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La colère gronde dans les campagnes françaises. Affrontements autour du barrage de Sivens, appels à ne plus consommer de viande, dénonciation des OGM et de la culture du maïs, critique de la « mauvaise » agriculture (dite « productiviste ») contre le « bon » bio… les paysans n’en peuvent plus de toutes les accusations qu’ils entendent à longueur de journée.
Pour beaucoup d’urbains, la poule picorant sur le tas de fumier symbolise toujours le bon vieux temps, l’éden perdu de nos campagnes. Ils oublient la pénibilité du travail agricole d’hier, le vieillissement prématuré des paysans, le départ des femmes, épuisées par le labeur incessant, toutes les maladies liées à l’alimentation, la dépendance et l’insécurité alimentaires. Précisément la situation de tous les pays pauvres aujourd’hui.
Les agriculteurs français vivent désormais plus longtemps que le reste de la population française. Après avoir souffert de la faim et avoir importé massivement de la nourriture, notre pays est devenu, grâce à eux, une grande puissance, qui nourrit non seulement ses concitoyens, mais aussi des pays structurellement importateurs, où l’accessibilité à la nourriture garantit la paix sociale.
Chaque fois qu’une exploitation agricole disparaît, le développement durable régresse. Nos paysages, qui séduisent le monde entier, n’ont rien de « naturel », ils sont le produit de siècles d’aménagements agraires soigneux, qui ont engendré la Camargue, le marais poitevin, les Landes, la Bresse… Un paysan qui met la clé sous la porte, c’est non seulement une grande perte de richesses...
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