Les loups poursuivent leur colonisation. Dans le Tarn, les attaques sur les troupeaux grimpent et les brebis d’Éric Sambet, pourtant installé depuis peu à Anglès, en ont fait les frais dès le mois d’octobre.

« J’ai perdu 10 brebis lors de deux attaques, explique-t-il. Cela représente presque 10 % de mon troupeau valorisé en direct. J’ai vécu cette situation des centaines de fois dans les Alpes-Maritimes où j’ai vécu pendant une dizaine d’années, mais la violence de ces attaques est il a dû euthanasier ses bêtes à moitié dévorées pour abréger leurs souffrances.

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Des adaptations, mais toujours de nombreuses pertes

Dans les Alpes-Maritimes où les loups tuent plus de 3 000 brebis par an, Éric a adapté sans cesse sa stratégie d’exploitation. Achats de patous, installation de parcs de nuit, abandon de la troupe allaitante, spécialisation dans la production fromagère pour la vente directe… ont été dictés par la présence des loups. Pour autant, il perdait au moins 20 brebis chaque année, et les problèmes induits (mauvaise reproduction du troupeau…) affectaient les résultats.

Pour autant, ce n’est pas la prédation qui pousse Éric à quitter le Sud-Est. « J’ai trouvé une exploitation dans le Tarn, explique-t-il. Je savais que les loups commençaient à être signalés dans le département. C’est la raison pour laquelle j’ai opté pour un troupeau mixte ovin et bovin viande. Si j’ai trop d’attaques sur mon troupeau de brebis, je ne conserverai que mes aubracs qui seront, moins vulnérables que les brebis. C’est dommage, car les agneaux ont beaucoup de succès en vente directe. »

Un patou, mais des conflits

Le temps de l’abandon de la troupe ovine n’a pas encore sonné. Un patou est arrivé récemment sur l’exploitation pour la protéger. « Ce chien va incontournablement créer des conflits avec le voisinage, s’inquiète Éric. En été, il aboie souvent la nuit, ce qui risque de gêner les riverains en vacances. Je vais toutefois installer des panneaux d’informations, avec un minimum de texte et des photos pour expliquer les raisons de sa présence et tenter d’apaiser les esprits. »

Une zone qui divise

La commune d’Anglès fait partie de la zone difficilement protégeable (ZDP). « J’ai donc la possibilité de recourir au tir de défense simple, sans nécessairement installer la panoplie des moyens de protection », explique-t-il. En revanche, mon collègue, Cédric Carme, à la tête d’une troupe ovine sur une commune proche (Saint-Amans-Soult), n’y a pas droit, alors que son troupeau subit des attaques comme le mien. Lui aussi a perdu une dizaine de brebis au cours des derniers mois. » Sa commune n’est pas en ZDP.

Avant que le préfet lui accorde un tir de défense simple, il doit mettre en place des moyens de protection. Des attaques récurrentes dans son secteur doivent être également constatées… Ce classement engendre beaucoup de frustrations dans le Tarn, mais aussi dans les Alpes-Maritimes où les difficultés de protéger les troupeaux, notamment en raison du relief sont réelles, même si les troupeaux ne sont pas conduits en lots.

Marie-France Malterre