Pour le Centre de développement de l'agroécologie, les couverts végétaux sont indispensables pour permettre des sols vivants et fertiles. Quelques règles de bases sont à respecter pour garantir une bonne levée et un développement correct. (©Isara Lyon)
En plus de couvrir le sol pendant les intercultures, les couverts végétaux procurent de nombreux services. Ils structurent le sol, assurent une meilleure circulation de l’eau, contrôlent le salissement, nourrissent la vie du sol et fertilisent la culture suivante en restituant au sol des nutriments. Cependant, avec la sévérité des sécheresses estivales, parfois très problématiques, le développement de couverts estivaux peut être fortement limité...
Dans un contexte climatique difficile, retrouvez quelques règles à garder en tête pour l'implantation des couverts estivaux, selon la technique choisie.
Sous-semis de couvert dans la céréale en mars-avril
Pratique courante en bio, le sous-semis d’une prairie dans une céréale se réalise après un ou plusieurs passages de désherbage mécanique dans une céréale d’hiver peu agressive (blé ou orge). L’implantation d’un couvert de trèfle peut se faire de la même manière, et sera recherchée pour diminuer le nombre de chantiers en été et contribuer à ramener de l’azote dans le système pouvant participer à la fertilisation des cultures suivantes.
Pour une implantation réussie, le sol doit être ressuyé et le semis peut s’accompagner d’un roulage après un semis à la volée pour favoriser le contact sol-graine. Autre possibilité, l’utilisation d’un semoir à disque de semis-direct (selon l’état hydrique du sol). Pour ne pas abîmer la céréale, une règle s’impose : désherber et semer, mais jamais avant montaison !
Le trèfle va se développer lentement sous le blé. À la récolte, la biomasse végétale va exploser avec le retour de la luminosité et couvrir rapidement le sol limitant le développement des adventices ou des repousses. Le couvert de légumineuse fixera de l’azote et participera à la dégradation des pailles, mais son effet engrais vert bénéficiera comme tous les couverts estivaux à la culture suivante. Ainsi, pour ne pas défavoriser le blé, on optera pour des espèces peu concurrentielles et vigoureuses en été. Le plan de fertilisation est bien sûr à adapter en présence de couverts. En conventionnel notamment, une surfertilisation azotée empêchera le développement du trèfle dans la céréale.
Semis à la volée avant ou pendant la récolte
Que l’on sème un couvert avant la moisson à la volée ou pendant la récolte sous la barre de coupe, les prérequis sont les mêmes. Les avantages de ces techniques sont de ne pas concurrencer la céréale, de profiter de l’humidité résiduelle du sol (conservée sous le mulch) et de gagner du temps dans les chantiers d’été. L’anticipation des pluies d’été post semis est tout de même importante et le choix de semences adaptées est primordiale.
> Vu sur Youtube - En Bretagne, on sème les couverts dès la récolte, avec la moissonneuse-batteuse
La texture du sol doit être grumeleuse. Si ce n’est pas le cas, la levée risque d’être irrégulière et le couvert ne jouera pas tous ses rôles. C’est notamment le cas en présence d’une croûte de battance, le semis à la volée a alors de fortes chances d’être un échec. On surdosera les semis pour assurer des levées suffisantes.
Semis après récolte dans les chaumes
La réussite de cette méthode d’implantation repose avant tout sur l’organisation des chantiers en été et sur la place des couverts dans le système de culture de l’exploitation. Quand l’implantation des couverts n’est pas une priorité on aura tendance à trop attendre après la récolte pour les semer, perdant ainsi une humidité précieuse et risquant de faire lever des repousses.
Il ne faut donc pas attendre plus de 48h après la moisson pour semer son couvert. Les semoirs à dents offrent souvent une meilleure qualité d’implantation post récolte avec, en moyenne, un meilleur développement du couvert. Ils rentrent plus facilement dans le sol sec estival sans trop perturber la surface et l’assécher.
Semis en fin d’été
Comme toute implantation, le semis de fin d’été doit être fait dans de bonnes conditions. Le sol doit avant tout être réhumidifié, ce qui nous apporte plus de flexibilité dans le choix du matériel de semis. Néanmoins, la présence de pluie qui garantit une humidité du sol post semis, est déterminante. La reprise en masse du sol, la présence (et le type) de résidus et le salissement sont trois paramètres à bien observer pour déterminer la méthode d’implantation. Trois techniques sont possibles : déchaumage avec semoir centrifuge, semis à la volée suivi d’un déchaumage pour enfouir les semences ou semis direct sur sol non travaillé. Si l’économie de temps et de fuel est toujours à rechercher, elle ne doit pas se faire au détriment de la qualité de semis. L’implantation du couvert doit se faire avec la même application que le semis d’une culture.
Choix du couvert
Quelle que soit la technique d'implantation choisie, le choix du mélange et de sa composition est à réfléchir selon la culture suivante et le type de sol. On recommande au moins 50 % de légumineuses dans la composition du couvert notamment au démarrage de la transition. Couplées à des espèces à forte production de biomasse, cela permet de ramener à la fois le carbone et l’azote pour démarrer le système sol.
> Choix des couverts : un outil Arvalis pour vous accompagner dans cette décision
Il vaut mieux aussi éviter de trop implanter des crucifères : elles peuvent poser des problèmes agronomiques (pas de mycorhization, effet biofumigation, floraison souvent précoce à adapter au reste du couvert). Si elles amènent une certaine sécurité en termes de levée et de développement, il vaut mieux ne pas dépasser 2 à 4 kg/ha maxi en densité de semis.
Fertilisation et travail du sol
Les conditions hydriques du sol sont également à prendre en compte, sans oublier la disponibilité du sol en azote au démarrage. On estimera le besoin de fertilisation de son couvert avec son bilan de fertilisation, en fonction du rendement de la céréale, de l’activité biologique et des apports prévus. Concernant l’implantation, selon son sol, les conditions météo et ses besoins, on optera pour un semis avec travail du sol ou non. Tout en gardant à l’esprit que tout travail du sol cassera les remontés d’eau capillaires et assèchera le sol.
Parmi la multitude d’outils à disposition des agriculteurs, les couverts végétaux sont indispensables pour permettre des sols vivants et fertiles. Quelques règles de bases sont à respecter pour garantir une bonne levée et un développement correct. Le choix des espèces, de la gestion de la fertilisation ou des techniques d’implantation doit se faire en fonction de l’état de votre sol, de la place dans la rotation et du climat local.
- Chambre d’agriculture d’Isère. 2017. Le guide des couverts végétaux en interculture.
- GIEE Magellan. 2019. Guide Magellan – Semis direct. Du couvert annuel … au couvert permanent.
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