vendredi 15 mai 2020

IMPACT DU COVID-19 La crise touche davantage le moral que la trésorerie des agriculteurs

•  • Terre-net Média 
Les agriculteurs font partie des professionnels à avoir contiué le travail tout au long du confinement pour nourrir les Français, généralement avec fierté. Néanmoins, si l’activité agricole est à la hausse, elle n’a pas été exempte de contraintes nouvelles liées au coronavirus, contribuant à rendre cette période difficile pour les agriculteurs français qui, pour 45 %, se sont sentis particulièrement isolés.

Contrairement à d’autres secteurs, l’activité n’a pas été arrêtée par la crise sanitaire dans le domaine agricole. Ainsi, une étude réalisée en ligne par Ipsos du 10 au 27 avril 2020 avec AgriAvis, auprès d’agriculteurs de grandes et moyennes exploitations, la charge de travail est globalement restée la même pendant le confinement. Pour 13 % des répondants, l’activité a augmenté, quand seulement 5 % ont connu une baisse.
Cependant, plus d’un agriculteur sur trois a rencontré des problèmes de débouchés, et la situation est d’autant plus préoccupante qu’elle a concerné plus particulièrement les éleveurs (45 %) et les petites exploitations (43 %), plus vulnérables. À noter que 30 % des agriculteurs ont rencontré des problèmes d’approvisionnement, et 6 % ont manqué de main d’œuvre.
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Ces contraintes nouvelles imposées par le Covid-19 ont engendré des difficultés financières pour 19 % des agriculteurs, notamment ceux qui écoulaient une partie importante de leur production sur les marchés et ceux qui avaient développé une activité de ferme pédagogique. 11 % se sont adaptés à la situation en développant les circuits courts.
Pour autant, moins d'un agriculteur sur dix a sollicité une des aides mises en place par le gouvernement pour soutenir les différents secteurs économiques touchés par le ralentissement forcé de l'activité, d'après un sondage réalisé sur Terre-net du 5 au 12 mai (NB : les résultats de ce sondage sont indicatifs, l'échantillon n'ayant pas été redressé).

Un isolement renforcé par la crise

Cependant, c’est l’isolement qui représente la plus grande difficulté pour 45 % des agriculteurs interrogés. 46 % des répondants ont déploré être moins en contact avec leurs conseillers, leurs commerciaux, en raison du travail à distance généralisé pendant la période de confinement. La situation peut être d’autant plus difficile à vivre qu’un certain nombre de facteurs concourent déjà à isoler les agriculteurs, profession qui déplore un suicide par jour. Le besoin d’accompagnement se fait notamment sentir face à un manque de visibilité et de clarté sur les directives gouvernementales, déploré par 42 % des agriculteurs, ou sur les besoins des filières, pour 34 % des répondants.  
Cette demande d’accompagnement doit se traduire, dans les faits, par des prix de vente garantis, estiment 79 % des sondés. 72 % sont favorables à un assouplissement des contraintes règlementaires, et 63 % attendent une régulation des volumes produits. Par ailleurs, 62 % des répondants souhaitent un dédommagement financier pour indemniser les pertes de production. Enfin, 59 % des agriculteurs demandent la mise en place d’un accompagnement économique par filière.
Le contexte économique et l’isolement ont logiquement un impact sur le moral des agriculteurs et sur leur vision de l’avenir. Si 17 % se déclarent optimistes, peut-être en raison des opportunités que la crise a pu générer (37 % des sondés estiment qu’elle a permis de revaloriser leurs métiers aux yeux des Français), 40 % des répondants se déclarent pessimistes.

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