Rapporteur de la loi sur la restauration de la nature, l’eurodéputé espagnol César Luena se grignotait les ongles juste avant l’annonce du vote en session plénière du Parlement européen le 12 juillet 2023 à Strasbourg. Puis il s’est levé et a serré les poings et a souri. La loi a été adoptée même avec une majorité courte.
Composante du pacte vert
« C’est une victoire sociale de la communauté scientifique, de la jeunesse, des entreprises… Ce n’est pas une loi contre qui que ce soit, en particulier les agriculteurs comme on voulut le faire croire la droite, l’extrême droite et les anti-Européens », analyse-t-il juste après le vote. Les Verts, la gauche, Renew et les Sociaux-démocrates ont repoussé un mouvement, largement mené par le groupe majoritaire PPE (droite conservatrice), contre ce texte. Il est une composante du pacte vert, principale direction de la présidence actuelle de la Commission européenne, pourtant présidée par une adhérente du PPE, Ursula Von der Leyen.
Cette législation vise à imposer aux États des objectifs contraignants de restauration des terres et espaces marins abîmés par la pollution ou l’exploitation intensive, pour préserver la biodiversité.
Opposition de la droite
Les conservateurs du PPE avaient dénoncé un texte nuisible à la production agricole et à l’activité économique. Ils avaient proposé une motion de rejet de l’intégralité du texte, qui a été écartée à une courte majorité. Le groupe conservateur estimait avoir défendu une ligne soutenue par de nombreux électeurs, notamment du monde agricole, hostiles à des régulations environnementales qu’ils jugent excessives.
En revanche, « nous sommes au rendez-vous de notre avenir », s’est réjoui sur Twitter l’eurodéputé Pascal Canfin (Renew), président de la commission de l'environnement. César Luena a réaffirmé que les arguments de la droite n’étaient pas réalistes : « La réduction des superficies agricoles, l’interdiction des pesticides… tout ça, ce sont des mensonges. Et même désormais nous ne permettrons pas que ces idées passent les trilogues. »
Trilogues
Car dorénavant, la loi entame la phase de négociations entre les trois colégislateurs européens, le Parlement, la Commission et le Conseil (les États). D’ores et déjà, dans les faits, le Parlement européen a cependant approuvé mercredi une version du texte « largement édulcorée » par rapport aux propositions initiales de la Commission européenne, selon les écologistes. « La présidence espagnole me semble prête à commencer rapidement les négociations. Nous espérons intégrer le PPE dans ce travail. J’ai bon espoir que la loi sera adoptée d’ici à la fin de l’année », déclare plein d’espoir César Luena.
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