Le poids de l’agriculture ne se mesure pas seulement en nombre d’électeurs, mais aussi en richesse économique. Dans la future région regroupant Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, l’agriculture et l’agroalimentaire occupent la première place avec 164 000 emplois et 13,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le tourisme n’arrive qu’en second avec 11,5 milliards d’euros, suivi par l’aéronautique avec 7,5 milliards d’euros. Pour le faire savoir, les responsables agricoles régionaux des FDSEA, de Jeunes Agriculteurs et des chambres d’agriculture ont décidé d’interpeller les candidats aux élections régionales.
Après avoir élaboré un programme en dix points balayant tous les enjeux pour l’avenir, de l’eau aux signes de qualité en passant par l’installation, ils l’ont présenté à chaque candidat. Puis le 23 novembre, ils les ont invités à venir expliquer leur vision de l’agriculture devant 300 responsables réunis à Montpellier, dans l’Hérault. Cinq candidats, Dominique Reynié, Gérard Onesta, Carole Delga, Philippe Saurel et Louis Aliot ont répondu présent. En 20 minutes, chacun a tenté de convaincre de sa connaissance des problèmes agricoles et de sa détermination à agir, avec plus ou moins de succès.

Les cultures irriguées représentent une bonne part de la richesse régionale

Tous ont bien compris que l’irrigation était un enjeu essentiel, qui rapproche Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Les propos de Dominique Reynié, à la tête d’une liste UDI-Modem-LR, affirmant qu’il ne s’encombrerait pas d’écologistes refusant d’admettre qu’une plante a besoin d’eau pour pousser, ont été applaudis. Il s’est engagé à lancer un programme de construction de retenues d’eau, de même que Carole Delga, à la tête d’une liste PS. Gérard Onesta, d’Europe Ecologie Les Verts, a reconnu que l’agriculture avait besoin d’eau. Mais il veut maîtriser la hausse des besoins et pour y parvenir, il propose de réduire les surfaces de maïs, jugé inadapté à la région.
Les cultures irriguées représentent pourtant une bonne part de la richesse régionale. « Au sein de notre coopérative, nous dégageons 250 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à l’eau », note Benoit Dal, administrateur d’Arterris et producteur de maïs semence. « En 2003 et 2006, sur les parcelles où j’ai dû réduire les apports, j’ai perdu la moitié du rendement », se souvient-il. Son collègue Régis Hérail a besoin d’eau pour assurer la qualité de sa production d’ail, qui soutient l’exploitation grâce à sa valeur ajoutée. Les éleveurs, de leur côté, en ont besoin pour sécuriser leur autonomie fourragère, et les vignerons pour réguler leurs rendements.
« Les futures régions auront plus de compétences et pourront proposer des lois à l’Assemblée nationale. C’est une chance à saisir », a lancé Denis Carretier, président de la chambre d’agriculture du Languedoc-Roussillon. Pour tous ces responsables régionaux, le travail ne fait que commencer. « Nous allons porter ce programme auprès de la liste qui sera élue », a affirmé Christian Mazas, président de la FRSEA Midi-Pyrénées. « Nous avons bien noté les engagements de chacun, et nous saurons les leur rappeler », a ajouté Serge Vialette, président de la FRSEA Languedoc-Roussillon.
Frédérique Ehrhard