La demande croissante de produits alimentaires d’ici 2050 est une chance stratégique pour notre agriculture qui possède encore des marges de productivité si on lui en donne les moyens. La mondialisation des échanges agricoles est aussi un atout géopolitique pour la France comme l’ont très bien démontré deux économistes dans le livre paru récemment Agriculture et mondialisation, un atout géopolitique pour la France. Le ministre de l’Agriculture semble avoir tout compris puisqu’il ambitionne avec la loi d’avenir agricole de « faire de la France une puissance agricole et agroalimentaire ».
Pour répondre à ce besoin de sécurité alimentaire, d’une alimentation de qualité et d’un environnement préservé, notre agriculture aura besoin non seulement de « s’appuyer sur la diversité de ses agricultures pour réussir sa mutation » comme le dit le ministre mais aussi de compter sur la diversité de ses outils de la recherche, sans exclusion. Les outils de la biologie moléculaire et du génie génétique ne peuvent donc pas être écartés a priori comme le pensent nos gouvernants. Ils doivent coexister avec les outils de la recherche plus traditionnels.
On constate néanmoins avec inquiétude que la recherche et les biotechnologies végétales sont totalement absentes de la loi d’avenir. Comment envisager sereinement le futur d’une activité productive sans investir dans la recherche et l’innovation ? Refuser pour des raisons sociétales, et non scientifiques, les outils modernes de la recherche pour développer notre agriculture serait condamner notre pays à redevenir un petit pays agricole sans puissance. C’est ce qui ressort notamment du 3e colloque organisé conjointement par l’AFBV et la SAF le 1er octobre dernier. En effet, de très nombreux pays agricoles « développés » comme des pays dits « émergents », ont fait à l’inverse de notre pays, le choix de mettre en œuvre des programmes de recherche et développement extrêmement ambitieux dans le domaine des biotechnologies végétales. Cette situation déséquilibrée va créer de graves préjudices pour nos agriculteurs confrontés à une concurrence mondiale.
Cela risque également de porter atteinte au droit de chacun à l’alimentation et de participer aux déséquilibres des grands équilibres alimentaires mondiaux, équilibres sources de paix et de mieux vivre. On ne peut pas à la fois promouvoir pour la France la diversité de nos modèles agricoles et handicaper la composante la plus productive de cette diversité.
Gil KRESSMANN, Administrateur de la SAF-agriculteurs de France
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