Qu’il s’agisse de labels de qualité, d’indications géographiques protégées ou de circuits courts, des initiatives contribuent à la juste rémunération des éleveurs et à la satisfaction des consommateurs.
L e 8 juillet, la chambre d’agriculture du Cantal a organisé une matinée consacrée à la présentation des différentes démarches disponibles pour les éleveurs bovins viande souhaitant valoriser une partie de leur production en animaux finis. Animée par Guillaume Loustau, ingénieur spécialisé en bovins viande, la réunion s’adressait aux conseillers agricoles des organisations professionnelles agricoles, aux représentants des banques, des cabinets comptables, aux marchands d’aliment... Cette rencontre a permis de mettre en lumière les initiatives existantes et Joël Piganiol, élu à la Chambre d’agriculture, a souligné l’importance de promouvoir collectivement les démarches différenciées sur tout le territoire. De quoi générer ainsi la valeur ajoutée dans les élevages.
Salers, aubrac, croisés
Jean-Marie Fabre, président de l’Organisme de défense et de gestion (ODG) du label rouge salers, a ouvert la réunion en rappelant l’historique et les objectifs de cette initiative lancée en 2004. Cette démarche raciale a une portée nationale. Elle a su s’adapter aux défis du marché, notamment en nouant un partenariat stratégique avec le groupe Bigard à Castres, déjà engagé avec la race aubrac. Ce partenariat a permis d’élargir le réseau de distribution, avec actuellement 600 élevages engagés, 5 abattoirs et 37 points de vente actifs. Pour garantir une rémunération juste pour les éleveurs et fournir une viande de qualité et tracée,
les conditions d’élevage sont strictes : les animaux doivent être nourris principalement à l’herbe, avec un pâturage minimum de six mois... Aujourd’hui, environ 1 400 animaux sont commercialisés chaque année, bien que la demande dépasse la production, notamment pour les femelles finies. Une expérimentation est en cours avec une production de bœufs castrés pour valoriser la voie mâle. Le prix pivot pour la carcasse est actuellement de 5,90 €/kg, avec une augmentation récente de 10 centimes.
Pour Fleur d’aubrac, il s’agit d’une indication géographique protégée. En l’absence de représentant officiel, Guillaume Loustau a brièvement exposé la démarche qui valorise des femelles croisées charolais, élevées entre 24 et 42 mois et finies pendant au moins quatre mois. Les animaux, nourris sans maïs au-delà de 18 mois, doivent être nés, élevés et abattus dans la zone définie par l’IGP. En 2023, ce sont 246 éleveurs qui étaient engagés, avec une production de 1 378 animaux, générant un prix moyen de 6,23 € par kilo carcasse. Soit une moyenne de 2 741 € par animal.
Dans la même race, la filière Bœuf fermier aubrac (BFA) est née en réponse à la crise de la vache folle de 1996, pour regagner la confiance des consommateurs et stabiliser les prix, a rappelé Claire Védrine, animatrice de l’ODG. Les débuts ont bénéficié du soutien d’Auchan qui reste majoritaire dans le réseau de distribution de GMS. Le cahier des charges impose que les animaux soient de pure race, nés,
élevés et engraissés sur l’exploitation. L’an dernier, 1 745 animaux ont été labellisés sur 2 333 labellisables, “mais tous ont été payés avec la plus-value”, a insisté Claire Vedrine en donnant un prix moyen de 5,89 €/kg carcasse. Le poids moyen dépasse les 413 kg, permettant près de 2 450 € par animal.
Animaux jeunes
Au sein des Éleveurs du pays vert du groupe Altitude, plusieurs démarches cohabitent. Elles étaient détaillées par Benoît Pers, responsable des bovins de boucherie de la zone Auvergne qui traite 25 500 bovins chaque année. La coopérative se concentre sur des produits spécifiques comme le JB salers (jeune bovin). En 2023, 750 animaux ont été contractualisés, avec l’objectif de doubler d’ici 2026. De quoi alimenter un nouvel atelier de découpe qui doit générer 20 emplois. Benoît Pers a évoqué les défis que représentent la disponibilité des bâtiments, les ressources fourragères et la trésorerie, nécessitant un accompagnement en fonds propres destiné aux éleveurs.
En plus des JB salers, Altitude valorise également les génisses croisées primeurs, en partenariat avec Casino. Depuis 2012, ces animaux étaient destinés à produire des carcasses de 300 à 350 kg, commercialisées en barquette libre-service. Face à l’inflation des prix des broutards, Altitude propose d’allonger la durée d’engraissement pour atteindre des carcasses de 370 kg sur des animaux un peu plus âgés et destinés, cette fois, au rayon traditionnel. Des solutions existent aussi pour les veaux laitiers sevrés, en partenariat avec Bigard : 200 animaux ont été ainsi contractualisés en 2023.
Anne-Laure Vabre, chargée du développement des filières bovines du groupe Bigard, a rappelé que bien que l’opérateur ne possède pas d’abattoir dans le département, il travaille étroitement avec les labels présentés. En outre, depuis peu, Bigard collabore avec les éleveurs du Cantal pour promouvoir la production “Perle du Massif”, visant à valoriser des animaux nés sur le territoire mais jusqu’à présent non engraissés, sans interdire l’ensilage de maïs : aubrac ou salers croisées charolais ou aubrac pure (voir notre édition du samedi 8 juin). La production cible des génisses de 26 à 42 mois, avec un poids minimum de 380 kg, et vise à atteindre 1 000 animaux par an. Actuellement, 50 éleveurs participent à cette filière qui n’impose ni exclusivité, ni “ticket d’entrée” aux éleveurs.
Une complémentarité
En conclusion à ces interventions, Joël Piganiol a souligné les défis auxquels fait face l’élevage dans la région, notamment la diminution du cheptel bovin due aux tendances climatiques défavorables, aux aléas sanitaires et au vieillissement des actifs agricoles. Dans ce contexte, il a mis en avant la nécessité de, certes, actionner des leviers de développement à la recherche d’une valorisation diversifiée et durable, en insistant toutefois sur l’importance de l’exportation de maigre, qui reste le socle. Il a encouragé les participants à se positionner en tant que prescripteurs, capables d’influencer positivement les pratiques quotidiennes des éleveurs dans le cadre d’une loi Egalim “qui donne du sens”. Joël Piganiol a également profité de la représentation des organismes bancaires pour souligner l’importance croissante du financement et l’impact significatif des taux d’intérêt. Une corrélation avec ces différentes démarches devrait être abordée lors du prochain Sommet de l’élevage. Quant à la prochaine réunion thématique programmée par la Chambre d’agriculture, elle est prévue le 11 septembre et portera sur l’aspect économique et de valorisation des données carbone.
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