samedi 16 février 2019

LES RÉALITÉS CONTRASTÉES DE LA CONSOMMATION DE VIANDES par Pascale HEBEL

Après la phase de transition nutritionnelle du début du 20ème siècle où le régime céréalier a été remplacé par un régime intégrant plus de viande, la consommation de viande rouge a diminué à partir du début des années 802, les jeunes générations consomment moins de viande au même âge que les générations précédentes. Entre 2007 et 2016, la baisse de consommation de produits carnés

est de 12%,elle est passée de 153 g à 135 g par jour quand on intègre les consommations à ethors domicile et tous les produits carnés consommés sous forme d’ingrédients comme les hachés dans les hamburgers, hachis parmentiers ou pâtes bolognaises. L’évolution de prix de la viande rouge relativement plus forte que celle de l’alimentation a souvent été un argument avancé pour l’expliquer. Néanmoins, les diminutions les plus importantes sont davantage le fait des catégories socioprofessionnelles supérieures (cadres et professions libérales) dont la consommation moyenne a chuté de 19% en 9 ans et est continue depuis le début des années 2000. Ces catégoriesprécurseurs dans l’adoption de nouveaux modes de consommation sont suivies par les ouvriers depuis quelques années.
La baisse structurelle de la consommation de viande rouge est avant tout liée à la mise en avantd’arguments nutritionnels datant du début des années 80 sur la trop forte consommation de matières grasses en France. Les changements de valeurs profonds portés par les jeunes générations quesoient celles de la prévention santé (et donc d’une recherche d’une alimentation de plus en plusfonctionnelle) ou éthiques (écologie et bien-être animal) se sont accentués depuis une dizained’année. Les nouvelles générations consomment de moins en moins de produits carnés. Destransferts ont eu lieu vers les viandes blanches qui ont longtemps continué d’augmenter. Les peurs alimentaires ont de tout temps porté sur la viande rouge (Fischler, 1990). Elles ont notamment ressurgi avec la crise de la fraude à la viande de cheval de 2013 et se focalisent selon les dernierstravaux de l’OCHA sur le bien-être animal et les conditions d’élevageDe nouvelles formes de consommation se développent : du véganisme au flexitarisme en passant par le végétarisme. Ces régimes alimentaires adoptés par les jeunes générations urbaines prennent de l’ampleur etconduisent à une baisse de consommation de protéines animales et à une hausse des protéines végétales. La consommation de viande continuera de diminuer structurellement dans les pays développés.

Directrice de pôle au CREDOC et membre de l’Académie d’Agriculture de France

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