mardi 30 août 2011

RAGT- le BA BA de la selection varietale

Entre OGM et œuvre de la nature, la création des plantes destinées à notre consommation passe par un travail de sélection des chercheurs, au cœur de l'activité du groupe industriel RAGT.
Bien avant d'arriver dans nos assiettes, tamponnées - avec ou sans - les fameux « bio » et « origine 100 % naturelle », les plantes fourragères - céréales et autres types d'herbes - ont toutes résulté d'un choix. Et depuis longtemps, ce n'est plus celui de la petite abeille butineuse. Mais celui du sélectionneur.
Cette sélection variétale, car c'est le nom donné à cette activité, est au cœur des actions du groupe RAGT, spécialisé en semences et en agriculture, qui la pratique quotidiennement au sein de son centre de recherche de Druelle.
« L'homme a toujours voulu avoir plus de rendement, explique Michel Romestant, responsable du service biotechnologie. La sélection variétale est donc pratiquée depuis 10 000 ans. » Elle consiste au croisement des plantes, autrement dit à la dissémination du pollen d'un végétal mâle vers une femelle, dans l'objectif d'obtenir des semences plus fortes, plus résistances, plus productrices… Plus parfaites en somme, pour répondre aux besoins alimentaires des populations. Rien à voir donc avec les OGM (organismes génétiquement modifiés).
« Il faut plus de 10 ans pour créer une variété, poursuit Michel Romestant. Polliniser, faire pousser les plantes en les exposant aux conditions climatiques pour analyser leurs réactions, tout en récupérant leurs semences, sélectionner certains plants, en faire la reproduction et ce jusqu'à créer une lignée » qui répond aux critères désirés.
Et d'ajouter que dans ce travail de fourmi « on jette 99 % du matériel de croisement », alors que la demande du marché est toujours plus exigeante avec le produit.
C'est pourquoi la biotechnologie prend une part croissante dans l'agriculture moderne explorant des voies comme le génome des plantes ou les OGM (lire le sous-papier)…

Dicter ce que sera la plante

Le principal inconvénient du croisement naturel des végétaux réside dans l'incertitude de son résultat. Même en choisissant deux plants ayant de très bonnes caractéristiques, rien ne certifie au chercheur que la semence répondra à ses attentes.
C'est pour réduire cette part de doute que la biotechnologie travaille sur les gènes des végétaux. Le maïs, par exemple, est constitué de plus de 50 000 gènes. Certains influent sur sa résistance à des bactéries, d'autres à son besoin en eau, d'autres encore à sa vitesse de croissance…
Dans le cas des OGM, sur lesquels RAGT conduit des essais aux USA, « la plante est obtenue par génie génétique, détaille Michel Romestant, c'est-à-dire qu'on extrait un gène d'une plante pour l'implanter dans une autre ». Cette technique « abolit les barrières de l'espèce », puisqu'on peut, par exemple, implanter un gène de sorgho dans le maïs. Or, les chercheurs ne savent pas exactement où le gène va s'intégrer ce qui peut avoir des effets néfastes. Ajouté à la mauvaise presse des OGM en France, il n'en fallait pas plus pour que RAGT préfère se tourner vers la sélection assistée par marqueur génomique. En langage clair, Michel Romestant et son équipe, analysent l'ADN des végétaux dans leurs labos pour identifier certains gènes jugés importants. Dans l'exemple du maïs, quelques centaines ont ainsi été repérés. « C'est un outil pour le sélectionneur, précise le chercheur, on veut augmenter la probabilité de produire le meilleur matériel possible » en croisant des plants dont les gènes répondent aux critères voulus.
Là aussi le travail est de longue haleine. Afin d'obtenir une meilleure stabilité de rendement du maïs, le laboratoire de Druelle travaille sur la combinaison d'une vingtaine de gènes.

repères

Le chiffre : 200

variétés > Par an. Sont inscrites par RAGT au sein de 24 espèces dont le maïs, tournesol, blé, orge, soja…

L'inscription de la nouvelle variété

Une fois que le végétal possède les caractéristiques désirées, il doit encore passer les épreuves du Catalogue national des espèces et variétés qui n'admet l'inscription d'une nouvelle variété qu'à diverses conditions de stabilité, d'homogénéité et de performance, supérieures à ce qui existe déjà sur le marché et qui varient selon le végétal. L'espèce fourragère doit ainsi être digeste pour le bétail, le gazon ne pas pousser trop vite ou s'arroser trop, le tournesol, être encore plus résistant à telles ou telles maladies, etc.

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