20 février 2015, Paris - Le modèle de production agricole qui prédomine de nos jours n'est pas adapté aux nouveaux enjeux liés à la sécurité alimentaire du XXIème siècle, a déclaré le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva aujourd'hui.
Si le nombre de personnes souffrant de faim chronique a diminué de 100 millions au cours de la dernière décennie, 805 millions d'individus ne mangent toujours pas à leur faim, a-t-il fait remarquer dans son allocution aux ministres, scientifiques, agriculteurs et représentants de la société civile réunis à Paris pour un Forum international sur l'agriculture et le changement climatique.
L'accroissement de la production a toujours été considéré comme le moyen naturel de remédier au problème de la faim. Cependant, aujourd'hui, même si le monde produit suffisamment de nourriture pour subvenir aux besoins de tous, la faim n'est pas pour autant résolue, a-t-il souligné.
"Si la production vivrière n'est pas une condition suffisante pour atteindre la sécurité alimentaire, cela signifie que notre façon de produire n'est plus acceptable", a ajouté M. Graziano da Silva.
"Ce qui prédomine actuellement est un modèle de production qui n'est pas en mesure d'empêcher la dégradation des sols et la perte de biodiversité- deux biens essentiels, en particulier pour les générations futures. Ce modèle doit être révisé. Il faut opérer un revirement complet. Les systèmes ont besoin d'être plus durables, inclusifs et résilients", a-t-il précisé.
Le changement climatique, un danger réel
L'agriculture peut avoir un rôle très important à jouer, d'une part pour garantir la sécurité alimentaire, mais également pour renforcer la résilience face aux effets du changement climatique et réduire les émissions des gaz à effet de serre imputables aux activités de l'homme, selon le Directeur général de la FAO.
"Les impacts du changement climatique ne sont plus une menace anticipée. Ils sont désormais bel et bien une réalité que nous avons sous les yeux", a-t-il averti, en ajoutant: "le changement climatique ne pèsera pas seulement sur la production vivrière, mais aussi sur la disponibilité de nourriture et sur la stabilité de l'offre. Et dans une économie mondiale interdépendante, il rend le marché de produits agricoles moins prévisible et plus volatil".
Le Directeur général de la FAO a en outre souligné l'importante contribution que peuvent offrir des sols en bonne santé. "Les sols renferment au minimum un quart de la biodiversité de la planète et sont essentiels dans le cycle du carbone. Ils nous aident à atténuer les effets du changement climatique", a-t-il affirmé.
L'Assemblé générale des Nations Unies a proclamé 2015 «Année internationale des sols», et la FAO est l'organisme chef de file chargé de la coordination de ses activités.
Nouvelles approches
M. Graziano da Silva a évoqué une nouvelle approche prometteuse -connue sous le nom d'"agriculture intelligente face au climat" - qui consiste à adapter les pratiques agricoles en renforçant leur résilience face aux pressions environnementales, tout en réduisant l'empreinte des activités agricoles elles-mêmes sur l'environnement.
La FAO héberge l'Alliance mondiale sur l'agriculture intelligente face au climat, une vaste coalition de parties prenantes créée en septembre dernier par l'Assemblée générale des Nations Unies et réunissant: gouvernements; agriculteurs et producteurs alimentaires, transformateurs et négociants; organisations scientifiques et éducatives; acteurs de la société civile; organismes multilatéraux et internationaux, et le secteur privé.
L'Alliance s'attache à promouvoir des accroissements durables et équitables de la productivité et des revenus agricoles; à accroître la résilience des systèmes alimentaires et des moyens d'existence basés sur l'agriculture; et à contribuer à la réduction ou à l'élimination des gaz à effet de serre émis par le secteur agricole.
Le Directeur général de la FAO a par ailleurs appelé l'attention sur "l'agro-écologie", un moyen prometteur de mettre la production vivrière sur des rails plus durables. L'approche se fonde sur la théorie écologique pour augmenter à la fois la productivité et la capacité de conservation des ressources naturelles des systèmes agricoles.
Le forum qui s'est tenu aujourd'hui est le premier d'une série d'événements qui préluderont au sommet mondial sur le climat de décembre 2015.
Durant sa visite en France, M. Graziano da Silva a également rencontré le Président François Hollande et tenu des consultations bilatérales avec MM. Laurent Fabius, Ministre français des affaires étrangères et du développement international et Stéphane Le Foll, Ministre de l'agriculture, de l'agro-alimentaire et de la forêt.
Il participera demain à l'ouverture du Salon international de l'agriculture de Paris.
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