bien. Mais ce qui est le plus frappant, c’est  cette constatation du GIEC: le changement climatique a entraîné des baisses significatives des rendements de cultures de base, comme le blé et le maïs, non seulement dans certaines zones des pays en développement, mais au niveau global, pour l’ensemble de la planète. Les récoltes continueront d’en subir les effets de plein fouet à l’avenir, aussi bien dans les pays en développement que dans les principaux pays exportateurs, alors même que la demande de produits agricoles est appelée à augmenter rapidement. Ce n’est pas fait pour améliorer la sécurité alimentaire future de notre planète.  

2. Le changement climatique se traduit aussi par des hausses des prix alimentaires pour de nombreux individus

La plupart des gens  ressentiront les effets du changement climatique à travers les prix des denrées sur le marché local ou au supermarché.
Dans les années qui ont suivi le dernier rapport du GIEC, il y a eu trois flambées des prix alimentaires mondiaux, toutes en partie liées à des phénomènes météorologiques extrêmes qui ont fortement réduit les récoltes. Selon une estimation prudente du GIEC, les prix alimentaires pourraient augmenter de 3 à 84% d’ici à 2050. L’Oxfam prévoit un quasi-doublement des prix des denrées d’ici à 2030, dû pour moitié au changement climatique, avec de nouvelles flambées liées à des phénomènes climatiques extrêmes pour couronner le tout. C’est un problème considérable pour toute personne qui dépense jusqu’à 50% de son revenu pour se nourrir, mais nous ressentirons tous de plus en plus les effets des hausses des prix de produits comme le café ou le chocolat de qualité.

3. Si nous ne faisons rien, le changement climatique repoussera peut-être de plusieurs décennies le combat contre la faim 

Pour l’instant, l’incidence de la faim dans le monde diminue, même si les progrès sont trop lents. Mais le GIEC cite des études qui prévoient un retour en arrière.
En 2050, à cause du changement climatique, 50 millions de personnes de plus, soit la population de l’Espagne, risquent d’être sous-alimentées et 25 millions d’enfants de moins de cinq ans en plus seront atteints de malnutrition, ce qui correspond au nombre d’enfants de moins de 5 ans que comptent les États-Unis et le Canada réunis! Les disponibilités caloriques par habitant seront plus faibles qu’en l’an 2000. Si nous voulons vraiment relever le Défi Faim Zéro 2025 de manière durable, nous devons faire beaucoup plus contre le changement climatique  – tant en termes d’adaptation que de réduction des émissions. 

4. Il n’est pas trop tard pour agir, mais nous devons faire un véritable effort d’adaptation

Nous devons surmonter les principaux « déficits » en matière d’adaptation pour faire face aux effets à court terme du climat sur l’alimentation.
Si nous voulons éradiquer la faim d’ici à 2025, nous devons augmenter considérablement nos efforts pour adapter nos systèmes alimentaires au changement climatique. Mais comme nous l’avons souligné dans un communiqué la semaine dernière, le monde n’est absolument pas préparé. Pour la première fois, le GIEC reconnaît un « déficit » entre les besoins de financement pour l’adaptation, estimés à 100 milliards de dollars par an, et les fonds qui arrivent actuellement (un déficit longtemps annoncé haut et fort par l’Oxfam). Les pays les plus responsables du changement climatique devraient contribuer à payer la facture des pays les plus pauvres. Or l’Oxfam estime que les pays ont reçu à peine 2 % du montant  dont ils ont besoin sur les fonds d’adaptation qui leur ont été versés dans les trois années qui ont suivi le sommet de Copenhague sur le climat. 

5. Nous devons réduire dès aujourd’hui les émissions de gaz à effet de serre

Si nous ne réduisons pas les émissions de gaz à effet de serre dès maintenant, nous aurons dépassé notre capacité d’adaptation dans la deuxième moitié du XXIème siècle. Le GIEC est clair: à elle seule l’adaptation ne suffira pas. 
D’ici à 2050, si nous poursuivons sur la même voie, les risques qui pèsent sur la sécurité alimentaire dans de nombreux pays dépasseront  notre capacité d’adaptation projetée. Cela signifie que nous ne pourrons pas faire grand-chose pour éviter de graves préjudices permanents et irréversibles à la production alimentaire ou aux moyens d’existence des populations. Selon le GIEC,  cela entraînera des risques importants pour la sécurité alimentaire, à l’échelon mondial et régional, et les pratiques agricoles actuelles pourraient ne plus être en mesure de faire vivre de grandes civilisations humaines.
L’Oxfam commence à se rendre compte des limites de l’adaptation, même dans nos activités actuelles. Au Zimbabwe, un programme d’irrigation jusque là efficace qui a aidé les agriculteurs  à prospérer en dépit de l’irrégularité croissante des pluies a dû être arrêté lorsque le niveau des réserves d’eau est devenu trop bas à cause d’une grave  sécheresse. Le GIEC décrit les limites biologiques des températures au-delà desquelles les cultures ne poussent plus. La conséquence est claire: si nous ne réduisons pas rapidement nos émissions dès maintenant, tout en  augmentant considérablement nos efforts d’adaptation, le changement climatique s’emballera et réduira à néant nos chances de remporter le combat contre la faim. Notre génération sera-t-elle celle qui ne fait rien pour empêcher cela ?  
Rédigé par: Tim Gore, Oxfam International, tim.gore@oxfaminternational.org 

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