L’agroécologie à l’Académie d’agriculture de France
Un groupe de travail « Agroécologie » s’est constitué au sein de l’Académie en 2017. Il s’agissait de s’interroger sur des voies permettant d’innover et de développer des systèmes de production durables du point de vue économique, social et environnemental et de repenser ainsi l’ensemble des systèmes de production.
Répondre à trois grands défis pour l’agriculture
L’objectif était d’améliorer la santé des consommateurs et de répondre à trois grands défis pour l’agriculture :
- se situer face au changement climatique en cours et aux incertitudes qui le caractérisent ;
- résorber l’insécurité alimentaire mondiale dans un contexte de population humaine en croissance. On relève de plus en plus la coexistence dans un même pays de la sous-alimentation des uns et de la malnutrition des autres (carences, excès caloriques), des pertes aux champs et au stockage, des gaspillages alimentaires. Faut-il produire plus ou produire mieux ?
- maîtriser et réduire les impacts sur la biodiversité, nécessaire à l’agriculture et à l’élevage, dont le déclin contraint les choix agronomiques et qui se trouve au fondement des processus vivants dont dépendent d’autres activités ainsi que le bien-être des humains.
L’agroécologie, une dynamique de transition
Pour le groupe de travail, l'agroécologie fournit un cadre général, une vision du futur de l’agriculture, un ensemble de principes alternatif aux modèles de production dominants aujourd'hui. Ce n'est pas une option de plus à caractériser et labelliser, mais une dynamique pour une transition vers de nouvelles formes d'exercice des activités agricoles, de rapport aux ressources naturelles et aux territoires, au monde vivant et, partant, de nouvelles relations entre les agriculteurs et le reste de la société.
Les débats et échanges au cours d’une séance publique dédiée à ce thème le 30 janvier 2019 ont confirmé que le mouvement international vers l’agroécologie est largement amorcé. Il concerne aussi la France et demande des politiques publiques déterminées, y compris en termes de formation (initiale, continue, professionnelle). L’enjeu est de ne plus se limiter aux seuls objectifs de production, mais considérer des relations diverses, dans des espaces aux attentes diverses.
Des opportunités pour l’agriculture
L’agroécologie représente l’opportunité de rehausser l’importance socio-économique de l’agriculture, créer des emplois, dynamiser les territoires ruraux, recréer du lien entre espaces ruraux et milieux urbains. Les préconisations sont concrètes : réforme du marché foncier, développement de l’agriculture périurbaine, paiements pour services environnementaux, développement de labels de production locale (afin de développer une économie de gamme), aides à la diversification des filières, redéploiement des moyens de la recherche vers des approches plus agronomiques… Elles peuvent être rapidement mises en place.
Ces réflexions initiées à l’Académie d’agriculture sont présentées dans un ouvrage collectif qui vient d’être édité et qui s’inscrit dans la perspective d’une conception française de l’agroécologie dans la dynamique globale de la transformation des agricultures du monde.
Bernard Hubert, membre de l’Académie d’agriculture de France
Pour en savoir plus :
Lire le rapport final du groupe de travail "Agroécologie"
Lire l'article "Déploiement de l'agroécologie : piste de réflexion" de B. Hubert et D. Couvet - Revue AAF N°17 - pages 57 à 64

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